Le bio espagnol est-il vraiment un ‘faux bio’ ?

Si, en matière d’agriculture, les règles ne sont pas les mêmes des deux côtés des Pyrénées, les règles des produits bio, elles, sont en fait européennes.

Rédigé par Paul Malo, le 1 Mar 2024, à 9 h 41 min
Le bio espagnol est-il vraiment un  ‘faux bio’ ?
Précédent
Suivant

Les récents propos de Ségolène Royal qualifiant de « faux bio » la production espagnole ont suscité une vraie polémique.

Des tomates bio espagnoles immangeables ?

C’est une question que l’on peut légitimement se poser, alors qu’il n’est pas rare en France d’entendre critiquer la qualité de la production agricole espagnole exportée vers l’Hexagone. Les produits bio espagnols sont-ils de la même qualité et respectent-ils les mêmes règles que ceux produits en France ? Récemment, sur BFM TV, l’ancienne ministre de l’Environnement qu’est Ségolène Royal est allée jusqu’à traiter cette production de « faux bio », estimant les tomates espagnoles « immangeables »(1).

Selon elle, « les fruits et légumes espagnols ne respectent pas les normes françaises ». De quoi faire réagir de l’autre côté des Pyrénées, mais aussi à Paris ? Ainsi, l’actuel ministre de l’Agriculture, Marc Fesneau, a dû préciser que le règlement sur le bio est européen et que « les tomates espagnoles respectent les mêmes standards que les tomates françaises (2)».  Pour autant, il y a bien bio et bio, les deux systèmes agricoles n’étant nécessairement pas identiques, pas plus que leurs productions.

Lire aussi –  Les 11 aliments qu’il faut absolument consommer bio

Un marché bio fait pour exporter

En effet, le label bio européen suppose bien de respecter un cahier des charges identiques, visant à un mode de production garantissant « le respect de l’environnement et de la protection du climat, de la biodiversité, de la santé humaine et du bien-être animal, et s’inscrivant « au coeur du développement durable et de la transition alimentaire ». Mais le marché français, estimé à 12 milliards d’euros, est couvert à 70 % par la production française (8,4 milliards d’euros) quand l’ensemble des surfaces bio espagnoles ne produisent que l’équivalent de 3 milliards d’euros de produits bio, très majoritairement exportés.

Dit autrement, le marché bio espagnol est réduit et orienté vers l’exportation à prix bas, avec une production dite de « substitution d’intrants » majoritaire, c’est-à-dire substituant seulement des intrants naturels à des intrants chimiques. À l’inverse, en France, la majeure partie de la production est issue de l’agroécologie et de méthodes naturelles. La différence ne peut que se ressentir en termes de qualité : avec de la monoculture hivernale sous serre, le goût du bio ne sera en effet pas le même en France et en Espagne. Même si ce type de culture est également pratiqué de notre côté de la frontière, notamment en région PACA.

Lire aussi
Pesticides : faut-il avoir peur des fruits et légumes espagnols ?

Abonnez-vous à consoGlobe sur Google News pour ne manquer aucune info !
Pour vous c'est un clic, pour nous c'est beaucoup !
consoGlobe vous recommande aussi...




Aucun commentaire, soyez le premier à réagir ! Donnez votre avis

Moi aussi je donne mon avis