Utilisé dans le domaine de la mode, de la construction automobile , le cuir reste omniprésent dans notre société. Pourtant il existe des substituts d’excellente qualité, exempts de toute matière animale. Mais, pourquoi bouder ce matériau et y a-t-il des alternatives au cuir classique ?
Pourquoi se défaire du cuir animal ?
Ce n’est pas un secret : L’industrie du cuir est responsable de la mort de plus d’un milliard d’animaux chaque année. Des vaches, cochons, chèvres et même des chiens et des chats subissent des violences et une mise à mort atroce pour leurs peaux. Voici toutes les raisons de préférer les alternatives au cuir animal.
La cruauté envers les animaux
Chaque année, environ 2 millions de vaches sont transportées de l’Inde vers le Bangladesh (afin de contourner l’interdiction sur l’abattage en Inde) pour y être égorgées et écorchées, souvent encore conscientes et devant le regard terrifié de leurs congénères.
Un sort cruel © Maksym Povozniuk
Dans les ranchs bovins au Brésil (d’où provient le cuir utilisé dans les intérieurs de voitures des plus grands constructeurs), les jeunes veaux sont arrachés à leurs mères, traînés et plaqués à terre pour être marqués au fer rouge au visage, pour épargner leur pelage.
Cette cruauté n’a pas lieu d’être, et c’est pourquoi de grandes marques comme Tesla décident d’abandonner le cuir et d’offrir des intérieurs de voitures en matières véganes.
Le cuir est toxique et pollue
En plus d’être cruel, le cuir peut être toxique pour ceux qui le portent. Les peaux animales sont tannées au chrome, qui peut devenir nocif lorsqu’il est associé à d’autres substances (provoquant des démangeaisons et autres réactions allergiques qui peuvent évoluer et provoquer de graves problèmes de santé). Le chrome et les autres substances utilisées dans les tanneries sont aussi dangereuses pour les ouvriers qui y travaillent.
D’autre part, l’industrie du cuir pollue énormément, par le biais des eaux usées rejetées par les tanneries dans les cours d’eau, qui peuvent empoisonner les populations et écosystèmes environnants.
Le manque de transparence de cette industrie
Une enquête diffusée par PETA révèle les dessous de l’industrie du cuir de chien en Chine(1). La plupart des consommateurs en France seraient horrifiés de savoir qu’ils portent la peau d’un chien (bien qu’une vache souffre tout autant), mais le manque de transparence du commerce du cuir mondial fait qu’il est souvent impossible de déterminer à quel animal appartenait la peau dont sont faits ses chaussures, sa ceinture ou son sac. Et quand l’espèce est indiquée, il reste impossible de savoir comment l’animal a vécu et dans quelles conditions il a été mis à mort.
Qu’acheter à la place ? Quelles sont les alternatives au cuir animal ?
Plusieurs créateurs et grandes enseignes (dont Esprit et Dr Martens, entre autres) ont été récompensés lors de la toute première édition du Prix de la Mode Végan de PETA pour leurs articles innovants conçus à partir de similicuir et allant dans le sens de la consommation éthique, de plus en plus prisée par les consommateurs.
La mode vegan a le vent en poupe © Eugenio Marongiu Shutterstock
La mode végane est en plein essor, et de nombreuses marques dédiées font surface et proposent des sacs, chaussures et autres accessoires en similicuir (tels que By BLANCH, Magnethik ou encore Good Guys Don’t Wear Leather). Certaines grandes marques de luxe se sont entièrement défaites du cuir, y compris Stella McCartney, Olsenhaus et Bourgeois Boheme, mais les articles en similicuir sont accessibles à tous budgets (dans les grandes enseignes telles que Zara, H&M et La Halle, par exemple).
Les alternatives au cuir animal
Les matières ressemblant au cuir, mais produites de manière écologique et éthique tout en étant résistantes et durables, sont de plus en plus répandues. Certaines sont plus classiques, comme le polyuréthane qui forme l’Ultraleather (un tissu versatile conçu par la marque Ultrafabrics), l’Alcantara (une fibre synthétique utilisée par exemple dans la collection de chaussures d’Amélie Pichard en collaboration avec Pamela Anderson), ou encore le Dinamica (une microfibre ressemblant à du daim et utilisée dans les intérieurs de voitures, revêtement de sièges ou de meubles), tandis que d’autres sortent totalement de l’ordinaire.
Plus originales
Pour commencer par la plus célèbre des alternatives au cuir animal : il y a le cuir d’ananas, ou Piñatex, un tissu étanche et solide qui a l’apparence du cuir, peut être teint et dont on peut obtenir différentes textures et épaisseurs.
Fabriqué à partir de fibres extraites de feuilles d’ananas, il est peu coûteux et écologique, étant composé de matériau de récupération. Ayant été excellemment reçu au Royal College of Art à Londres, le Piñatex a même séduit des grandes marques telles que Puma et Camper, qui mettent au point des prototypes de leurs chaussures composées de cette matière.
© Photo Facebook Pinatex
D’autres fruits sont utilisés pour remplacer le cuir, et dans le cas du Fruitleather, il s’agit des fruits invendus, qui seraient sinon jetés. Des étudiants en design aux Pays-Bas ont élaborés des prototypes de sacs en peau de nectarines et en mangue, en cuisant, écrasant et déshydratant des kilos de fruits pour obtenir un textile végétal durable et inodore qui peut avoir différentes textures et propriétés.
Le cuir de vigne(2) est également un nouveau venu – conçu à partir des résidus de peau, de tiges et de pépins issus de l’exploitation du raisin – tout comme le MuSkin (cuir en peau de champignon), le cuir d’hévéa (fabriqué à partir de latex, la sève de l’hévéa), et le cuir fabriqué à partir de celluloses récupérées dans du thé Kombucha. Une créatrice danoise a également récemment développé une matière biodégradable à partir des résidus de pulpe de pommes utilisées dans la production de cidre, qui est rigide et flexible et ressemble au cuir – et fait partie des fabricants végans approuvés de PETA Royaume-Uni, tout comme le MuSkin et le Piñatex.
Le liège, lui, n’essaie pas de s’apparenter au cuir, mais peut être utilisé de manière similaire (dans les chaussures des marques Vans ou Nike par exemple, ou dans des sacs et portefeuilles, comme le prouve la marque Jentil). Naturel, résistant et imperméable, le liège est même plus qu’écologique, les chênes-lièges captant deux fois plus de CO2 que n’importe quel autre arbre.
Accessoires en liège © gg-foto
Le développement de ces nombreuses matières et bien d’autres prouvent qu’il n’y a pas lieu d’utiliser ni d’acheter des peaux animales – responsables de souffrances, de risques sanitaires et de pollution environnementale – quand tant d’alternatives sont disponibles.
Illustration bannière : Chaussures en cuir vegan – © Iuliia Kudrina