Argent : quel est le seuil de revenu pour vivre heureux ?

Combien faut-il réellement gagner pour cesser de s’inquiéter de son compte en banque ? Cette question, simple en apparence, cache un ensemble de données économiques et sociologiques bien plus subtil qu’il n’y paraît.

Rédigé par , le 10 Jun 2025, à 8 h 21 min
Argent : quel est le seuil de revenu pour vivre heureux ?
Précédent
Suivant

Le 10 juin 2024, l’Institut national de la statistique et des études économiques (INSEE) avait publié une étude approfondie sur ce que l’on appelle le « seuil de satiété » du revenu. Ce point à partir duquel une hausse de salaire n’améliore plus le bonheur ressenti. En France, ce seuil a été identifié à 30 000 euros annuels. Une donnée qui relance le débat sur la répartition des ressources, les politiques sociales et la précarité. On fait le point un an après.

Le revenu comme levier de bien-être : jusqu’à un certain point

D’après l’étude « Bien-être ressenti et revenu : l’argent fait-il le bonheur ? », signée par Jean-Marc Germain pour l’INSEE, la corrélation entre argent et bien-être n’est ni linéaire, ni infinie. En dessous du seuil de 30.000 euros annuels, chaque euro supplémentaire améliore le sentiment de satisfaction globale. Mais au-delà de ce montant, la progression s’essouffle. C’est ce que les économistes appellent le seuil de satiété.

Comme le précise l’étude : « En dessous du seuil de satiété, les baisses de revenus détériorent davantage la satisfaction dans la vie que les hausses ne l’améliorent ». L’effet est asymétrique, et donc injuste : perdre 1.000 euros pèse davantage que d’en gagner autant. L’étude INSEE souligne que les effets du chômage, de la précarité ou du stress professionnel sont bien plus marqués chez les personnes vivant sous le seuil de satiété. Là où une hausse de revenu peut soulager temporairement, les baisses prolongées plongent les individus dans une spirale d’inquiétude chronique.

Autre révélation saisissante du rapport : la comparaison sociale amoindrit de près d’un tiers l’effet direct du revenu sur le bien-être subjectif. En clair, ce n’est pas tant ce que l’on gagne qui nous rend heureux, mais ce que l’on gagne par rapport aux autres. Ce biais social, souvent minimisé dans les politiques publiques, agit pourtant comme un frein silencieux à l’amélioration réelle de la qualité de vie. Ainsi, deux personnes ayant un revenu similaire peuvent vivre des ressentis totalement opposés selon leur environnement social, professionnel ou familial.

Lire aussi –  Salaire moyen : où vous situez-vous par rapport à la moyenne ?

Une exception française : où se situe la France face au reste du monde ?

Avec ses 30 000 euros annuels, la France affiche un seuil de satiété du revenu bien plus bas que d’autres pays développés. L’étude de l’INSEE, qui s’appuie sur des comparaisons internationales, cite les chiffres suivants :

  • Allemagne : 40.000 euros
  • Royaume-Uni : 45.000 euros
  • Australie : 60.000 euros
  • États-Unis : 80.000 euros

Cette disparité soulève des questions structurelles : la population française serait-elle plus résiliente économiquement ou plus modeste dans ses aspirations matérielles ? Ou bien est-ce l’environnement social, plus protecteur, qui atténue le besoin de haut revenu pour se sentir heureux ?

Argent et bonheur : et vous, où vous situez-vous ?

Selon vous, à partir de quel revenu annuel net pensez-vous que votre bonheur n’augmenterait plus significativement ?



1 commentaire Donnez votre avis
  1. Cela dépend de x paramètres…
    Seul ou en ménage, avec ou sans enfants…
    Tout dépend des charges.

Moi aussi je donne mon avis