Plan de libération des énergies renouvelables : développer la filière méthane

Le groupe de travail sur la libération de la méthanisation a rendu ses conclusions. Il préconise des actions pour aider les agriculteurs à compléter leurs revenus, professionnaliser la filière et accélérer les projets. La France veut en effet atteindre, en 2030, l’objectif de 10% de gaz d’origine renouvelable dans la consommation.

Rédigé par MEWJ79, le 27 Mar 2018, à 9 h 50 min
Plan de libération des énergies renouvelables : développer la filière méthane
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Après les annonces faites au Salon de l’agriculture, le gouvernement confirme son action pour aider les agriculteurs à s’impliquer dans la méthanisation en leur facilitant, notamment, l’accès au crédit.

Inciter les agriculteurs à s’équiper de cuves de méthanisation

Sébastien Lecornu, secrétaire d’État chargé de l’Énergie, a présenté, lundi 26 mars 2018, toute une série de mesures pour inciter les agriculteurs à s’équiper de cuves de méthanisation. Dans ces vastes cuves circulaires, les bactéries issues des excréments de vaches travaillent, dévorent, transforment, le mélange qui fermente. À la surface, de petites bulles apparaissent, libérant du méthane. À l’air libre, cette fermentation serait très polluante puisque le méthane est un gaz à effet de serre puissant. Mais confinée dans un digesteur, elle offre une solution mêlant recyclage et énergies renouvelables : le gaz combustible peut alimenter un générateur d’électricité et même, être injecté dans le réseau du gaz de ville.

Méthanisation et valorisation du Biogaz from Alex Muma on Vimeo.

Cette installation coûte très cher au départ. Mais il s’agit d’un investissement qui peut se révéler rentable, pouvant rapporter jusqu’à 15.000 euros par an à un agriculteur. Il faut donc, pour commencer, une aide de l’État. Sébastien Lecornu, le secrétaire d’État à l’Écologie, avait annoncé, au Salon de l’Agriculture, plusieurs mesures parmi lesquelles une enveloppe de 100 millions d’euros pour financer des prêts aux agriculteurs. Le gouvernement se lance donc dans ce projet, conscient du retard pris par la France sur ses voisins. En effet, 10.000 agriculteurs sont déjà producteurs de gaz en Allemagne, alors que dans l’Hexagone, ils ne sont que quelques centaines.

Simplifier les procédures avec un guichet par région pour instruire les dossiers

En outre, les agriculteurs vont bénéficier de formations, y compris sur les impacts écologiques. L’objectif du gouvernement Macron est qu’à l’horizon 2030, 10 % de la consommation française de gaz  provienne de la méthanisation.

Or, selon l’Organisation des Nations-unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), le méthane provenant des rots et autres flatulences liés à la digestion des ruminants, représenterait près de 40 % des émissions de gaz à effet de serre dans l’agriculture, ce qui en fait la première source d’émissions de ce secteur. Les rejets de méthane n’ont pas cessé d’augmenter depuis une dizaine d’années, contribuant à aggraver la crise climatique. Cette solution permettrait donc, aussi, de diminuer cette pollution. Pour rappel, une étude récente a montré que 100 % du gaz pourrait provenir du recyclage de déchets en 2050.

biogaz, méthane

Les agricuteurs vont devenir des producteurs d’énergie © Fabian Faber

Jusqu’ici les agriculteurs se retrouvaient face à un parcours du combattant. Et pour cause : ces installations sont classées, en raison des nuisances ou des risques qu’elles présentent, et donc soumises à de nombreuses réglementations et autorisations. Le gouvernement prévoit par conséquent de créer également un guichet unique pour l’instruction des dossiers réglementaires. Ces procédures interminables vont être simplifiées pour que les délais passent d’un an à six mois. Le gouvernement souhaite ainsi faciliter l’accès au crédit pour la méthanisation agricole et mettre en place un complément de rémunération pour les petites installations.

Un risque : pour pouvoir méthaniser un maximum, il faudra « gaver » les méthanisateurs de fumier ou de lisier, ne va-t-on pas assister rapidement à l’apparition de très grosses fermes tendant vers les fermes-usines, dont la seule finalité serait de récupérer les déjections animales pour produire de l’énergie ?

Illustration bannière : Vache et centrale à biogaz – © Rudmer Zwerver
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Journaliste, je fais le grand écart entre football et littérature jeunesse.

2 commentaires Donnez votre avis
  1. Non seulement une installation de méthanisation est rentable, mais aussi écologique sachant que ce gaz est 20 fois plus polluant que le CO², mais on voit bien que nos dirigeants sont plus plus attachés à inventer des taxes et taxer à outrance pour remplir les caisses qu’ils vident plus vite qu’elles ne se remplissent, qu’à agir pour promouvoir cette filière.

  2. La production de méthane n’est-elle pas une civilisation chinoise? Et nous avons appris que la Hollande finançait la France avec du gaz méthane, n’est-ce pas?
    Je salue le processus de production de méthane que vous préconisez est propre et économique.

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