Nettoyage par cryogénie : nouveau génie du propre ?

Rédigé par Stephen Boucher, le 24 Jun 2015, à 6 h 11 min
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Nettoyer, vivre dans un lieu sain sans pour autant polluer avec des produits solvants, est une aspiration légitime, des particuliers, mais également des professionnels. Mais certains nettoyages de polluants, de bactéries résistantes ou d’objets délicats ne se satisferont pas d’un coup d’éponge et de savon noir. Le nettoyage humide, à haute pression, ou par sablage, recourent par ailleurs souvent à des solvants néfastes pour l’environnement. Technique ancienne mais qui se développe, le nettoyage par projection de glace carbonique – dit nettoyage par cryogénie ou cryogénique – présente pour les professionnels et les particuliers, une alternative.

Le nettoyage par cryogénie : kesaco ?

Le nettoyage par cryogénie est, il faut l’admettre, encore peu répandu chez les particuliers comme chez les professionnels. Mais qui commence à se faire connaitre car répondant aux attentes d’efficacité et de protection de l’environnement.

Le procédé s’apparente au sablage, mais remplaçant le sable par de la glace carbonique – du CO2 à -78,5°C – projetée sur les surfaces à nettoyer, dans un flux d’air comprimé. La glace carbonique est projetée par un pistolet de tir, à une pression comprise entre 2 et 15 bars, vers le support à nettoyer.

La cryogénie : une technique couramment utilisée

Cryogénie © Italianvideophotoagency / Shutterstock.com – La cryogénie s’intéresse à l’étude des très basses températures : comment les produire, les maintenir et les utiliser dans des conditions spécifiques

Intérêt : le nettoyage par cryogénie n’agresse pas les surfaces à traiter et cela malgré le fait que la glace carbonique soit projetée à haute vitesse sur le support à nettoyer. En effet, contrairement aux techniques qui recourent à la projection de particules abrasives dures – sable, micro-billes de plastique… – pour attaquer une surface, la projection de glace carbonique utilise des pellets de glace carbonique mous, qui s’évaporent sous forme de gaz dès contact avec la surface traitée.

La glace sèche a la particularité de venir facilement et rapidement à bout de toutes les formes de pollution ou de résidus : huile, graisse, tartre, résine, silicone, résidus de production, agents de démoulage, polluants, peintures, huiles et biofilms.

Le nettoyage par cryogénie : triple effet

  • L’impact de la glace carbonique projetée sous pression sur la saleté ou pollution fragilise celle-ci. De plus, un effet de souffle est produit du fait que la glace carbonique passe de l’état solide à l’état gazeux sans transiter par la phase liquide. Ainsi, le CO2 augmente de volume environ 600 fois quand il est projeté. C’est un premier effet cinétique.
  • La différence de température entre la glace carbonique et la surface à nettoyer produit un effet thermique qui fissure la saleté ou pollution. Le support pour sa part est préservé puisque le froid n’altère que les polluants présents en surface.
  • Le changement d’état du CO2 de -78.5°C à, disons, 20°C en conditions normales, produit un effet de sublimation, qui correspond au changement de l’état solide à l’état gazeux sans passer par la phase liquide.

Les avantages du nettoyage par projection de neige carbonique

Cette technique de nettoyage par cryogénie a la particularité de ne pas produire de déchets ou de résidus dangereux. La glace carbonique qui est au départ à l’état solide est transformée par la suite en gaz sans générer d’humidité.

Pour CNH, une société de nettoyage nantaise spécialisée dans cette technique : « Il s’agit d’un procédé de nettoyage d’avenir puisqu’il répond aux attentes des particuliers comme des professionnels et s’avère un procédé unique pour éliminer certains polluants ».

Pas besoin d’eau, d’abrasif, de solvant, d’acide ou d’autres produits nettoyants. Cela permet également de prévenir tout risque de corrosion et prolonge ainsi la durée de vie du matériel.

Avec ce procédé de nettoyage à sec, il est également possible d’éliminer les champignons et autres lichens présents sur les toitures, de nettoyer les pièces d’un moteur, de nettoyer des surfaces après un incendie, de nettoyer des installations de l’industrie agroalimentaire…

Le secteur aéronautique a régulièrement recours à ce procédé, notamment pour nettoyer des matériaux sensibles. Pour les entreprises, cette technique évite également de procéder au démontage et au remontage des équipements à nettoyer, ce qui permet de gagner un temps considérable et de ne pas ralentir la production.

La cryogénie bientôt dans votre salon ?

A priori non. Du coté des particuliers, ce type de nettoyage peut s’avérer efficace pour venir à bout de polluants récalcitrants comme la graisse sur les moteurs ou jantes de voiture, pour la cheminée ou pour la toiture… Un procédé qui ne demanderait donc qu’à être démocratisé, comme le souhaiteraient Kaercher ou encore Cryoblaster, l’entreprise créatrice des premières machines de nettoyage cryogénique.

Mais ces dernières sont difficiles d’accès autrement que par la location, puisque leur prix d’achat est de plusieurs dizaines de milliers d’euros. Pour louer un tel matériel, il faut compter quelques centaines d’euros, hors personnel éventuel. Or le nettoyage de printemps du siècle, il vous faudra donc identifier des besoins très particuliers, comme le nettoyage des suies de fumée après un incendie.

Le nettoyage cryogénique est donc principalement recommandé aujourd’hui en milieu industriel pour éliminer les contaminants récalcitrants aux autres techniques de nettoyage et agroalimentaire, notamment car il ralentit la prolifération des bactéries type E.Coli, Listeria Monocytogènes, et Salmonella Enteritidis, responsables toutes trois de toxi-infections alimentaires graves.

A lire aussi : Dossier : les 5 étapes pour nettoyer sa maison écolo

Illustration bannière : boiling dry ice with vapor, closeup view – © nikkitok Shutterstock
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Stephen Boucher est anciennement directeur de programme à la Fondation européenne pour le Climat (European Climate Foundation), où il était responsable des...

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