Les forêts brûlées ne pousseront plus jamais à l’identique

Chaque année, des millions d’hectares de forêt partent en fumée sur tous les continents. Une situation alarmante d’autant plus que, selon une étude, les dégâts pourraient être irréversibles.

Rédigé par Stéphanie Haerts, le 13 Sep 2020, à 10 h 05 min
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C’est une triste réalité. Les forêts qui sont parties en fumée ne pourront repousser à l’identique. Une étude étalée sur 40 ans montre que les forêts des montagnes Rocheuses aux États-Unis rencontrent des difficultés à repousser du fait du changement climatique.

Des forêts perdues à jamais

La côte ouest des États-Unis est actuellement en proie à de violents feux de forêt, avec 1,2 million d’hectares brûlés, causés par la sécheresse. Année après année, les incendies de forêt s’intensifient avec plus de dix millions d’hectares brûlés en Australie en 2019, 900.000 hectares de forêt amazonienne l’année dernière et probablement davantage cette année, et 21 millions d’hectares décimés en Sibérie en 2020. Les forêts qui existaient jusqu’alors sont en train de disparaître, faisant partie du climat d’un autre temps. En effet, si on avait déjà montré que la forêt tropicale mettait un siècle à se regénérer, une nouvelle étude, publiée dans la revue Ecology Letters, indique que les forêts brûlées ne pourront plus repousser à l’identique.

Outre le relâchement de CO2, ces incendies ont une conséquence désastreuse sur les forêts. Celles-ci pourraient ne jamais repousser. Ces paysages seraient alors totalement modifiés selon cette étude américaine qui a observé 1.500 sites forestiers touchés par 52 incendies. L’étude couvre cinq États des Rocheuses américaines entre 1985 et 2015.
Sur le site Walker Ranch dans le comté de Boulder qui a brûlé en 2000, les scientifiques ont noté que les forêts se régénéraient très lentement ou pas du tout. Quinze ans plus tard, 80 % des parcelles examinées sur ces lieux ne comprenaient aucun arbre.

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Arbres brûlés dans le comté de Boulder dans le Colorado – © AlviseZiche

Un climat plus chaud et plus sec

Les chercheurs ont noté une diminution de la repousse des arbres depuis les années 2000. La raison serait due au climat bien plus chaud et plus sec. Les semis sont un bon indicateur de la densité de la forêt repoussée. Après 2000, les semis ne parvenaient pas à pousser sur un tiers des sites en comparaison à 15 % des sites qui avaient brûlé avant 2000, a indiqué Camille Stevens-Rumann, auteur principal de l’étude.
L’un des exemples marquants est la forêt de Buffalo Creek suite à l’incendie qui a eu lieu en 1996 et qui peine à repousser. Les scientifiques ont utilisé de nombreuses informations multirégionales pour comprendre comment le changement climatique impactait la régénération des arbres suite aux incendies.

Le résultat est sans appel. Ils alertent sur les diminutions importantes de la régénération des arbres au 21e siècle. Ils ont également noté des déficits annuels d’humidité de 2000 à 2015 en comparaison à la période 1985-1999. Les chercheurs affirment que certaines régions ne rassemblent plus les conditions propices à la croissance de certaines espèces d’arbres.
De plus, les feux trop intenses ruinent les nutriments et l’humidité indispensables à la croissance des arbres. Conséquence, les forêts ne repoussent pas de façon aussi denses et sont plus enclins à devenir des prairies après les incendies.

À quoi ressembleront les forêts dans le futur ?

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Les forêts sont amenées à évoluer du fait des incendies – © Bumble Dee

À l’avenir, les arbres pourraient migrer en altitude. Stevens-Rumann, professeur adjoint au Département d’intendance des forêts et des parcours de la Colorado State University a indiqué « Nous devons simplement commencer à accepter que les forêts ne reviendront pas partout, malheureusement ». Les forêts pourraient être reconverties en prairies et en arbustes. Dans les Rocheuses, par exemple, deux espèces que sont le pin ponderosa et le sapin de Douglas pourraient ne plus se développer comme avant.
D’ici 2051, selon le scénario d’émissions modérées, moins de 18 % de ces forêts devraient se rétablir si elles étaient brûlées. Le type d’arbres pourrait également changé. Ainsi, une forêt de conifères pourrait devenir une forêt de feuillus. Ces arbres qui peuvent profiter aux cerfs mais avoir un impact négatif sur le caribou des bois.

Au Canada aussi, les chercheurs indiquent que certaines forêts ne pourraient pas repousser après des incendies dans les régions les plus sèches. D’après Natural Resources Canada, les changements climatiques du 21e siècle pourraient accroître encore le nombre d’incendies dans les forêts boréales voire doubler la superficie de forêts brûlées d’ici 2100. Les gigantesques incendies de forêts sont devenus une préoccupation mondiale.
L’activité humaine, la sécheresse et le manque d’eau, conséquences du réchauffement climatique, fragilisent grandement ces espaces vitaux pour l’Homme mais aussi pour les écosystèmes qui se développent dans ces forêts. Il n’a donc jamais été aussi urgent de protéger le poumon vert de la planète afin de préserver ces sanctuaires pour les générations futures.

Illustration bannière : Les forêts brûlées ne repoussent pas complètement – © AlviseZiche
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Rédactrice dans la finance, l'économie depuis 2010 et l'environnement. Après un Master en Journalisme, Stéphanie écrit pour plusieurs sites dont Economie...

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