Le freinage, un vecteur oublié de la pollution routière
Sur les routes, les émissions de particules ne se limitent pas aux pots d’échappement : le freinage génère un nuage invisible mais potentiellement nocif que la réglementation néglige trop souvent malgré ses conséquences sanitaires et environnementales.

Des études récentes démontrent que le freinage contribue fortement aux émissions fines — et qu’il reste largement hors du champ des normes. Ce phénomène met en lumière une lacune critique dans l’arsenal réglementaire actuel, qui peine à suivre l’évolution des sources de la pollution routière.
Dans certaines zones, ce ne sont pas les moteurs qui polluent le plus !
Les automobilistes n’y pensent pas forcément, mais le freinage, lui aussi, est source de pollution. Il faut savoir que le freinage produit des particules par frottement entre la plaquette et le disque, mais ce n’est pas tout ; la température joue un rôle déterminant. Lorsque la surface de frein atteint des températures élevées (jusqu’à ~350 °C dans les tests), les matériaux de la plaquette libèrent davantage de particules ultrafines, comme le montrent des essais. Ces émissions thermiques croissent de façon non linéaire avec la chaleur, notamment lors des freinages intenses. Par ailleurs, une étude montre que jusqu’à 80 % des particules générées lors du freinage sont électriquement chargées. Cette caractéristique est essentielle puisque cela pourrait permettre des techniques de captage électrostatiques — une voie encore peu exploitée.
Les projets en conditions réelles, comme celui du CE-CERT, viennent confirmer ces résultats de laboratoire. Dans le cadre de ce projet, des systèmes de prélèvement sont installés sur des véhicules pour quantifier les émissions des freins et pneus dans un contexte urbain et autoroutier. Ainsi, le freinage est loin d’être une source marginale : dans plusieurs zones urbaines, les particules non liées aux pots d’échappement (frein, pneu, re-suspension) dépassent déjà les émissions provenant directement des moteurs.
Le cuivre, un polluant particulièrement toxique
La toxicité de ces particules dépend fortement de leur composition chimique — en particulier la présence de métaux lourds comme le cuivre. Une étude de l’Université de Southampton montre que les particules issues de plaquettes à forte teneur en cuivre provoquent davantage de stress oxydatif, d’inflammation ou même la mort cellulaire dans des cultures de cellules pulmonaires, comparé aux particules diesel. Les chercheurs précisent que si on retire le cuivre, la toxicité diminue.
Les particules fines (PM2,5) et ultrafines (PM0,1) peuvent pénétrer profondément dans les poumons, franchir les barrières pulmonaires et, selon certaines hypothèses, rejoindre le système sanguin. Ces particules métalliques (fer, cuivre, zinc), eux, favorisent la formation de radicaux libres, induisant stress oxydatif et inflammation.
Lire aussi
La pollution de l’air responsable de la mort de 7 millions de personnes par an
Abonnez-vous à consoGlobe sur Google News pour ne manquer aucune info !
A lire absolument




























