Chine : des plantes phosphorescentes éclairent comme des veilleuses

Grâce à une technique innovante qui rend des plantes phosphorescentes, ils imaginent déjà des applications qui pourraient révolutionner l’éclairage urbain.

Des plantes phosphorescentes, une prouesse biologique et technologique

Le 27 août 2025, une équipe de l’Université agricole de Chine méridionale a annoncé avoir conçu des plantes phosphorescentes capables de briller dans l’obscurité pendant près de deux heures. Ce résultat, publié dans la revue Matter, repose sur une approche non génétique, utilisant de simples particules luminescentes injectées dans les tissus de plantes succulentes. Selon les chercheurs, ce système ouvre la voie à de nouvelles formes d’éclairage durable, tout en révélant les étonnantes propriétés biologiques des plantes.

Pour parvenir à créer ces plantes phosphorescentes, les scientifiques ont sélectionné l’espèce Echeveria « Mebina ». Elle présente en effet une structure cellulaire plus adaptée à la diffusion de particules luminescentes que d’autres espèces comme le pak-choï ou le pothos doré. L’équipe a injecté dans ses feuilles des microparticules dites « afterglow », capables d’absorber la lumière solaire puis de la réémettre lentement dans l’obscurité. La taille optimale de ces particules atteint environ 7 µm, soit l’équivalent du diamètre d’un globule rouge. Cette dimension intermédiaire leur permet à la fois de circuler dans les tissus végétaux et de générer une intensité lumineuse suffisante.

La démonstration est frappante : ces plantes phosphorescentes brillent jusqu’à deux heures dans une pièce sombre, avec une intensité comparable à celle d’une lampe de chevet. Le chercheur Shuting Liu a résumé l’effet par une comparaison évocatrice : « Imaginez le monde d’Avatar, où des plantes lumineuses illuminent tout un écosystème ». Une image qui illustre l’ambition de rapprocher la biologie réelle de l’imaginaire visuel.

Des performances chiffrées impressionnantes chez les plantes phosphorescentes

Les résultats ne se limitent pas à quelques spécimens isolés. L’équipe a constitué un véritable mur végétal de 56 plantes succulentes, dont la luminosité cumulée permettait de lire un texte dans l’obscurité. Cet assemblage démontre le potentiel d’une telle approche pour créer des installations décoratives ou fonctionnelles. Chaque plante nécessite environ 10 minutes de préparation et un coût matériel estimé à 1,3 euro, comme l’a précisé Shuting Liu dans EurekAlert !. Cette simplicité contraste avec les approches antérieures, souvent basées sur la modification génétique.

La maîtrise de la taille des particules a également été essentielle. Comme l’explique Shuting Liu, « les particules plus petites, de taille nanométrique, se déplacent facilement à l’intérieur de la plante, mais sont moins lumineuses. Les particules plus grosses brillent davantage, mais ne peuvent pas se déplacer très loin à l’intérieur de la plante ». Ce compromis biologique et physique éclaire les conditions optimales pour maximiser la phosphorescence sans compromettre la santé des plantes. L’utilisation de phosphores variés a permis d’obtenir des couleurs multiples : vert, rouge, bleu, bleu-violet et même blanc. Ainsi, ces plantes phosphorescentes ne se limitent pas à un gadget décoratif, mais révèlent un potentiel pour des scénarios lumineux variés.

Vers une nouvelle génération d’éclairage durable grâce aux plantes phosphorescentes

Au-delà de l’exploit scientifique, l’équipe insiste sur les perspectives environnementales. Les plantes phosphorescentes constituent une alternative naturelle et durable aux systèmes d’éclairage classiques. Alimentées par le soleil le jour, elles restituent une lumière douce la nuit, sans consommation électrique supplémentaire. Selon ZME Science, cette technologie pourrait contribuer à réduire l’empreinte carbone des villes en fournissant des solutions d’éclairage intégrées au paysage urbain.

Les chercheurs envisagent également des applications domestiques, en remplacement des veilleuses traditionnelles. Un simple pot de succulente phosphorescente pourrait suffire à guider les déplacements nocturnes. En combinant simplicité technique, faible coût et impact visuel saisissant, cette innovation place les plantes au coeur d’un futur où la biologie devient partenaire de l’énergie.