Autoroute et biodiversité, incompatibles ? L’exemple de l’A89

Rédigé par Nolwen, le 23 Nov 2012, à 14 h 18 min
Autoroute et biodiversité, incompatibles ? L’exemple de l’A89
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C’est entendu, et nous sommes d’accord, les autoroutes sont des saignées destructrices dans les paysages, des scarifications indispensables mais qui impactent fortement l’environnement. Longtemps synonymes de modernité, elles n’ont pas toujours été construites en faisant attention à la nature qu’elles traversent. Mais les choses changent avec des opérateurs qui font plus attention à préserver la biodiversité. En voici un exemple avec la A89 Balbigny-La Tour de Salvagny qui s’inscrit dans une démarche de préservation des espaces naturels. A vous de juger.

Une charte environnementale de protection de l’environnement pour une autoroute

La A89 se veut exemplaire en matière d'environnement

La A89 se veut exemplaire en matière d'environnement

La section de l’A89 Balbigny-La Tour de Salvagny  a voulu prendre en compte les enjeux de biodiversité qui sont très grands sur cette zone.  Ainsi, les associations de protection de l’environnement et les ingénieurs d’ASF se sont réunis dans un Comité Environnement. Ils ont élaboré une charte d’actions et d’engagements en faveur de l’environnement pour cette autoroute dont le chantier était certifié ISO 14001. Cette charte prévoit un dispositif complet de mesures environnementales à destination de chaque espèce et site sélectionnés.

La semaine passée, à l’occasion d’une « journée environnement », les représentants d’une dizaine d’associations de protection de la nature ont découvert l’ensemble des réalisations innovantes de protection de la biodiversité et ont assisté en avant-première à la pose d’une passerelle à chauve-souris de 40 tonnes et de 40 m de long.

La première autoroute « d’aménagement du territoire »

« Le 16 janvier 2008, ASF a mis en service les 18 km de la section Thenon-Terrasson. Désormais,l’autoroute A89 Bordeaux – Clermont Ferrand constitue un axe majeur des 324 km reliant les régions Aquitaine et Limousin. La construction de cet axe aura nécessité 12 années de travaux ! La première autoroute française dite « d’aménagement du territoire » a été réalisée dans le respect de l’environnement et a fait l’objet de mesures poussées d’intégration dans les paysages », explique ASF dans son rapport annuel.

Assurer la continuité biologique

Sur les 50 km d’autoroute, la continuité biologique transversale est maintenue grâce à la création de différents types d’ouvrages,

– 8 viaducs et 3 tunnels, représentant une longueur totale de près de 8 km, qui offrent une transparence biologique totale ;

– 6 passages grande faune pour chevreuils et sangliers et 20 passages petite faune pour blaireaux, renards, fouines, martres, batraciens qui s’ajoutent aux 47 ouvrages hydrauliques de rétablissement des cours d’eau et aux 35 ouvrages de rétablissement de voiries locales et passages agricoles également empruntés par la faune.

– L’améliorationde l’emplacement des clôtures afin de favoriser
la création de corridors biologiques

un ouvrage hydrauliquepour le passage des écrevisses à pieds blancs : 8m de haut, 9m de large, 90m de long, et permettant la reconstitution du lit de la rivière

Compenser lorsque l’évitement n’est pas possible ou la réduction des impacts n’est pas suffisante

De nombreuses mesures compensatoires ont été réalisées sur les cours d’eau et en faveur des zones humides. Il s’agit là de compenser le busage et l’enrochement de linéaires de cours d’eau, ainsi que la destruction de zones humides.

Pour les cours d’eau, les travaux peuvent être de différentes natures : arasement de seuils (obstacle à la libre circulation des poissons et écrevisses), plantations en bordure de cours d’eau pour ombrager et limiter le réchauffement de l’eau et créer des caches en berges,

Pour les zones humides, l’objectif est de sécuriser dans le temps, par l’achat ou le conventionnement (avec le monde agricole par exemple), des espaces d’intérêt écologique par une gestion adaptée.

Les espèces présentes sur le parcours de l’A89 témoignent de la richesse de la faune locale :

Le Crapaud Sonneur à ventre jaune, le Crapaud accoucheur, la Grenouille agile, le Triton alpestre, la Salamandre tachetée pour les amphibiens, le Cuivré des marais, le Petit Mars changeant, le Criquet des roseaux et le Criquet ensanglanté, le Leste sauvage et le Leste verdoyant, l’Aeschne paisible, l’Orthétrum bleuissant, le Gomphe à pinces, le Cordulégastre annelé, pour les insectes, le petit Rhinolophe, la Barbastelle, le Minioptère de Schreibers, le Murin à oreilles échancrées pour les chauves-souris et l’écrevisse à pattes blanches.

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4 commentaires Donnez votre avis
  1. Moi je trouve qu’on travaille pas assez ! Va-t-on avoir notre bac a la fin ou pas ?

  2. Bonjour
    Est ce que les données de localisation et du type d’aménagement sont disponibles?
    Ce serai pour les mettre dans openstreetmap.

  3. En tant que naturaliste, j’ai participé à des discussions dans mes associations sur ce projet. Je me permet d’ajouter quelques précisions.

    Les tunnels et autres passages à faune ont déjà prouvé leur efficacité, par contre, les galeries artificielles sont complètement expérimentales donc on fera un bilan dans 10 ans pour voir si cela est efficace. Je connais pas trop le détail de tous les aménagements.

    Il ne faut pas oublier que ces ouvrages ne font que compenser une partie des effets néfastes de l’autoroute. Le bilan reste quand même négatif.

    • A noter aussi que l’A89 ne se limite pas a ce seul tronçon, et que les précédents sont aussi aménagés, certes pas aussi bien mais l’effort dure depuis des années.

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