Le halal : un bénéfice spirituel pour certains, nutritionnel… incertain
Faisons donc le bilan sanitaire et nutritionnel, en dehors des aspects purement rituels. Pour les catégories d’aliments tout d’abord : se passer d’alcool, personne ne le contestera, est indubitablement meilleur pour la santé, nonobstant l’une ou l’autre étude sur les tanins présents dans certains vins. Mais l’alcool en tant que tel ne sera jamais bon pour la santé. Le porc ? Aucune étude n’a jamais montré les méfaits nutritionnels du porc en soi, mais, certes, de la charcuterie trop grasse ou trop salée, ou de l’abus de protéines animales en général.
Penchons-nous donc sur les bénéfices sanitaires ou nutritionnels liés au mode de production : on notera que l’alimentation non animale aurait ainsi permis d’éviter l’emploi de farines d’origine animale pour nourrir les bêtes, interdites depuis l’an 2000… souvenez-vous de la vache folle à l’orée des années 2000.
Les règles d’hygiène, fondamentalement bénéfiques avant l’ère contemporaine, ne sont pas un plus aujourd’hui, puisque toutes les filières, halal, casher ou non confessionnelle, devant aujourd’hui obéir aux mêmes standards.
Certes halal…
Liberté dans les modes d’élevage
Concernant les modes d’élevage, les textes ne précisent pas dans quelles conditions les bêtes doivent être élevées ni comment elles doivent être nourries. La liberté est donc de mise dans l’élevage, malgré l’injonction à l’humanité du traitement des animaux élevés, et même si certains groupes, tels que l’association Islamic Concern for Animals, précisent que les modes de production doivent traiter l’animal selon des préceptes musulmans. Ceci inviterait à la compassion et interdirait la cruauté à leur égard, et donc prohiberait les élevages industriels, mais force est de constater que l’élevage industriel est aussi de mise dans la filière halal, pour les volailles et les autres viandes.
Il n’y a pas de différence notable sur le plan de l’hygiène aujourd’hui entre la viande halal et la viande ordinaire, non plus en ce qui concerne la manière dont les bêtes sont élevées, abattues et conditionnées. Et le fait est que la viande halal provient bien souvent des mêmes fermes et des mêmes étables que les viandes « ordinaires ».
Par ailleurs, les pratiques traditionnelles et religieuses n’ont pas d’incidence gustative sur la viande. Rien ne remplace un élevage de qualité et un transport dans de bonnes conditions pour ce qui est de la qualité d’une viande, qu’elle soit halal ou non, veillez-y !
Enfin, il est souvent admis que la viande halal, contenant moins de sang à cause de son mode d’abattage, serait plus saine pour la santé. Mais cela n’a en fait jamais été certifié scientifiquement par une étude.
Des bénéfices environnementaux ?
Le développement du halal permet de faire des économies d’échelles avec du bétail venant de fermes de moins en moins lointaines, réduisant les coûts de transport par la même et l’impact CO2.
Vous vous souvenez du personnage de la comédie populaire « Qu’est-ce qu’on a fait au bon Dieux ?» qui voulait lancer un business de halal bio ? Eh bien l’idée n’est pas farfelue du tout : il existe déjà à présent de la viande halal certifiée biologique, même si cela demeure, pour l’heure, marginal. On notera par exemple la marque Biolal de volaille bio certifiée halal ou de petits pots Malaïka.
Produits bio et halal pour petits
Bilan global : on peut très mal, ou très bien manger halal
Un régime halal, on l’aura compris, n’est pas garant d’un régime équilibré. D’ailleurs, l’offre halal s’enrichit de plus en plus avec des bonbons sans gélatine de porc, des simili-cordons bleus, du hachis Parmentier, du kebab, des boissons pétillantes, et même des « faux » champagnes et « faux » vins. Il faut savoir également que beaucoup de produits halal ne sont pas certifiés de manière appropriée et que de nombreuses « fraudes » sont de plus en plus constatées.
Bon jeûne de Ramadan donc, mangez halal et équilibré après la rupture du jeûne !