Des villages étoilés pour lutter contre la pollution lumineuse

Vous habitez dans un village plutôt une ou cinq étoiles ? Le classement « Villes et villages étoilés » ne concerne pas le confort des communes, mais leurs efforts pour réduire la pollution lumineuse la nuit, et donc apercevoir les étoiles. Une association nationale spécialisée vient de décerner ses labels pour l’année 2015.

Rédigé par Pauline Petit, le 26 Feb 2016, à 7 h 00 min
Des villages étoilés pour lutter contre la pollution lumineuse
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Le 21 février dernier, l’association Nationale pour la Protection du Ciel et de l’Environnement Nocturne (ANPCEN) a décerné à 202 communes françaises, le label « Villes et villages étoilés ». Sur une échelle d’une à cinq étoiles, ce label est attribué aux communes qui font des efforts pour promouvoir la qualité de l’environnement nocturne. Il s’agit notamment de moduler l’éclairage public pour préserver des espaces d’obscurité dans les villes.

Huit communes ont été mises en valeur pour leurs efforts :

  • Autrans (1 751 hab., 38) ;
  • Cussac-sur-Loire (1 750 hab., 43) ;
  • Saint-Joseph (37 000 hab., 97) ;
  • Uvernet-Fours (600 hab., 04) ;
  • Spéracèdes (1 279 hab., 06) ;
  • Mouans-Sartoux (11 000 hab., 06) ;
  • Saint-Ferréol d’Auroure (2 474 hab., 43) ;
  • Espédaillac (270 hab., 38).

À noter, la ville de Saint-Joseph, sur l’île de la Réunion, est la ville la plus peuplée à obtenir cette reconnaissance. Il faut dire que cette localité est très impliquée dans la préservation du Pétrel de Barrau, un oiseau emblématique de l’île menacé par un éclairage côtier trop important.

Éviter la pollution lumineuse

Les enjeux qui entourent la préservation de la qualité de la nuit sont multiples. La question de la sauvegarde de la biodiversité est, bien sûr, primordiale, mais il existe d’autres aspects environnementaux et économiques liés à la pollution lumineuse.

Pour le porte-monnaie

D’après l’ANPCEN, l’éclairage public est la première source de dépense énergétique déclarée des petites communes. Les neuf millions de lampadaires éclairant le territoire français consomment l’équivalent énergétique d’un réacteur nucléaire. La diminution de cette consommation est donc avant tout un enjeu économique majeur. « Les Villes et Villages étoilés éclairent 35 à 48 % moins et économisent en moyenne 37 % d’énergie. Elles ont ainsi économisé 1,6 million d’euros » indique l’ANPCEN.

De  plus, 35 à 50 % de la luminosité émise par les lampadaires éclaire le ciel : c’est ce qui crée ce halo lumineux dans nos villes qui cache l’accès aux étoiles. Cauchemar pour les astronomes et les rêveurs, cette pollution lumineuse est surtout un véritable gaspillage d’énergie.

Pour la santé publique

Une étude du Centre interdisciplinaire de recherche chronobiologique de l’Université de Haïfa vient de démontrer un lien supplémentaire entre l’exposition à la lumière pendant la nuit et le risque de cancer : les personnes vivant dans des zones à fort éclairage nocturne développent un risque accru de cancer de la prostate chez les hommes et de cancer du sein chez les femmes.

D’après les chercheurs, l’éclairage nocturne réduirait la production de mélatonine, une hormone libérée durant la période « obscure » de cycle de la journée, autrement dit la nuit.  Une carence qui ferait augmenter le risque de développer un cancer.

Pour la faune et la flore

L’éclairage nocturne désoriente les oiseaux migrateurs, habitués à se diriger avec les étoiles. La pollution lumineuse serait une cause de l’augmentation de leur mortalité.

pollution lumineuse

Insectes près d’un lampadaire © EnolaBrain81 / Shutterstock.com

Les insectes, attirés par la lumière des lampadaires, finissent grillés vifs ou constituent des proies plus faciles pour leurs prédateurs.

Les végétaux exposés à la lumière, quant à eux, connaissent une dégénérescence précoce.

Les pouvoirs publics face à la pollution lumineuse

Pour résumer, la pollution lumineuse serait mauvaise pour l’environnement, les humains et leurs finances. Alors que font les pouvoirs publics pour la réduire ?

L’ANPCEN explique que de gros efforts restent encore à être fournis de la part des communes. Il leur est pourtant possible de rénover leur réseau d’éclairage public à moindre coût et de mettre en place des systèmes intelligents pour diminuer la pollution lumineuse, sans pour autant diminuer l’éclairage des rues.

Un pas a déjà été franchi avec l’interdiction de l’éclairage des magasins la nuit mais il est possible d’aller plus loin pour une diminution de la pollution lumineuse dans les villes.(1)

Illustration bannière : Paris la nuit – © Alexander Chaikin Shutterstock
Références :
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2 commentaires Donnez votre avis
  1. Incroyable que la liste des 202 communes ne soit pas facilement accessible.

  2. Si je suis d’accord sur le fond de l’article, il y a des détails qui m’interpellent !
    Le premier poste de dépenses des communes, c’est le bâtiment ! (En dépenses et en consommation – Source : ADEME – 2014).
    L’éclairage public c’est 16 % de la consommation énergétique totale des communes ou 17 % de leurs dépenses d’énergie (je dis « ou » car cela dépend du chiffre que vous souhaitez utiliser mais les deux sont vrais).

    L’effet sur la santé m’ayant (légèrement) paniquée 😉 , je suis allée voir sur Internet : l’étude du centre de Haifa date … de 2010. Du coup j’ai fait une revue rapide de toutes les études. Les chercheurs ont essayé d’isoler le facteur lumière dans la corrélation travail de nuit/cancer mais ne peuvent pas le faire (Rester éveillé va contre notre rythme naturel le soir, avec tous les problèmes que le manque de sommeil entraine).

Moi aussi je donne mon avis