Le garage où c’est vous qui réparez votre voiture

‘Vous pouvez venir entretenir et réparer votre voiture de 9h à 18h non-stop au Garage Moderne : nous mettons à votre disposition une boîte à outils et des bleus de travail. Apportez vos chaussures de protection !’ C’est ainsi que vous accueille le site web de cet atelier associatif hors du commun, prospérant à Bordeaux depuis octobre 2000.

Rédigé par Emmanuel Daniel, le 26 Nov 2016, à 10 h 05 min
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Le garage moderne, bien plus qu’un garage

Depuis une quinzaine d’années, les adhérents apprennent à réparer leur voiture, leur vélo ou leur moto tout en faisant des économies et des rencontres.

Andoni, barman est en train de réparer le vélo de sa copine. Ce serveur qui « adore l’esprit du garage » ramène quand il peut des verres et des T-shirts pour aider l’association, qui dispose d’un bistrot associatif.

Béatrice, la directrice, refuse de parler de clients. « Ici, on ne veut pas de consommateurs, mais des acteurs, indique cette psychologue volubile. Si les gens viennent pour économiser trois euros, ce n’est pas la peine On ne veut pas devenir un garage low-cost. D’ailleurs, le Garage moderne n’est pas qu’un garage ».

garage moderne bistro

Un avis partagé par Dominique  : « C’est un lieu de rencontre. Ici, tout le monde est au même niveau. Quand un chirurgien vient, on ne parle pas au chirurgien, on parle à Éric », raconte-t-elle. Effectivement, le bleu de travail tend à effacer les disparités sociales. Le cadre aussi. Pour Béatrice, ce hangar chargé d’histoire et de bibelots, à la croisée des chemins entre un musée d’art moderne et l’entrepôt d’un collectionneur fantasque, « provoque la parole, il ne peut pas s’y passer de choses froides ».

Au Garage moderne se côtoient « profs de facs, électriciens et chômeurs. Quand tu passes du temps avec des personnes si différentes, tu te retrouves à discuter de choses inattendues », livre un employé de l’association sans quitter des yeux la roue du vélo qu’il est en train de remplacer.

Ensemble, adhérents, bénévoles et salariés réparent des voitures, mais aussi le lien social.

Et cette interaction entre personnes d’horizons divers a permis d’accoucher de nombreux projets. Depuis son ouverture en 2000, le Garage moderne a accueilli des dizaines de concerts, expositions ou activités théâtrales.

Grâce au volontarisme des membres, un atelier vélo avec plus de 1.000 adhérents, un autre pour les cyclomoteurs, un atelier d’insertion ainsi qu’un bar associatif ont progressivement vu le jour. À chaque fois, l’initiative émane de l’un des habitués des lieux.

C’est ainsi que Dominique, ancienne cadre dans une grande entreprise désireuse de changer de vie a pu créer une école de mécanique agréée au sein du garage. « J’ai commencé à fréquenter le garage en 2006 en tant que bénévole. J’ai eu l’idée de monter cette école, on m’a dit : vas-y, lance toi. On est ouvert à toute activité qui pourrait concorder avec le garage. On a par exemple, des artistes qui viennent pour s’initier à la soudure », illustre cette femme qui est aujourd’hui un des piliers de l’association.

Une histoire de chat

La montée en puissance progressive et involontaire, si l’on en croit la directrice, permet à l’association d’employer une vingtaine de personnes. L’engouement suscité par le Garage moderne vient conforter son analyse.

Pourtant rien ne prédestinait cette initiative qui n’avait d’autre prétention que de « créer un lieu comme on aimerait en trouver un », à faire vivre une trentaine de personnes et à créer du lien entre des centaines d’autres. Cette belle histoire a commencé totalement par hasard, il y a plus de 10 ans, quand le chat de Béatrice s’était fait la malle. À l’occasion de cette course-poursuite avec le félin, elle rencontre Boufeldja, un « mécano sans papier interdit de séjour en France ». Avec une autre amie, ils décident de monter un garage associatif, « une manière pour lui d’avoir une couverture », explique Béatrice.

Mais quelques temps plus tard, Boufeldja se fait arrêter. Cet événement qui aurait pu signer l’arrêt de mort de ce projet lui a, au final, permis de rebondir. « Les autorités nous ont vu comme des gentils, et il a eu ses papiers », relate la directrice. « À partir ce là, on a pu faire tout ce qu’on voulait. S’il n’y avait pas eu cette aventure humaine, le garage n’aurait jamais pris cette ampleur ». Les déficits d’exploitation occasionnels n’empêchent pas l’aventure de continuer…

Pour en savoir plus : www.legaragemoderne.org

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Emmanuel Daniel est un journaliste indépendant de 25 ans qui s’intéresse particulièrement aux alternatives politiques et économiques au système actuel....

6 commentaires Donnez votre avis
  1. Je souhaite connaître également les réseaux de distribution d’huiles usagées (huile de friture filtrée) comme carburant. En précisant que je ne cautionne pas du tout l’agriculture pour biocarburant.

  2. Ce qui serait bien aussi c’est de recenser tous les garages du même type en France sur une cartographie par ex.
    Merci consoGlobe !

    • Ouai, je suis du même avis que Rahlf, ça serai vraiment intéressant de savoir si y’en a près de chez nous !

  3. Superbes idées et bravo pour l’évolution.
    On est quatre à esasayer de monter ce type de structure mais on bute sur quelques difficultés.
    Peut-on avoir des renseignements et des « aides » de votre part pour débuter ?
    Merci et bravo

  4. SUPER, GéANT,GéNIAL maisou trouve t’on cegenre de garage je sui a 40km de MONTPELLIER..a ST PRIVAT 34700…

  5. Ferrero a besoin de redorer son blason, car son chocolat et autres ingrédients à base de sur-exploitations(ou d’esclavages…) des populations indigènes commence à faire frémir, n’est-ce pas ?
    Ce système de garage associatif existe déjà dans les milieux alternatifs depuis 1 bail. Comme pour le vélo, les initiatives de Vélorution ont permis l’essor du Véli’b, grosse industrie. L’association, par contre, continue à ramer (ou plutôt à pédaler…) pour perdurer la réelle économie sociale et solidaire. Si vous souhaitez savoir de quelle stratégie économique je parle, je vous invite à lire terraeco.net/Pourquoi-la-fondation-Gates,52399.html#forum38083, ainsi que mon commentaire qui s’y trouve.

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