L’aluminium n’est pas bon pour le corps humain. Mais l’aluminium présent dans les déodorants provoque-t-il le cancer du sein ? Une nouvelle étude relance le débat mais est aussitôt critiquée.
Une nouvelle étude, conduite par l’université médicale d’Innsbruck, en Autriche, indique que le recours très fréquent aux déodorants contenant de l’aluminium sous les aisselles dès un jeune âge » pouvait accroître le risque de cancer du sein plus tard dans la vie « .(2)
« Nous voulions apporter de la clarté » à un débat récurrent, affirme Hanno Ulmer, l’un des auteurs de l’étude et directeur du département de statistique médicale de l’université, » aussi avons-nous enquêté auprès de 209 patients souffrant d’un cancer du sein et d’un groupe de contrôle d’individus sains « . Ce qu’il a constaté avec ses collègues relance le débat sur l’aluminium dans les déodorants.
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Pas de blanc seing pour les déodorants contenant de l’aluminium
L’analyse statistique des données montre que les femmes qui ont déclaré utiliser très fréquemment des cosmétiques sous les aisselles contenant de l’aluminium, c’est-à-dire plusieurs fois par jour, présentaient un risque accru de développer un cancer du sein. « Bien que ce groupe d’utilisateurs très fréquents ne représente que 6 % de toutes les femmes dans l’étude, nos résultats sont statistiquement significatifs », a expliqué Caroline Linhart, auteure principale de l’étude.
Un autre des principaux résultats de l’étude est de révéler que les femmes atteintes de cancer du sein avaient une concentration nettement plus élevée d’aluminium dans leur tissu mammaire que les femmes du groupe témoin. Cela était particulièrement vrai chez les femmes atteintes de tumeurs proches de l’aisselle.
Les auteurs précisent néanmoins qu’il n’existe aucune preuve définitive que les sels d’aluminium provoquent un cancer : « Une analyse plus approfondie est absolument nécessaire. Nos résultats sont basés sur une corrélation purement statistique et aucune relation causale n’a été étudiée ». D’autres spécialistes critiquent par ailleurs la taille de l’échantillon de l’étude autrichienne, notant que les femmes ayant utilisé intensivement des déodorants contenant de l’aluminium avant l’âge de 30 ans ne sont que 27 dans l’étude.
Principe de précaution face à l’aluminium
Dr Hanno Ulmer conclue néanmoins : « On ne peut pas donner un blanc seing clair en ce qui concerne l’utilisation de déodorants avec des sels d’aluminium ». Jusqu’à ce que l’importance des sels d’aluminium en tant que contributeur potentiel soit pleinement expliquée, les auteurs de l’étude recommandent une utilisation prudente des cosmétiques sous les aisselles contenant de l’aluminium. Il est particulièrement recommandé d’éviter l’utilisation excessive de ces produits à un jeune âge.
Attention, la pierre d’alun est un sel d’aluminium naturel
Certes, la pierre d’alun est une alternative aux déodorants issue de la chimie de synthèse et permet d’éviter les déchets qui y sont associés. Soyez toutefois conscients qu’elle présente également un risque, si celui-ci venait à être confirmé, étant une forme de sel d’aluminium naturelle.
Le journal Le Figaro a contacté à l’occasion de la parution de cette étude l’agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) qui rappelle ses conclusions émises en 2011 : « aucun élément pertinent ne permet de considérer l’exposition par voie cutanée à l’aluminium comme présentant un risque cancérogène » tout en émettant deux recommandations importantes : limiter la concentration d’aluminium dans les anti-transpirants à 0,6 %, et ne pas les utiliser sur une peau lésée ou irritée. Le professeur Gherardi, professeur de médecine à l’hôpital Henri Mondor de Créteil, également cité par Le Figaro, rappelle : « L’aluminium dans le corps n’est pas un métal neutre : c’est un métal lourd« .
Préférez donc tout simplement les alternatives naturelles, voire fabriquez vous-même votre déodorant garanti sans aluminium.
Comment repérer l’aluminium dans votre déodorant
Évitez les déodorants contenant les mentions suivantes : « aluminium chloryde », « aluminium chlorohydrate », « aluminium chlorydrex », « aluminium sesquichlorydrate » ou encore « aluminium zirconium ».
Illustration bannière : L’aluminimum dans les déodorants © George Rudy
Références :
- “Use of Underarm Cosmetic Products in Relation to Risk of Breast Cancer : A Case-Control Study“, Linhart, Caroline et al., EBioMedicine, Volume 21 , 79 – 85 (Cliquez sur cette source pour remonter)
- « Use of Underarm Cosmetic Products in Relation to Risk of Breast Cancer : A Case-Control Study« , Linhart, Caroline et al., EBioMedicine, Volume 21 , 79 – 85 (Cliquez sur cette source pour remonter)