Vols intérieurs – Faut-il craindre un ‘retour à l’anormal’ ?

Dans un rapport fraîchement publié, Greenpeace préconise d’étendre l’interdiction des vols intérieurs, le projet annoncé par le gouvernement n’étant pas suffisamment ambitieux.

Rédigé par Anton Kunin, le 22 Jan 2021, à 11 h 25 min
Vols intérieurs – Faut-il craindre un ‘retour à l’anormal’ ?
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Greenpeace recommande aux pouvoirs publics de soumettre à l‘interdiction les vols intérieurs toutes les compagnies aériennes (et pas seulement Air France) à chaque fois qu’il existe une alternative en train en moins de 5 heures (et non pas 2h30).

Vols intérieurs : une interdiction plus ambitieuse serait plus bénéfique pour l’environnement

Il existe 108 lignes intérieures en France (hors Corse et Outre-mer). Et pourtant, seules cinq sont concernées par une interdiction prochaine : il s’agit de Paris-Bordeaux, Paris-Lyon, Paris-Nantes, Paris-Rennes et Lyon-Marseille.
Rappelez-vous : au printemps 2020, cette suppression des vols intérieurs pour lesquels il existe une alternative en train en moins de 2h30 était l’une des conditions de l’octroi à Air France d’un financement massif (subventions et crédits). Mais pourquoi cinq lignes seulement ?

Selon les calculs de Greenpeace, si le gouvernement faisait le choix d’interdire les vols pour lesquels il existe une alternative en train en moins de 5 heures (soit 39 liaisons sur les 108 existantes), l’empreinte carbone des vols métropolitains auraient pu être diminuée de 60,6 %. Et en cas d’interdiction des vols pour lesquels il existe une alternative en train en moins de 6 heures, ce sont 83,5 % des émissions de CO2 liées aux vols métropolitains qui auraient pu être évités.

Lire aussi : SavePeopleNotPlanes – Faut-il sauver les compagnies aériennes ?

Les vols intérieurs interdits ne sont pas ceux qui émettent le plus de CO2

Autre problème : l’interdiction telle que proposée par le gouvernement risque d’avoir un effet positif très réduit pour le climat car elle passe à côté des lignes les plus émettrices comme Paris-Nice ou Paris-Toulouse (qui a représenté 213 kilotonnes (kt) de CO2 en 2019) rappelait en mai dernier le Réseau Action Climat. À titre de comparaison, la ligne Paris-Rennes, concernée par l’interdiction, a été responsable de seulement 4 kt de CO2 au cours de la même année.

Greenpeace s’étonne aussi du fait que cette interdiction ne concerne qu’Air France : a priori cela veut dire que ces lignes peuvent être reprises par des filiales d’Air France ou d’autres compagnies aériennes, ce qui réduirait à zéro le bénéfice espéré pour le climat.

Greenpeace rappelle aussi que jamais les vols intérieurs n’avaient été autant empruntés : 26 millions de passagers ont été transportés sur ces lignes en 2018, contre le précédent plus-haut de 25 millions en 1998.

vols intérieurs

La liaison paris-Nice, l’une des plus polluantes (avec 3.183.794 de passagers en 2019 et l’équivalent de 225 kt de CO2 émis), ne serait pas non plus supprimée © Fabio Lamanna

Pour placer ces velléités de réduction du trafic aérien dans le contexte, rappelons que la contribution de l’aviation au réchauffement climatique a presque doublé entre 2000 et 2018. Le nombre de voyageurs transportés a quant à lui été multiplié par deux entre 2006 (2,1 milliards de passagers) et 2018 (4,2 milliards).
Pour Greenpeace, les vols courts sont une aberration climatique : un vol Paris-Marseille émet 53 fois plus d’équivalent de CO2 par passager que le même trajet en TGV… quand ce dernier ne dure pourtant que trois heures.

illustration bannière : Greenpeace veut empêcher le redécollage des vols courts © 4Max
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Journaliste de formation, Anton écrit des articles sur le changement climatique, la pollution, les énergies, les transports, ainsi que sur les animaux et la...

1 commentaire Donnez votre avis
  1. oh ouiiiiiiiiiii ! et c’est tant mieux !!!!!!!!

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