Bayer, Syngenta et d’autres géants de l’agrochimie ont bien caché les études sur la toxicité de leurs pesticides

Plusieurs géants de l’agrochimie, dont Bayer et Syngenta, ont omis de transmettre des études essentielles sur la toxicité de leurs pesticides à l’Union européenne. Ces études, pourtant partagées avec les régulateurs américains, mettent en lumière les effets de ces produits sur le développement neurologique.

Rédigé par Anton Kunin, le 13 Sep 2023, à 10 h 58 min
Bayer, Syngenta et d’autres géants de l’agrochimie ont bien caché les études sur la toxicité de leurs pesticides
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Les chercheurs suédois ont aussi révélé que sur 35 études soumises à l’Agence de protection de l’environnement des États-Unis (EPA) entre 1993 et 2015, neuf n’ont pas été partagées avec les autorités européennes. Ces études, axées sur la neurotoxicité développementale (DNT) chez les rats, ont montré des effets secondaires préoccupants chez la progéniture exposée.

Pesticides : des problèmes de développement chez des bébés rats

C’est la première fois que les scientifiques tentent de quantifier ce qui semble être un « phénomène récurrent » : le choix des géants de l’agrochimie de ne pas partager avec les autorités de l’Union européenne les études sur la neurotoxicité développementale (DNT) de leurs produits. En l’occurrence, avec l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA), chargée de juger du niveau de sécurité des pesticides mis sur le marché en Europe. Il se trouve que sur 35 études réalisées ces deux dernières décennies, neuf ont été transmises à l’Agence américaine de protection de l’environnement (EPA), chargée outre-Atlantique de réglementer les pesticides… mais pas à l’Union européenne.

Axel Mie, chercheur à l’Université de Stockholm et co-auteur de cette étude publiée dans la revue Environmental Health le 1er juin 2023, s’est dit scandalisé par cette situation. « Il est scandaleux et incroyable qu’une bonne partie de ces études ne parvienne pas aux autorités comme l’exige la loi », fustige-t-il. Les études en question ont été menées sur des rats enceintes pour tester si leur progéniture, exposée aux composés, présentait des problèmes de développement. Parmi les effets secondaires observés chez la progéniture adulte, on note une prise de poids réduite, un retard de la maturation sexuelle et une détérioration de l’activité motrice.

« Protéger le cerveau de nos enfants »

Face à ces révélations, Bayer et Syngenta, qui ont chacun parrainé trois des études, ont rejeté les conclusions de la recherche. Bayer a affirmé avoir « toujours soumis les études nécessaires requises par la réglementation de l’UE à l’époque », soulignant que le processus avait évolué au fil des ans. De son côté, Syngenta a déclaré avoir « respecté toutes les demandes de données de l’UE et de la Suisse », précisant que les études en question avaient été réalisées pour répondre aux directives réglementaires américaines.

Christina Ruden, co-auteure de l’étude, exhorte les autorités de l’UE à retirer la responsabilité des tests chimiques aux producteurs pour la confier aux autorités, comme c’était le cas avant. Bien que les études sur les rats ne soient pas directement applicables aux humains, l’objectif de la recherche DNT est de protéger les individus contre les produits chimiques pouvant affecter leur attention, concentration, coordination, apprentissage, mémoire et QI, explique-t-elle, avant de résumer : « Il s’agit de protéger le cerveau de nos enfants ».

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Journaliste de formation, Anton écrit des articles sur le changement climatique, la pollution, les énergies, les transports, ainsi que sur les animaux et la...

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