TotalEnergies admet l’échec climatique : la planète se dirige vers +2,8 °C

Selon les nouvelles projections publiées début novembre 2025 par TotalEnergies, l’objectif de limiter le réchauffement climatique à 2 °C d’ici la fin du siècle serait désormais hors d’atteinte.

Rédigé par , le 5 Nov 2025, à 9 h 21 min
TotalEnergies admet l’échec climatique : la planète se dirige vers +2,8 °C
Précédent
Suivant

Dans son rapport « Energy Outlook 2025 », le groupe pétrolier reconnaît une trajectoire bien supérieure à celle fixée par l’Accord de Paris, évoquant un monde en proie à la hausse continue des émissions et aux tensions géopolitiques persistantes.

TotalEnergies : des scénarios climatiques plus sombres qu’en 2023

Le réchauffement climatique, principal défi environnemental de notre siècle, franchirait un seuil critique, selon les projections de TotalEnergies. Dans son rapport « Energy Outlook 2025 » publié le 4 novembre 2025, le géant français de l’énergie prévoit une hausse de la température moyenne mondiale comprise entre +2,2 °C et +2,8 °C d’ici 2100, bien au-delà de la limite des 2 °C jugée nécessaire pour éviter les impacts les plus graves du dérèglement. « Le maintien du réchauffement climatique sous les 2 degrés en 2100 est hors de portée », peut-on y lire.

Dans le détail, TotalEnergies a actualisé ses projections énergétiques à travers trois scénarios : « Trends », « Momentum » et « Rupture ». Le premier, qui correspond à la poursuite des politiques actuelles, se traduirait par une augmentation de la température moyenne mondiale de +2,6 °C à +2,8 °C d’ici 2100.

Ce scénario, déjà pessimiste, n’est pas isolé. Le scénario dit « Momentum » – supposant une accélération modérée des transitions énergétiques – limiterait cette hausse à une fourchette de +2,2 °C à +2,4 °C, toujours très éloignée de la trajectoire de l’Accord de Paris. « Dans ce scénario, une hausse de la température entre +2,2 ° C et +2,4 ° C serait atteinte d’ici 2100 », indique le rapport de TotalEnergies. Autrement dit, même en cas d’un renforcement des efforts, la planète resterait exposée à une élévation des températures largement supérieure à la cible de 1,5 °C défendue par la communauté scientifique internationale.

Un objectif de 2 °C désormais jugé « hors de portée » par TotalEnergies

Le troisième scénario du groupe, baptisé « Rupture », est le seul aligné avec les engagements de l’Accord de Paris. Il impliquerait une hausse des températures comprise entre +1,7 °C et +1,9 °C d’ici 2100. Toutefois, TotalEnergies reconnaît que cette trajectoire est désormais irréalisable. Les auteurs du rapport admettent explicitement que « sa réalisation semble hors de portée à ce jour compte tenu des tensions géopolitiques ».

Cette prise de position tranche avec la prudence habituelle du groupe. En 2023, TotalEnergies affichait encore sa confiance dans la possibilité de rester sous la barre des 2 °C grâce à un déploiement rapide des énergies renouvelables et de la capture de carbone. Deux ans plus tard, le constat s’inverse : les investissements dans le pétrole et le gaz restent élevés, la demande énergétique mondiale ne faiblit pas, et la coopération internationale sur le climat s’essouffle.

D’après le rapport, la montée en puissance des pays émergents dans la consommation d’énergie fossile pèse lourdement sur les perspectives. TotalEnergies observe que « les tensions régionales et les intérêts nationaux » freinent toute dynamique coordonnée vers la neutralité carbone. Le groupe évoque aussi des retards technologiques persistants, notamment dans le stockage de l’hydrogène et la capture du CO₂ à grande échelle.

EDITO – La vérité : un climat qui dérange

Entre lucidité scientifique et communication stratégique

Ce changement de ton suscite des réactions contrastées. Pour certains observateurs, il s’agit d’une reconnaissance tardive de la gravité du réchauffement climatique. D’autres y voient un positionnement stratégique d’un acteur pétrolier qui cherche à se présenter comme réaliste, voire fataliste, sans remettre en cause son modèle économique.

Le rapport s’appuie sur une batterie de données chiffrées mais évite d’évaluer l’impact précis des activités du groupe sur la trajectoire globale. En affirmant que « le maintien du réchauffement sous les 2 °C est hors de portée », TotalEnergies souligne implicitement la faiblesse collective des politiques climatiques, tout en continuant d’investir dans de nouveaux projets d’exploration.

Ce constat s’aligne sur d’autres évaluations internationales : selon le Programme des Nations unies pour l’environnement, les engagements nationaux actuels conduisent à un réchauffement estimé entre +2,5 °C et +2,9 °C d’ici la fin du siècle. Les projections de TotalEnergies confirment donc la convergence des diagnostics, mais aussi l’urgence d’une rupture que même les majors pétrolières jugent désormais improbable.

Lire aussi
Réchauffement climatique : l’ONU alerte sur le dépassement du seuil de +1,5 °C



Journaliste de formation, Anton écrit des articles sur le changement climatique, la pollution, les énergies, les transports, ainsi que sur les animaux et la...

Aucun commentaire, soyez le premier à réagir ! Donnez votre avis

Moi aussi je donne mon avis