Pour trouver une alternative au cuir, la créatrice espagnole, Carmen Hijosa, s’est inspirée de la culture textile aux Philippines pour mettre au point le Piñatex, un cuir végétal fabriqué à base de fibres d’ananas.
Dans les mariages traditionnels ou lors d’événements importants aux Philippines, les hommes s’habillent d’un vêtement transparent appelé Barong Tagalog. Cet habit a la particularité d’être constitué de fibres de feuilles d’ananas qui ressemble étrangement à la matière du cuir, très controversée, que l’on connaît tous. C’est là que la designeuse espagnole, Carmen Hojisa, découvre cet usage philippin et y voit une excellente opportunité pour remplacer le cuir traditionnel.
Le Piñatex, enfin une alternative fiable au cuir
Le textile a été décrit par la créatrice comme un textile fin, robuste et innovant, une matière non tissée à base de longues fibres, tel un feutre. En effet, le Piñatex est composé de fibres extraites de feuilles d’ananas sur les plantations de cultivateurs avant que ces derniers ne cueillent le fruit.
Le Piñatex ressemble beaucoup au cuir. Il peut être teint, imprimé et traité pour donner divers types de textures, des épaisseurs différentes peuvent être produites en fonction du produit final désiré.
Le Pinatex ©Photo Facebook Pinatex
Qui plus est, les feuilles récoltées sont transformées en matière textile. Les restes des matières végétales sont ensuite transformés en biogaz et en engrais organiques destiné aux agriculteurs philippins. En moyenne, pour produire 1m² de Piñatex, il faut 480 feuilles, soit 16 ananas, qui sont ensuite envoyées en Angleterre et en Espagne afin d’être transformées en maillage non tissé.
Après une dizaine d’années de recherche et de développement pour mettre au point des chaussures, des sacs, des chapeaux en fibres d’ananas, Carmen Hijosa a présenté ces produits au grand public au Royal College of Art à Londres et a reçu un formidable accueil pour ses créations et sa manière de travailler.
Un produit en voie de développement
Le prix du Piñatex est d’environ 18 livres sterling, soit 23 euros par mètre carré, alors que le cuir coûte à l’heure actuelle entre 20 et 30 livres sterling, soit 25 et 38 euros au mètre carré, d’après The Guardian. « Notre avantage par rapport au cuir, c’est que les déchets produits représentent 5 % de la matière première, contre 25 % pour le cuir. Et ces déchets représentent eux aussi un coût ! », explique la créatrice au journal The Guardian.
Au Bangladesh, le tannage au chrome est l’opération la plus utilisée pour le traitement du cuir, c’est aussi la plus polluante. Avec ce procédé, les tanneries utilisent environ 170 types de produits chimiques ajoutés au chrome. La production de cuir rejette donc d’innombrables déchets chimiques et organiques dans l’air et dans l’eau, ce qui a pour conséquence de polluer, rivières, lacs, réservoirs et puits.
©Photo Facebook Pinatex
Carmen Hijosa précise également : « Il y a de plus en plus de marques qui cherchent des nouveaux textiles durables, et c’est véritablement là que réside notre positionnement. C’est difficile, il faut être performant, et cela prendra du temps, car pour le moment, ils produisent les premiers prototypes, cela peut plaire ou non. Ce ne sont ni des Converses à la mode, ni des produits en cuir, le marché doit donc s’y préparer ».
Pour l’heure, de nombreuses grandes marques ce sont déjà intéressées au Piñatex, telle que Puma ou Camper. La créatrice se dit enthousiaste sur l’avenir de ce textile innovant. Selon les estimations, 1.000 mètres carrés de Piñatex seront vendus chaque année d’ici 2018, un objectif tout à fait réalisable selon Carmen Hojisa.
Source : TheGuardian.com