L’environnement, pourquoi tout le monde s’en moque

Rédigé par Éléonore Vanel, le 21 Sep 2015, à 9 h 51 min
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Les chiffres sont là, scientifiques, implacables. Sans changement rapide, les températures vont augmenter de 2 à 5°C d’ici 2100. Selon le dernier rapport de l’ONG WWF, le nombre d’animaux marins a déjà été divisé par deux en 40 ans du fait de l’activité de l’homme. D’ici 2050, 30 % des espèces sont vouées à disparaître. « Et ça ne concerne pas seulement le tigre de Sumatra ou le rhinocéros blanc, mais l’ensemble de la biodiversité », souligne le moine bouddhiste Matthieu Ricard.

Pourtant, les questions d’écologie et d’environnement n’intéressent pas. Le Forum de l’économie positive, qui a eu lieu au Havre ces derniers jours, en est une illustration typique. Plus d’une centaine de personnalités sont pourtant venues y aborder des thématiques aussi variées que la transition vers une économie zéro carbone, les océans, la valorisation de la biodiversité ou encore les crimes contre l’environnement. Mais quel retentissement dans les médias ? Quasiment nul, comme le reconnaît pudiquement un organisateur : « c’est vrai que c’est assez décevant. L’année prochaine il faudrait essayer de faire venir davantage de chaînes télé ».

COP21 : intérêt pour un grand événement diplomatique français avant tout

On perçoit, certes, un léger frémissement médiatique autour de la COP21, qui aura lieu à Paris en décembre prochain. Mais qu’on ne s’y méprenne pas : cet événement intéresse car il s’agit du « plus grand événement diplomatique accueilli par la France », pas parce qu’il s’agit de l’avenir de notre planète et de l’humanité. Si la COP21 avait eu lieu à Buenos Aires ou Bangkok, l’attention des médias serait fort probablement ailleurs, dans une actualité plus proche et plus concrète.

matthieu ricard

Matthieu Ricard discutant avec Jacques Attali au Forum de l’Economie Positive le 19 septembre 2015

Le changement climatique, même si on sait qu’il existe, apparaît sous une forme trop abstraite, trop lointaine. Les hausses d’impôts, le prix du paquet de cigarettes ou l’accueil des migrants interpellent les populations, car ce sont des entités palpables, qui influencent notre vie de tous les jours. Les particules fines dans l’air ou les amas de plastique dans les océans ne modifient pas, eux, directement notre quotidien.

Alors, bien sûr, la catastrophe nucléaire de Fukushima, le tsunami de 2004, le cyclone Katrina ou encore les incendies gigantesques causés par la sécheresse en Californie provoquent une réaction d’empathie. Mais qui n’empêche pas, quelques minutes plus tard, de reprendre le cours de nos vies confortables.

Matthieu Ricard dénonce la supériorité de l’égoïsme et du court-termisme

Pour Matthieu Ricard, « l’environnement est une question complexe économiquement, scientifiquement, politiquement, mais qui revient à des questions d’altruisme et d’égoïsme ». L’humanité est trop focalisée sur une vision égoïste et court-termiste. Comme le disait Groucho Marx : « Pourquoi devrais-je me préoccuper des générations futures ? Qu’ont-elles fait pour moi ? » Après nous le déluge, en somme.

Présent au Forum de l’économie positive, le moine bouddhiste propose, pour remédier à cet état de fait, d’apprendre à concilier nos trois temporalités : « le court terme de l’économie, le moyen terme de la qualité de vie et le long terme de l’environnement ». Un objectif ambitieux, qui doit passer par une « évolution des cultures ». Pour le moment, la théorie de l’égoïsme universel reste la règle, et l’environnement reste cantonné au second plan.

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Actuellement à LCI, ex-France Culture, écolo-concernée, défenseuse de la condition animale et curieuse de toutes les initiatives qui touchent au...

3 commentaires Donnez votre avis
  1. la raison de ce désintérêt est simple: l’être humain n’est pas conçu pour réagir à des dangers lointains dans le temps. Notre systeme de danger ne réagit que pour les dangers immédiats : Mettez un lion devant vous, vous réagissez immédiatement, décharge d’adrénaline. Mais dites à un fumeur qu’il va mourir dans d’atroces souffrances dans 30 ans, il s’en fichera. Dites à ce même fumeur que s’il continue il meurt dans 6 mois, il réagira (en principe s’il est pas con).

    La question est: pouvons-nous transformer un danger lointain en danger immédiat pour avoir une chance de sauver notre espèce ? J’en doute … bien que le danger du réchauffement climatique soit de plus en plus visible, les lobbies sont là pour empêcher la révolution nécessaire pour tous nous sauver.

    Nous avons pourtant réussi dans le passé à transformer toutes nos usines du jour au lendemain! Il faut déclarer une guerre, une guerre au climat!

    • Pour répondre à Seb: malheureusement non concernant le fumeur et 6 mois. Le test a été fait avec des personnes atteintes d’obésité morbide, sans effet. Seul un coaching quotidien de longue durée leur a permis de changer leurs habitudes.

      C’est ici, en anglais : http://www.fastcompany.com/52717/change-or-die

    • Par rapport aux lobbies, 350.org se démène et propose quelques vidéo forte à propos pour d’éventuels intéressés

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