Vendre le nom des animaux nouvellement découverts pour sauvegarder l’environnement ?

Se sont chaque année 10, 15, 20.000 espèces ou plus qui sont découvertes et « décrites ». Il faut bien leur donner un nom, mais faut-il le faire payer ?

Rédigé par Julien Hoffmann, le 23 Dec 2018, à 8 h 00 min
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La communauté scientifique organise la façon dont sont classées les espèces, se remettant perpétuellement en cause sur la classification elle-même et ce pour mieux comprendre le monde dans lequel nous vivons. Mais cette même communauté scientifique n’impose pas de limites particulières aux noms donnés aux espèces récemment découvertes.

Donner un nom : pourquoi et comment ?

L’être humain a toujours eu besoin de donner un nom aux choses. Dans le domaine des sciences du vivant il en va tout simplement de même si ce n’est qu’il y a quelques règles à respecter. Ces règles sont communément et internationalement acceptées et sont dictées par le Code international de nomenclature zoologique qui stipule une nomination binominale.

Le nom du genre est donc, en règle général, imposé par les découvertes précédentes (exemple : toutes les espèces d’orang-outang commence par « Pongo »), mais le découvreur est pratiquement totalement libre de choisir l’épithète.

Seule une règle tacite et elle aussi respectée, voudrait qu’aucune allusion à quelque religion que ce soit ne soit faite dans la nomination.

La personne qui découvre donc une nouvelle espèce peut tout à fait la nommer « Neopalpa donaltrumpi », « Eriovixia gryffindori », « Scaptia beyonceae », « Loureedia annulipes » ou encore « Anophtalmus hitleri ». L’humour est rarement loin du monde de la recherche ce qui donne ce genre de savoureux noms qui, il faut le noter, ne pourront plus jamais être modifiés.

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Vendre le futur nom d’une espèce

La chose n’est pas nouvelle. Il s’est vu bien des choses en la matière les vingt dernières années. Certains découvreurs cherchent à devenir célèbres, d’autres riches, d’autres encore ont une folle envie de rigoler et voilà que le nom de nouvelles espèces est vendu. Si ce n’est de loin pas une démarche qui est monnaie courante, elle existe.

L’exemple le plus troublant date de 2005 avec la mise aux enchères de nom d’un singe nouvellement découvert. La chose étant particulièrement rare pour des raisons que vous imaginez, les enchères sont montées très haut pour finalement atteindre 650.000 dollars. Et c’est un casino qui a remporté la mise, le Golden Palace. Le genre de l’espèce étant « Callicebus » et donc non négociable, ce singe s’est vu affubler du nom scientifique « Callicebus aureipalatii » soit, en nom vernaculaire (commun) « Goldenpalace monkey »…

Scaptia beyonceae © B. D. Lessard (CC BY 3.0) via Wikimedia

« Les noms peuvent être vendus au profit de bonnes causes, certes. Mais on peut se demander si, à terme, une mercantilisation des dénominations d’espèces n’incitera pas à revendiquer des droits forts sur les noms, comme s’il s’agissait de marques, voire à clamer de fausses découvertes » estime Andrew Polaszek, zoologiste et secrétaire général de l’ICZN (International Commission for Zoological Nomenclature)

Vendre pour la bonne cause ?

La chose n’est pas nouvelle et se faisait déjà dans les années 1990 aux États-Unis. Mais, désormais, vendre un nom pour sauver l’environnement ou du moins participer à sa sauvegarde, est un concept qui commence à prendre de l’essor.

Récemment c’est l’ONG Rainforest Trust qui s’est lancée dans la vente du nom de 12 nouvelles espèces(1) dont 4 d’orchidées, 4 de grenouilles, 1 de salamandre, 1 rongeur, 1 amphibien et 1 fourmi. Le bénéfice des ventes sera utilisé pour acheter des terres et ainsi pouvoir y protéger les espèces qui y résident.

Le responsable du programme de vente chez Rainforest Trust, le docteur Salaman explique la démarche comme suit : « la clef est de lever les fonds pour sauver les espèces, leurs noms n’a pas vraiment d’importance ».

Les fonds récoltés ne seront qu’une goutte d’eau au regard des besoins en financement des différents programmes de sauvegarde de la biodiversité, mais au moins ont-ils le mérite d’être levés.

Illustration bannière : Dendrobate – © Dirk Ercken
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