Sauter le petit déjeuner, une bonne idée ?
Quelle que soit les raisons de ne pas prendre le premier repas de la journée (pas le temps, envie de maigrir, rien de bon à manger, etc.), il est nécessaire de comprendre les risques liés à cette pratique sur le long terme.
L’absence de petit déjeuner pousse au grignotage, en cas d’hypoglycémie notamment. La tendance est de se tourner vers des aliments à forte teneur énergétique (barre de céréales par exemple) qui sont souvent associés à des teneurs en lipides importantes. Avec des répercutions sur le taux de cholestérol, et donc des risques de maladies coronariennes, si cette pratique est récurrente sur plusieurs années.
A côté du grignotage, les carences en minéraux et en vitamines peuvent apparaître : calcium, magnésium, fer, mais aussi vitamines C, D et surtout toutes celles du groupe B.
Dernière conséquence négative : les enfants qui ne prennent pas de petit déjeuner ont tendance à présenter un surpoids à l’adolescence par rapport à ceux qui mangent le matin. C’est le résultat d’une étude suédoise de 2009 sur 35 000 adolescents (1).
Pour finir sur une note positive, des chercheurs italiens ont montré une association favorable entre la consommation de petit déjeuner continental et la réduction du risque de maladies cardio-vasculaires (2).
Zoom sur le petit déjeuner des Français **
- Des heures différentes : en semaine, la majorité des adultes déjeunent avant 9 heures et les enfants avant 8 heures.
- La convivialité surtout pour les plus jeunes : 80 % des enfants ne déjeunent pas tout seuls ; ce qui n’est pas le cas pour un ado sur deux.
- Une composition qui varie selon les âges :
– le petit-déjeuner continental garde la faveur des adultes : 93 % des petits déjeuners contiennent des boissons chaudes, 54 % sont composés d’une tartine, 41 % contiennent du beurre et 27 % de la confiture ou du miel.
– les jeunes ont des petits déjeuners plus éclectiques : un sur quatre mange des céréales de petit-déjeuner, accompagnées d’un produit laitier.
- Peu de fruits : le matin, les fruits et les jus de fruits sont encore peu présents à la table des Français.
Petit-déjeuner continental ou English breakfast ?
La différence entre les deux se fait surtout sur les protéines. Il y en a plus dans l’English breakfast, sous forme de bacon, d’oeuf ou de jambon. On peut aussi y trouver des féculents salés, sous forme de haricots blancs en sauce par exemple.
Si les Anglais mangent ce genre de choses le matin, c’est parce qu’ils ne mangent presque rien le midi : un sandwich, quelques tartines. C’est comme s’ils inversaient les repas par rapport à nos pratiques françaises. Mieux vaut donc faire de même si on a opté pour l’English breakfast le matin. Mais au sandwich, il ne faut pas oublier de rajouter un fruit, et/ou une salade pour avoir des vitamines et des fibres en suffisance et rattraper celles qui n’ont pas été servies le matin.
Si on mange un repas à la française à midi après avoir pris un petit déjeuner à l’anglaise le matin, on risque d’avoir un apport trop important en calories. Si on peut les dépenser dans l’après-midi, tout va bien. Sinon, la balance énergétique va vers le surplus et donc favorise la prise de poids.
L’avis de la diététicienne : Tout est comme toujours une question d’équilibre et de choix. La faim est un signe essentiel pour manger. Si elle n’est pas ressentie le matin au lever, mieux vaut attendre qu’elle se fasse sentir. Et se préparer une collation équilibrée à manger plus tard : afin d’avoir les bons apports en énergie, mais aussi en vitamines et en minéraux, et de ne pas avoir d’hypoglycémie qui incite à se jeter sur n’importe quoi.
Le petit déjeuner est aussi un repas à partager en famille si c’est possible, avec ses adolescents notamment. C’est un moment de convivialité et de partage important.
Les brunchs du dimanche font partie de cette convivialité.
*
Nouveau : les chroniques de la Diététicienne – nutritionniste
* Source : Programme national nutrition santé
**Source : Credoc, Consommation et mode de vie N° 204 – 2007 –
(1) Croezen et al. Skipping breakfast, alcohol consumption and physical inactivity as risk factors for overweight and obesity in adolescents : results of the E-MOVO project. Eur J Clin Nutr. 2009
(2) Di Castelnuovo et al., étude EPIC, 2010
La lettre hebdomadaire Alimentation est normalement diffusée chaque jeudi. Elle est gratuite et il est facile de s’abonner(ou se désabonner).
– Exemples : le n°2 de la Lettre hebdomadaire (les huiles),la lettre n°3 (les légumes), lettre n° 4 (les calories), la lettre n°5 (le goût), la lettre 7 sur la « néfaste food », la lettre 8 sur les micro-algues …
Veuillez noter qu’Emmanuelle Couturier n’exprime dans ces rubriques que des conseils généraux qui ne sauraient l’engager. Pour des conseils personnalisés, il faut soit la consulter à son cabinet en privé, soit interroger votre médecin personnel.