Pénurie de quétiapine : l’ANSM alerte sur un manque prolongé jusqu’à la rentrée
Le 5 août 2025, l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) a tiré la sonnette d’alarme sur la quétiapine, un psychotrope en forte tension d’approvisionnement.

Alors que les psychotropes font déjà l’objet d’une vigilance renforcée, la quétiapine, molécule utilisée dans la prise en charge de pathologies mentales lourdes, voit ses stocks s’effondrer. En cause, des retards de production aggravant une pénurie amorcée depuis septembre 2024. Cette crise atteint un pic critique à l’été 2025.
Un antipsychotique de plus en plus difficile à trouver : la quétiapine en rupture
Prescrite dans les cas de schizophrénie, de troubles bipolaires ou de dépression résistante, la quétiapine, souvent commercialisée sous la marque Xeroquel, est classée parmi les psychotropes essentiels. Pourtant, sa distribution est désormais sévèrement restreinte. Depuis le 16 septembre 2024, l’ANSM a enregistré des tensions croissantes sur l’ensemble des dosages. Mais la situation a basculé ces dernières semaines. « L’ANSM a été informée d’un retard de production des médicaments à base de quétiapine 300 mg LP et 400 mg LP par le laboratoire Viatris, accentuant les tensions d’approvisionnement en quétiapine actuellement rencontrées en France », peut-on lire sur BFMTV.
Jusqu’à récemment, Viatris assurait un rôle d’appoint critique dans la chaîne de production, palliant les carences du site grec Pharmathen, responsable de plus de 60 % de la production européenne. Ce levier s’est rompu. L’agence française évoque une dégradation attendue jusqu’à la mi-septembre 2025.
Une cascade de mesures d’urgence face à une pénurie de psychotropes
Confrontée à l’épuisement progressif des stocks, l’ANSM a enclenché un arsenal réglementaire dès le premier trimestre 2025. Depuis le 12 février, la distribution à l’unité de la quétiapine LP 50 mg est obligatoire en pharmacie. Une mesure visant à freiner l’évaporation des boîtes. Plus sévère encore, les initiations de traitement sont suspendues, sauf pour un cadre très spécifique.
« Les initiations de traitement à base de quétiapine ont aussi été suspendues, sauf pour les patients présentant un épisode dépressif caractérisé dans le cadre d’un trouble bipolaire », apprend-on du communiqué de l’ANSM. Les médecins prescripteurs ont été appelés à consulter une liste d’alternatives thérapeutiques désormais disponible sur le site officiel de l’ANSM. Mais les professionnels restent inquiets, aucune molécule ne remplace parfaitement la quétiapine, dont les effets sont finement équilibrés dans le traitement de certains troubles psychiatriques.
Le symptôme d’un système de production fragilisé
Le cas de la quétiapine ne constitue qu’un fragment d’un déséquilibre plus vaste. Les psychotropes sont en tension chronique depuis 2023. En janvier 2024, le gouvernement lançait déjà un plan d’action pour sécuriser les approvisionnements. Pourtant, malgré une légère amélioration sur certains médicaments comme la sertraline (Zoloft), les ruptures demeurent fréquentes.
Selon le point de situation publié par l’ANSM le 10 juillet 2025, les difficultés persistent dans les domaines psychiatriques, particulièrement exposés à la dépendance à des sites de production uniques, à l’échelle européenne voire mondiale. La situation est d’autant plus critique que le retard de Viatris survient « dans un contexte déjà tendu », où la demande reste stable mais l’offre se réduit, soumise à une logistique perturbée et à des dépendances industrielles fragiles.
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