Catastrophes naturelles : l’assurance habitation devient très chère

La flambée du coût de l’assurance habitation n’est plus une menace théorique. Sous l’effet direct des catastrophes naturelles, les primes augmentent, les garanties se durcissent, et certains territoires glissent lentement vers l’inassurabilité. Une mutation silencieuse est en cours.

Rédigé par , le 3 Dec 2025, à 9 h 53 min
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Depuis le 1er janvier 2025, l’assurance habitation connaît une nouvelle rupture tarifaire : la surprime liée au régime des catastrophes naturelles, dit CatNat, est passée de 12 % à 20 %. Cette décision intervient dans un contexte de dérèglement climatique accéléré, alors que la fréquence des sinistres explose et que les coûts d’indemnisation atteignent des niveaux historiques.

L’explosion des catastrophes naturelles crée une equation difficile pour les assureurs

Depuis plus de quarante ans, le régime CatNat repose sur un principe de solidarité nationale. Chaque contrat d’assurance habitation inclut automatiquement une surprime permettant de financer l’indemnisation des dégâts provoqués par les catastrophes naturelles reconnues par arrêté. Toutefois, ce mécanisme, longtemps considéré comme robuste, est désormais fragilisé par l’intensification rapide des événements climatiques extrêmes. Or, avec la multiplication des sécheresses, des inondations et des tempêtes, les équilibres financiers du système sont aujourd’hui remis en cause.

En 2024, les catastrophes naturelles ont généré un coût total de 5 milliards d’euros pour les assureurs, a calculé l’association UFC-Que Choisir. Ce volume fait de cette année l’une des plus coûteuses depuis la création du régime en 1982. En parallèle, près de 4,6 millions de sinistres liés à l’assurance habitation ont été indemnisés pour un montant global atteignant 8 milliards d’euros. Ainsi, mécaniquement, la soutenabilité du régime CatNat s’est dégradée, ce qui a conduit l’État à acter une hausse structurelle de la surprime.

Depuis janvier 2025, cette surprime CatNat est donc passée officiellement de 12 % à 20 % sur tous les contrats d’assurance habitation et dommages aux biens. Cette évolution vise à reconstituer les réserves financières du régime public de réassurance, dont l’érosion s’est accélérée au cours de la dernière décennie. En d’autres termes, chaque assuré contribue désormais davantage à la couverture collective des catastrophes naturelles, dans un contexte où ces événements deviennent à la fois plus fréquents et plus destructeurs.

L’assurance habitation, un vecteur de transmission économique du dérèglement climatique vers les ménages

L’impact de cette réforme ne se limite pas à la seule surprime CatNat : l’ensemble des tarifs de l’assurance habitation connaît une progression rapide. Toujours d’après les calculs de l’UFC-Que Choisir, en 2024, la prime moyenne de multirisque habitation est ainsi passée de 279 euros à 299 euros hors taxes, soit une hausse de 7,2 %. Cette augmentation s’explique par l’addition de plusieurs facteurs, dont l’alourdissement de la charge des sinistres climatiques constitue désormais le moteur principal.

Pour 2025, les professionnels du secteur anticipent une nouvelle augmentation des tarifs comprise entre 8 % et 11 %. Cette dynamique place l’assurance habitation parmi les postes de dépenses contraintes connaissant la plus forte accélération. Or, derrière cette inflation se cache une réalité plus structurelle : le dérèglement climatique agit désormais comme un facteur permanent de tension sur les équilibres techniques des compagnies d’assurance.

La Banque de France souligne d’ailleurs que le changement climatique pèse déjà directement sur l’économie nationale. En augmentant la sinistralité, il contraint les assureurs à renforcer leurs exigences de solvabilité, à ajuster leurs modèles actuariels et à réviser à la hausse leurs primes. Ainsi, l’assurance habitation devient l’un des premiers instruments de transmission économique du dérèglement climatique vers les ménages. À travers cette mécanique, le coût environnemental des catastrophes naturelles est progressivement intériorisé dans les budgets familiaux.

Catastrophes naturelles : certains territoires sont devenus inassurables

Au-delà de la hausse générale des tarifs, un phénomène plus inquiétant émerge dans certaines zones fortement exposées aux catastrophes naturelles. Selon UFC-Que Choisir, l’accès à l’assurance habitation devient de plus en plus difficile dans plusieurs territoires soumis à des risques répétés, notamment les zones inondables et les régions touchées par la sécheresse des sols. Dans certains cas, les compagnies réduisent leurs garanties, augmentent fortement les franchises ou refusent tout simplement d’assurer de nouveaux biens.

Ce glissement progressif vers l’inassurabilité repose sur une logique économique simple. Lorsque la probabilité de sinistre devient trop élevée, le modèle assurantiel perd son efficacité mutualiste. En conséquence, les acteurs du marché limitent leur exposition, quitte à créer des zones où l’assurance habitation devient quasiment inaccessible. Or, cette évolution pose un problème social majeur : sans assurance, l’accès au crédit immobilier se bloque, la valeur des biens se dégrade, et l’attractivité résidentielle s’effondre.

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Journaliste de formation, Anton écrit des articles sur le changement climatique, la pollution, les énergies, les transports, ainsi que sur les animaux et la...

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