Autoroute et biodiversité, incompatibles ? L’exemple de l’A89

Rédigé par Nolwen, le 23 Nov 2012, à 14 h 18 min
Autoroute et biodiversité, incompatibles ? L’exemple de l’A89
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Préserver les chauves-souris : 2 galeries et 2 passerelles à chauves-souris

La région Rhône-Alpes héberge 29 espèces de chiroptères, 12 d’entre elles étant répertoriées à proximité de l’A89. Ces espèces sont toutes protégées en France, notamment la Barbastelle, dont la colonie présente sur la zone du projet A89 est l’une des plus importantes de France.

En amont, le réseau ASF a mis en place une vaste campagne de repérage et de marquage des arbres à cavité sur le futur chantier de l’A89 durant les étés 2007 et 2008. Equipés d’endoscopes, les responsables de la FRAPNA Rhône ont marqué puis ausculté les arbres susceptibles d’héberger des chauves-souris avant abattage pour récupérer et donc préserver les chauves-souris.

Parallèlement, la réalisation de galeries artificielles pour les chauves-souris est une grande première dans le secteur autoroutier, la nécessité étant de créer un milieu le plus proche possible d’une cavité du type « grotte » ou « arbre creux » pour reproduire leur habitat naturel. Tous les besoins caractéristiques des chauves-souris ont donc été pris en compte : des températures basses et stables, un taux d’humidité élevé, proche de la saturation et beaucoup de calme. Les emplacements des galeries ont été choisis en raison de leur situation stratégique proche d’un site d’hibernation (en hiver) et de chasse (en été).

chauve-sourisPour trouver sa route, la chauve-souris utilise la technique du sonar. L’objectif est de guider les chauves-souris en reconstituant leur route de vol, faciliter leur passage d’un habitat à un autre et éviter les collisions avec les véhicules. Sur deux couloirs de vol identifiés dans la Loire, deux passages ont vu le jour au dessus de l’autoroute pour permettre leur passage en toute sécurité.

Une idée qui au fil des échanges s’est enrichie pour prendre en compte de nombreuses contraintes techniques, les spécificités des chauves-souris mais aussi les conditions météorologiques et d’entretien de l’ouvrage. Le projet a abouti à un véritable ouvrage d’art supérieur composé d’une structure avec une partie horizontale en tôles continue formant un corridor.

Le réseau ASF a également mis en œuvre  un second dispositif innovant, un « tremplin vert », remblais de terre montés de part et d’autre de l’autoroute, plantés d’arbres et d’arbustes.

Protéger la ressource en eau

La section Balbigny / La Tour de Salvagny croise de nombreux cours d’eau et leurs milieux naturels associés. Dès les premières études, les différents impacts sur les milieux naturels traversés ont été identifiés. Dans le respect de la loi sur l’eau de 1992 et des engagements de l’État en faveur de l’environnement, le réseau ASF a obtenu l’autorisation nécessaire pour démarrer les travaux de construction par arrêtés préfectoraux en Juin 2008. La prise en compte de la ressource en eau pendant les travaux et pendant la vie de l’autoroute s’est notamment traduite par :

La mise en place d’un assainissement provisoire, durant la phase travaux, comprenant de multiples fossés et bassins de traitement est mis en place ; 4 stations de traitement des eaux de chantier, 2 au tunnel de Violay et 2 dans la vallée du Boussuivre

–  La création de 42 bassins définitifs qui, à la mise en service de l’autoroute, récupéreront l’ensemble des eaux issues de la plateforme autoroutière. Ces bassins sont multifonctions. Écrêteurs d’orages, ils limitent les risques de débordement des rivières ; décanteurs, ils retiennent l’eau de ruissellement jusqu’à ce que les produits polluants fixés sur les matières en suspension soient précipités par simple gravité ; déshuileurs par un système de siphon qui empêche les huiles de rejoindre le milieu naturel.

Conserver un milieu naturel sensible

–          Des clôtures opaques (à la parisienne) ont été installées en pleine nature pour protéger le milieu naturel sensible et ceinturer le chantier

–          Le positionnement des clôtures a été optimisé pour favoriser la création de corridors biologiques

–          Une zone humide et 120 mares de substitution ont été créées pour remplacer celles détruites situées sur le tracé de l’autoroute. Avant destruction des mares existantes, tous les batraciens sont pêchés puis relâchés dans les nouvelles mares.

Zoom sur l’écrevisse à pieds blancs, une espèce protégée

Conservatoire à écrevisses pour autoroute

< Un conservatoire et tunnels à écrevisses pour autoroute

Toute une série de mesures a été mise en place en concertation avec les associations, notamment sur deux ruisseaux, le Gand (42) et le Boussuivre (69) : mise en place de bassins de rétention pour récupérer, décanter et filtrer les eaux de ruissellement du chantier, recréation de zones humides détruites, revégétalisation rapide des talus de déblais, réhabilitation complète de centaines de mètres de ruisseaux.

En plus, pour préserver l’espèce avec certitude – un petit groupe d’écrevisses, 70 de chaque ruisseau, a été prélevé avant les travaux et mis en élevage, afin qu‘une réintroduction soit possible. ASF a demandé au Muséum d’histoire naturelle de Besançon d’assurer leur reproduction. Depuis 3 ans, plus de 1 000 écrevisses sont nées en captivité.

Devant le sucès de l’élevage de l’écrevisse, il a été décidé de réintroduire des écrevisses bien au-delà de la zone du chantier, dans d’autres rivières situées dans la région qui ont perdu depuis des années leur population d’écrevisses à pattes blanches (sans lien avec le chantier). Ce sont au total 850 écrevisses réintroduites dans les ruisseaux Peisselay et le Gantet entre 2011 et 2012.

Ces opérations doivent pour certaines rester exceptionnelles. Peu de retour d’expériences sont disponibles aujourd’hui, et c’est pourquoi le maintien des populations en place et la préservation de leur habitat demeurent encore leur meilleure protection.

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4 commentaires Donnez votre avis
  1. Moi je trouve qu’on travaille pas assez ! Va-t-on avoir notre bac a la fin ou pas ?

  2. Bonjour
    Est ce que les données de localisation et du type d’aménagement sont disponibles?
    Ce serai pour les mettre dans openstreetmap.

  3. En tant que naturaliste, j’ai participé à des discussions dans mes associations sur ce projet. Je me permet d’ajouter quelques précisions.

    Les tunnels et autres passages à faune ont déjà prouvé leur efficacité, par contre, les galeries artificielles sont complètement expérimentales donc on fera un bilan dans 10 ans pour voir si cela est efficace. Je connais pas trop le détail de tous les aménagements.

    Il ne faut pas oublier que ces ouvrages ne font que compenser une partie des effets néfastes de l’autoroute. Le bilan reste quand même négatif.

    • A noter aussi que l’A89 ne se limite pas a ce seul tronçon, et que les précédents sont aussi aménagés, certes pas aussi bien mais l’effort dure depuis des années.

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