On savait que la vie de nos sols était foisonnante… Mais pas aussi loin sous terre

Si on n’avait plus aucun doute sur le fait que les fonds marins étaient colonisés par une multitude d’organismes vivants, on n’avait encore aucune idée de ce qu’il se passait sous nos pieds. Les scientifiques viennent de découvrir qu’il existe une biosphère profonde dans les entrailles de la Terre !

Rédigé par Julien Hoffmann, le 19 Dec 2018, à 8 h 20 min
On savait que la vie de nos sols était foisonnante… Mais pas aussi loin sous terre
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Car oui, dans nos jardins et potager nous savons que les organismes vivants sont aussi nombreux qu’importants, mais qu’en est-il quand on commence à creuser plus profondément ?

Étude de la biosphère profonde : un travail de longue haleine

Il aura fallu dix années de recherches dans le cadre du projet Deep Carbon Observatory pour commencer à avoir des éléments de réponse. Ce sont des centaines de sites de recherche à travers le globe qui ont été étudiés par la communauté scientifique internationale qui a analysé des échantillons de terrain.

Ces échantillons de sols, prélevés grâce à des forages jusque sous les fonds marins ou encore dans des mines ont permis d’y voir plus clair dans un monde qui nous est encore totalement obscur.

Un bateau japonais a même foré jusqu’à 2,5 km sous le plancher océanique, qui se trouve lui-même à 1,2 km sous la surface. Les scientifiques ont donc pu capturer dans ces carottes des microbes jamais observés auparavant et vivants dans une couche de sédiments vieille de 20 millions d’années.

Homme explorant une caverne © Yannick Martinez

Un résultat stupéfiant

Ces travaux nous donnent une première estimation de la vie présente dans ce qui est désormais nommé la « biosphère profonde ». Ce serait ainsi pas moins de 15 à 23 milliards de tonnes de biomasses que nous foulerions de nos pieds sur un total de 2,3 milliards de kilomètres cubes colonisés soit quasiment deux fois le volume de tous les océans du globe.

La biodiversité des organismes vivant dans ces profondeurs terrestres serait supérieure à la totalité de la biodiversité de surface et on y trouverait des représentants de toutes les branches de vie terrestre.

Pour ne rien gâcher, les bactéries et archées (microorganismes unicellulaires) que l’on y retrouve représenteraient près de 70 % de toutes leurs familles sur terre.

Vie intraterrestre : des habitants hors norme dans cette biosphère profonde

Cette biosphère profonde est le lieu de tous les records à tel point qu’aucun n’est annoncé en particulier car il suffit aux scientifiques de s’y pencher un peu plus pour en découvrir de nouveaux !

On peut citer des organismes capable de ne se nourrir que de roche tout au long de leur cycle de vie mais aussi d’évoluer à des profondeurs allant jusqu’à cinq kilomètres sous terre et même 10,5 kilomètres sous la surface des océans. Cela revient à dire qu’il y a de la vie à des pressions pouvant dépasser 400 fois celles de la surface terrestre.

On y trouve également de la vie dans des milieux extrêmement chaud, notamment jusqu’à 121°C soit pas moins de 21°C de plus que la température d’ébullition de l’eau.

La plus étrange des formes de vie trouvée jusqu’à présent est une bactérie que les scientifiques qualifient de « zombie ». Ayant très (très) peu d’énergie à dépenser, ces bactéries sont à la limite de la forme de vie dans la mesure où elles ne grandissent pas et ne se divisent pas. Elles ont cependant des cycles de vie jamais vus et qui s’étendent des millions d’années… voire des dizaines de millions d’années !

Un énorme enjeu de connaissance

Comme pour toutes formes de vie, la communauté scientifique cherche à en apprendre plus. Ces premières découvertes ouvrent le champ à des découvertes encore plus impressionnantes et surtout à bien des questions notamment celles de la capacité de la « vie » sous toutes ses formes à vivre ailleurs que là où nous pensons normalement la trouver.

Comment ces organismes se multiplient-ils ? Quelle est leur capacité d’adaptation ? Comment interagissent-ils avec la surface si tant est qu’ils le fassent ? Combien sont-ils en réalité ?

Si le biomimétisme (s’inspirer du vivant) est une discipline en plein essor, il y a fort à parier qu’en découvrant une telle biosphère nous venons de découvrir une nouvelle bibliothèque du monde du vivant.

Illustration bannière : Mine russe à ciel ouvert – © Great Siberia Studio
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