Nos formidables alliés en lutte biologique – L’Orvet

Les auxiliaires de culture, ces animaux qui participent à la lutte biologique contre les ravageurs, sont nombreux. Arrêter d’utiliser des produits en tous genres et favoriser toutes ces espèces pour les remplacer est tout à fait envisageable. Mais pour ce faire il faut les connaître et savoir de quelle manière ils peuvent nous aider : découvrons ici l’orvet !

Rédigé par Julien Hoffmann, le 7 Jul 2019, à 18 h 40 min
Nos formidables alliés en lutte biologique – L’Orvet
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Favoriser les auxiliaires ennemis naturels des ravageurs des cultures est à la fois un moyen de laisser une place à la biodiversité et de réfléchir différemment notre production de fruits et légumes. La technique n’est pas nouvelle, mais elle gagne en efficacité au fur et à mesure des nouvelles expériences et du nombre croissant de personnes et de professionnelles qui l’utilisent. Découvrons ce que peut faire l’orvet au jardin !

Qui est l’orvet ?

L’orvet fragile (Anguis fragilis) n’est pas un serpent comme sa morphologie pour le laisser à croire. L’orvet est un lézard apode, c’est-à-dire sans pattes, qui peut mesurer jusqu’à 50 centimètres.

Orvet aux couleurs caractéristiques © Wolfgang Simlinger

Comme de très nombreux lézards il a la capacité de perdre sa queue relativement facilement par autotomie (faculté à se séparer d’une partie d’un membre) lorsqu’elle est bloquée par quelque chose, comme par exemple les dents d’un chat, la main d’un humain ou une pierre qui lui serait tombée dessus.

Très courant dans nos campagnes françaises, l’orvet se reproduit de la fin avril à la fin mai, la femelle pondant environ 10 oeufs. Les jeunes seront autonomes dès l’éclosion qui intervient trois mois plus tard.

Orvet – Le saviez-vous ?

L’orvet fragile a également beaucoup été appelé « Serpent de verre » car les croyances populaires de l’époque le confondaient avec la famille des serpents d’une part, et parce que les gens d’alors pensaient qu’il se raidissait tellement au touché qu’il s’en brisait en plusieurs morceaux.

Lutte biologique et orvet : Ce qu’il fait au potager

L’Orvet étant donc un lézard, il va se nourrir d’insectes et de mollusques. Non content d’être plus grand qu’un lézard des murailles ou un lézard des souches que l’on peut aussi trouver dans nos potagers et aussi utiles en lutte biologique, il va donc devoir consommer plus d’insectes et de mollusques pour survivre.

Sa grande particularité qui nous intéressera en premier lieu au potager est qu’il mange des limaces  ! En réalité il les apprécie tout particulièrement à partir du moment où elles ne sont pas trop grosses. Il va donc plutôt cibler les jeunes limaces ce qui est d’autant plus efficace.

Animal principalement crépusculaire et nocturne, il part en chasse au moment même où les limaces sont le plus actives, surtout en période chaude, le hissant sur le podium des auxiliaires ennemis naturels des ravageurs des cultures.

Orvet en déplacement sur un muret © Photosampler

Comment favoriser la présence des orvets ?

Sans un milieu de vie adéquat, aucun animal qu’il soit auxiliaire de culture ou non, ne viendra s’installer. Pour les orvets, il s’agit de pouvoir non seulement manger mais aussi de pouvoir nicher.

Limiter l’usage de produits

L’utilisation de pesticides, d’herbicide ou de fongicides pour ne citer qu’eux, peut avoir un impact tout à fait déterminant sur la présence ou non des auxiliaires de cultures que sont les orvets. Leur métabolisme extrêmement rapide fait qu‘ils sont particulièrement sensibles à ces produits et en meurent très facilement et rapidement.

Les orvets étant donc de grands mangeurs de limaces, il vous faudra éviter d’utiliser n’importe quel type de granulés pour lutter contre les limaces, même les granulés dits « bios ». En effet, une fois ingérés par les limaces celles-ci deviennent des proies faciles et visibles pour un orvet qui les dévore et meure à son tour à cause des produits chimiques contenus dans les granulés.

Cet état de fait s’applique aux orvets, mais est aussi vrai pour tous les autres animaux auxiliaires du potager comme par exemple les hérissons.

Entretenir des espaces « naturels »

Ce qui est compliqué pour les orvets c’est de se déplacer. En effet, ils peuvent être facilement repérés par leurs prédateurs tels que les oiseaux, les chats, etc.

Planter, semer, laisser pousser

Un couvert végétal digne de ce nom les dissimulera mais permettra en plus de favoriser d’autres auxiliaires tels que les mantes religieuses et favorisera également tous les pollinisateurs sauvages !

Les haies à auxiliaire de culture sont aussi des lieux privilégiés de chasse pour les orvets qui adorent fouiller dans les feuilles et la litière pour trouver de quoi se nourrir à l’abri des regards.

Gros plan sur une face d’orvet © Kati Kemppainen

Entretenir un compost

Les Orvets trouveront presque tout ce dont ils ont besoin dans un compost entre un peu de nourriture et un lieu pour se réfugier, dormir, se reposer, se reproduire… Quand vous utiliserez votre compost au printemps, vérifiez donc qu’il n’y ait pas d’habitant de ce type avant de tout répartir sur votre potager.

Si un orvet s’y est installé, laissez-lui un bon fond de compost que vous recouvrirez avec une épaisse couche de feuilles mortes pour compenser car, animal à sang froid, l’orvet pourrait mourir de ne pas avoir assez de matière pour se protéger !

Créer des refuges

Les pierres empilées un peu n’importe comment (ou alors bien empilées mais en y laissant tout de même des interstices de bonne taille) sont du pain béni autant pour les orvets que pour d’autres auxiliaires de culture tels que les lézards des murailles.

Vous pouvez également réaliser des tas de feuilles mortes que vous laisserez sur un long terme, y ajoutant d’autres feuilles mortes au fur et à mesure que vous souhaiterez nettoyer votre jardin. Les orvets iront se réfugier en dessous.

Foin et mousse mélangés et disposés en un endroit que vous ne toucherez plus permettra également de créer un refuge potentiel pour les orvets. Vous pouvez pour cela utiliser un grillage que vous fixerez en cylindre d’au moins 80 centimètres de haut que vous pourrez remplir au fil du temps.

Illustration bannière : Orvet se déplaçant dans la mousse © Rudmer Zwerver
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