Les huîtres, alliées inattendues contre le réchauffement climatique

Les huîtres, déjà célébrées sur les tables françaises, dévoilent désormais un atout inattendu : une capacité unique à piéger le dioxyde de carbone. Ce superpouvoir naturel pourrait placer la conchyliculture au coeur de la lutte contre le réchauffement climatique.

Rédigé par , le 20 Sep 2025, à 11 h 00 min
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Une équipe de chercheurs chinois a publié, le 16 septembre, dans la revue PNAS une étude qui pourrait bouleverser la perception de l’ostréiculture. Longtemps associées à la gastronomie et aux traditions festives, les huîtres apparaissent aussi comme de précieux alliés face au réchauffement climatique. La France, premier producteur européen, pourrait tirer profit de ce rôle écologique insoupçonné.

Les huîtres, un puits de carbone sous-estimé

Si la dégustation d’huîtres suscite toujours des débats passionnés, leur valeur environnementale semble désormais faire consensus. Les chercheurs montrent que chaque huître capte et stocke dans sa chair et sa coquille une quantité importante de dioxyde de carbone. Selon l’étude relayée par LaNature.ca, « au cours de sa croissance, une huître capture et stocke dans sa chair et sa coquille jusqu’à 2,4 fois plus de CO₂ qu’elle n’en a émis pour se construire ». Cette donnée établit un bilan carbone positif, qui transforme les huîtres en véritables puits de carbone.

Ce mécanisme repose sur deux processus complémentaires. D’une part, le carbonate de calcium qui compose la coquille fixe durablement le dioxyde de carbone. D’autre part, la chair accumule elle aussi du carbone organique. À cela s’ajoutent les déchets biologiques qui se déposent sur les fonds marins et qui participent au stockage. Comme le souligne Mongabay, « les huîtres contribuent à capter et à stocker près de 2,4 fois plus de carbone qu’elles n’en rejettent lors de la formation de leur coquille. ». En termes de climat, leur superpouvoir pourrait ainsi peser autant que leur valeur économique.

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L’ostréiculture française devient un atout pour le climat

En France, l’ostréiculture représente une filière de poids. Le pays assure près de 95 % de la production européenne et concentre ses élevages sur des territoires emblématiques comme la Bretagne, la Normandie ou le bassin d’Arcachon. Si l’étude chinoise venait à être confirmée à grande échelle, ces régions pourraient devenir des acteurs clés dans la lutte contre le réchauffement climatique, au-delà de leur rôle gastronomique. L’idée d’une huître « climatiquement vertueuse » ouvre en effet de nouvelles perspectives pour l’économie bleue.

D’un côté, la filière pourrait valoriser son image en tant qu’activité durable. De l’autre, les huîtres pourraient être intégrées aux mécanismes de compensation carbone, renforçant la compétitivité des producteurs. Cette hypothèse reste toutefois à confirmer. Fabrice Pernet, chercheur à l’Ifremer, rappelle dans LaNature.ca qu’il existe encore « plusieurs limites méthodologiques » et appelle à la prudence avant toute généralisation. L’impact net pourrait varier selon la densité des élevages, les conditions locales ou la durée de croissance.

Parc à huîtres de Marennes Oléron

Des promesses écologiques encore à confirmer

Comme souvent face à une découverte inattendue, l’enthousiasme se double de réserves. Les chercheurs reconnaissent que leurs observations, menées sur plusieurs centaines d’huîtres dans des environnements contrôlés, doivent être confirmées dans des contextes variés. La communauté scientifique reste vigilante sur le risque de surestimer ce superpouvoir. Cependant, la perspective d’une aquaculture capable de contribuer directement à la réduction du dioxyde de carbone atmosphérique séduit déjà les décideurs publics.

Pour la France, où les huîtres sont à la fois symbole culturel et pilier économique, cette annonce résonne particulièrement. Alors que le réchauffement climatique fragilise la biodiversité marine et menace les écosystèmes côtiers, voir ces mollusques participer à l’atténuation du phénomène offre un retournement inattendu. Les huîtres ne seraient plus seulement un mets clivant sur les plateaux de fruits de mer ; elles pourraient devenir un atout écologique stratégique dans la lutte mondiale contre la crise climatique.

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Rédactrice dans la finance, l'économie depuis 2010 et l'environnement. Après un Master en Journalisme, Stéphanie écrit pour plusieurs sites dont Economie...

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