L’eau virtuelle, on en consomme bien plus qu’on en boit !

Vous cherchez peut-être à diminuer votre empreinte écologique. Voici un outil un peu différent mais tout aussi pertinent : l’eau virtuelle. Cette mesure remet en perspective notre consommation.

Rédigé par Jean-Marie, le 6 Jul 2019, à 15 h 25 min
L’eau virtuelle, on en consomme bien plus qu’on en boit !
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La géographie de l’eau virtuelle

On peut également utiliser l’indicateur de l’eau virtuelle pour calculer l’empreinte en eau des habitants d’une nation.

Ces mesures doivent toutefois être nuancées, puisqu’elles dépendent non seulement de la consommation humaine mais aussi très fortement des conditions climatiques. Néanmoins l’empreinte en eau permet de souligner les échelles de grandeur qui confirment l’inégalité dans la répartition des ressources entre les pays développés et les pays en développement.

L’eau virtuelle, un indicateur indirect du développement

Le commerce international fait circuler 2.320 milliards de m3 d’eau virtuelle au travers des frontières chaque année.

Près de la moitié des flux internationaux d’eau virtuelle concerne le commerce des cultures oléagineuses (coton, soja, huile de palme, tournesol, colza) et des produits dérivés. Les autres produits concernés par ces échanges sont des céréales, des produits industriels, le café, le thé et le cacao (7,9 %), ainsi que la viande de boeuf(2).

L’eau virtuelle facteur de paix ?

Alors que le stress hydrique peut être une source de conflit, certains considèrent que :  « grâce au commerce d’eau virtuelle que les pays riches économiquement mais pauvres en eau n’ont pas été déstabilisés jusqu’à présent par des guerres pour l’or bleu ».

L’eau virtuelle pour compenser les déséquilibres hydriques naturels

D’un coté, la démographie explose, de l’autre nos modes de vie sont de plus en plus gourmands en eau. La relation entre l’eau et l’alimentation démontre le faible impact du régime alimentaire méditerranéen sur les ressources en eau.

En mettant des chiffres sur une réalité, le concept d’eau virtuelle a la vertu de faire apparaître les vraies conséquences de notre surconsommation et, ainsi, d’imaginer  des solutions pour déséquilibre géographique de la répartition de l’eau à la surface du globe.

L’analyse de la balance « importation/exportation d’eau virtuelle » conduirait les pays en situation de stress hydrique à limiter les exportations de denrées mobilisant de grandes quantités d’eau lors de la production pour limiter l’impact global sur la ressource. L’exportation de biens à forte composante en eau depuis les pays bien dotés en eau permettrait un apport virtuel d’eau vers les pays en situation de stress hydrique.

Eau virtuelle : l’exemple du café

Importations virtuelles d’eau des Pays-bas liées aux importations de café (les pays les plus verts sont ceux qui leur fournissent le plus d’eau), en millions de m3 d’eau virtuelle par an.

On calcule que l’eau virtuelle correspondant à la consommation mondiale de café représente 110 milliards de m3 par an pour sa consommation de café, soit 1,5 fois le débit annuel du Rhin. Pour les seuls Pays-Bas, la consommation de café représente le tiers du débit annuel de la Meuse, soit 2,6 milliards de m3 d’eau par an.

Empreinte en eau virtuelle par pays

Par le jeu des importations des pays fréquemments atteint de sécheresse deviennent des exportateurs d’eau sous la forme d’eau virtuelle. Il est en effet facile de transporter de des produits agricoles, dont la production est grande consommatrice d’eau dans le monde mais plus difficile de transporter de l’eau.

Quand on pense à l’eau, on a plutôt ce genre d’idées en tête, mais l’eau virtuelle constitue pourtant une partie non négligeable de l’eau, notamment exportée © Rich Carey

Ainsi, environ 15 % de l’eau utilisée dans le monde est exportée sous forme d’eau virtuelle. Par exemple, quand la Tunisie, le Maroc ou l’Espagne exportent tomates, fraises et autres fruits vers les pays d’Europe du Nord, c’est comme si ceux-ci importaient de l’eau virtuelle.

  • Les pays qui consomment le plus d’eau douce sont la Chine (1.207 milliards de m3/an), l’Inde (1.182) et les États-Unis (1.053 pour 5 % de la population mondiale !).
  • Proportionnellement au nombre d’habitant, la consommation américaine d’eau est de très loin la plus élevée. Proportionnellement élevée (2.842 m3 par personne/ an) contre 1.089 m3 en Chine et 1.071 m3 en Inde, pour une moyenne mondiale de 1.385 m3. Ces 3  pays sont aussi ceux qui exportent aussi le plus d’eau virtuelle.

La consommation d’eau virtuelle par habitant

Les calculs d’eau virtuelle montre qu’on peut relier les différents types d’alimentation aux différents niveaux de vie des pays étudiés. À partir d’un panier moyen de biens consommés, on peut ainsi évaluer la quantité d’eau virtuelle utilisée par habitant et par pays : 1.400 litres en Asie, 4.000 litres en Europe et en Amérique du Nord, selon la FAO.

  • Le régime alimentaire des Américains qui comprend beaucoup de viande (protéines animales) implique une importante consommation d’eau virtuelle : environ 5,4 m3 par jour.
  • Un régime alimentaire végétarien nécessite environ 2,6 mètres cubes d’eau par jour.

Eau virtuelle consommée par habitant dans chaque pays

  • États-Unis 2 .842 m3 d’eau virtuelle par an par Américain
  • Canada 2.049 m3 d’eau virtuelle par an par Canadien.
  • France : l’empreinte eau moyenne d’une personne est de 1.875 m3, près de 5 m3 jour. Bien plus que la consommation individuelle par personne qui est de l’ordre de 300 litres par jour.
  • Russie 1.858 m3 d’eau virtuelle par an par Russe
  • Brésil 1.381 m3 d’eau virtuelle par an par Brésilien
  • Chine 1.089 m3 d’eau virtuelle par an par Chinois
  • Inde 980 m3 d’eau virtuelle par an par Indien
  • Haïti 848 m3 d’eau virtuelle par an par Haïtien

Une famille européenne de 4 personnes consomme chaque semaine 140.000 litres d’eau(3).

Plus qu’un simple indicateur, le calcul de l’eau virtuelle rappelle qu’à de nombreux endroits dans le monde, on exploite l’eau au-delà de sa capacité de renouvellement.

  • De 1,4 milliard à 2,2 milliards de personnes vivent dans des bassins où les besoins en eau des écosystèmes sont insatisfaits. Plusieurs fleuves, comme le Colorado ou le Huang He, ne se rendent plus à la mer à certaines périodes de l’année. Cette situation s’explique par la forte consommation d’eau dans le monde, qui est maintenant sept fois plus élevée qu’elle ne l’était au début du 20e siècle.
  • On manque d’eau dans la moitié des plus grandes villes du monde.

Lire page suivante : l’eau virtuelle des produits de consommation

Références :
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Jean-Marie Boucher est le fondateur de consoGlobe en 2005 avec le service de troc entre particuliers digitroc. Rapidement, il convertit ses proches et sa...

7 commentaires Donnez votre avis
  1. Je vous remercie de parler de cette problématique qui à une très grande importance sur notre impacte caché de notre mode de vie. Mais, il y à trop ou pas assez de précision. Je ne conçois pas que l’on mélange l’eau de pluies avec l’eau pompée et captée pour l’arrosage de l’agriculture intensive.
    Quand on donne l’examples de l’eau virtuelle du riz pluvial et riz inondé, on note une grande différence mais d’ou sort -elle? de ce que j’ai pu voir, en Asie la mousson est la chaque année (+ ou – intensive) le riz récolté est le riz résultant de ses pluies (donc une récolte + ou – bonne); et le riz ne demande plus d’eau dans sont traitement jusqu’à sa cuisson, qui si bien faite ne demande qu’un volume et demi d’eau pour un volume de riz. Les pommes de terres dans les régions tempérées ne sont jamais arrosées, mais si on les achète dans les grande surface, oui là elle on été lavée (chose inutile). La pluie tombe, c’est une chose naturelle et nourri les plantes, elle n’a pas à être calculée, ce sont les agricultures intensives dans des endroits inappropriés avec des arrosages automatiques qui sont consommateur d’eau.
    et puis ce terme de « virtuelle » qui cache justement toute l’importance de la prise en compte de cette consommation est terrible et devrai être changée en « réelle » « engloutie » et ça c’est vous les média qui pouvez avoir de l’influence dessus, plutôt que de reprendre le 1er terme lancé, soyez constructeur d’avenir!
    Zabelle

  2. très bien expliquer bravo

  3. l empreinte aquatique n existe pas

  4. Bonjour un autre outil intéressant pour calculer son « empreinte eau » est proposé par l’association Du Flocon à la Vague. Cette association reconnue d’intérêt général, oeuvre depuis 2009 pour sensibiliser et former le + grand nombre sur la thématique du cycle de l’eau.
    L’outil proposé par l’asso est l' »empreinte H2O » empreinteh2o.com
    développé avec l’Agence de l’Eau Adour-Garonne et APESA.

  5. Réduire l’eau oui mais que cela ne profite pas aux grosses industries comme le nucléaire, l’agriculture intensive sous toutes ses formes, les terrains de golfe, les piscines…En bref, aux plus riches d’entre nous…

  6. Déjà, fini le bœuf nourrie au maïs trop gourmand en eau ce qui grève le bilan du faux-filet: laissez les brouter l’herbe de nos champs…c’est local et ça évite de passer la tondeuse! par contre faudra en manger moins.

    sinon, mangeons des insectes !

  7. excellente synthèse sur l’eau virtuelle, bravo

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