Dans son numéro de novembre 2017, 60 millions de consommateurs porte des soupçons sur certaines huiles essentielles utilisées dans la lutte contre les poux. Explications.
Pour protéger leurs enfants, les parents se tournent de plus en plus vers des solutions naturelles comme alternatives aux substances chimiques contenues dans nombre de produits vendus dans le commerce. Mais une fois de plus, le danger se cacherait-il là où on l’attend le moins ? En effet, dernièrement le magazine 60 millions de consommateurs a mis en garde contre l’utilisation des huiles essentielles de lavande et d’arbre à thé (Tea Tree), souvent utilisées comme répulsifs anti-poux, chez les enfants : elles ne seraient pas sans conséquences sur le système hormonal.
Des soupçons portés sur l’arbre à thé et la lavande : possibles perturbateurs endocriniens
Depuis quelques années, une abondante offre de produits à base d’huiles essentielles s’est développée en pharmacie. Or, il semblerait que les deux huiles essentielles d’usage très courant que sont l’arbre à thé (tea-tree) et la lavande pourraient mimer l’action d’hormones et ainsi agir comme des perturbateurs endocriniens.
Les produits anti-poux aux huiles essentielles de Tea-tea et de lavande
Pour lutter contre les poux ou pour prévenir leur apparition, les astuces de grands-mères préconisent justement ces deux huiles essentielles très populaires. Les fabricants eux-même, les utilisent dans les répulsifs anti-poux.
Des études qui ne sont pas vraiment nouvelles
La première publication scientifique émettant l’hypothèse de perturbations endocriniennes lors d’expositions aux huiles essentielles date de 2007. Publiée dans le New England Journal of Medicine, elle arrivait à la conclusion que ces huiles essentielles mimaient l’activité des oestrogènes naturelles dans les cellules humaines.
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Plus récemment en 2016, suite à trois cas de poussée mammaire anormale (gynécomastie) chez de jeunes garçons âgés de 4, 7 et 10 ans, le centre anti-poison de Lille concluait dans un rapport à une « éventuelle stimulation oestrogénique des composants de l’huile essentielle de lavande » pour expliquer ce phénomène. Les symptômes ont régressé après avoir arrêter d’utiliser les produits cosmétiques formulés avec des huiles essentielles de lavande et d’arbre à thé que ces enfants avaient l’habitude d’utiliser.
Selon la secrétaire de l’Association Française des Pédiatres Endocrinologues Libéraux (AFPEL) interviewée par le magazine 60 millions de consommateurs, les pédiatres endocrinologues ont déjà eu des cas d’enfants chez lesquels « on a observé une activité oestrogénique anormale semblant liée aux huiles essentielles ».
Appliquer le principe de précaution
Les autorités de santé déconseillent l’usage des huiles essentielles chez l’enfant ; même si dans la plupart des ouvrages, on ne préconise des restrictions d’usage que pour les enfants en bas-âge ou de moins de 3 ou 6 ans.
Alors, par principe de précaution, ne devrait-on pas aussi alerter plus largement sur les usages des huiles essentielles chez l’enfant et l’adolescent ?
Illustration bannière : Garçon avec des poux – © STUDIO GRAND OUEST