Il fait la couverture de Time Magazine cette semaine (1). En vedette : le beurre. Les Américains le réhabilitent après l’avoir honnis. Beurre et santé ne font plus bon ménage depuis bien des années En cause : les acides gras saturés. Les scientifiques ont revu leur point de vue sur la question, en étant moins catégoriques sur leur nocivité pour la santé.
Faire la paix avec le gras
La guerre contre les acides gras saturés (AGS) a été déclarée en 1977 aux États-Unis. A tel point qu’en 1990, les messages « anti-gras » étaient complètement ancrés dans la médecine et la nutrition. La posture anti beurre était si forte que tout discours essayant de remettre ce dogme en question n’était pas entendu, car pas recevable.
« Il y avait une forte croyance selon laquelle les acides gras saturés causaient des maladies cardiovasculaires, et il y avait une forte résistance à tout ce qui l’interrogeait » déclare le Dr Walter Willet, Chef du département de nutrition de la Harvard School of Public Health, dans Time Magazine. Consommer du gras était donc un péché alimentaire aux Etats-Unis pendant toutes ces années, mettant au ban de l’alimentation les sources principales d’acides gras saturés : les produits laitiers, les viandes et les oeufs.
Les résultats de ces croyances ont eu des effets pervers : les graisses ont été compensées par des… sucres ! Les épidémies de diabète et d’obésité ont commencé en même temps. « La myopie focalisée sur le gras a perverti l’alimentation des Américains, et a contribué à la plus grande crise sanitaire à laquelle les États-Unis ont à faire face aujourd’hui » analyse le journaliste du Time.
En nutrition, le « trop peu » et les interdits sont aussi délétères que les excès !
Pas de lien entre les risques cardio-vasculaires et les acides gras saturés
En 2010, deux méta-analyses (dont une publiée en 2014 (2) concernant plus de 500 000 sujets) ont démontré une absence de lien entre le risque cardiovasculaire et la consommation d’AGS ou de polyinsaturés, classiquement considérés comme bons pour le coeur.
Certains AGS seraient même bons pour la santé : la matière grasse laitière est associée à un plus faible risque cardiovasculaire (3).