À en croire ses adeptes, l’agriculture raisonnée repose tout d’abord sur l’attitude de l’agriculteur qui dans ses choix techniques, prend en compte les règles de la nature, c’est-à-dire qu’il s’adapte au fonctionnement de son écosystème local et des mécanismes de régulation biologiques. Pour ses détracteurs, l’agriculture raisonnée est une supercherie qui introduit la confusion dans l’esprit du public.
L’agriculture raisonnée cherche à trouver un équilibre entre les objectifs de productivité de l’agriculture moderne conventionnelle et les contraintes d’une agriculture respectueuse de l’environnement. L’agriculture raisonnée tend par là à se rapprocher de l’agriculture biologique sans toutefois en adopter toutes les contraintes et donc sans pouvoir en revendiquer le sigle ou le nom.
L’agriculture raisonnée : une approche plus réaliste que la vraie bio ?
D’une manière générale, les pratiques de l’agriculture raisonnée sont définies dans un cadre élaboré en concertation entre spécialistes de l’agriculture, de l’agro-alimentaire, de l’environnement, de la distribution, et représentants des consommateurs. D’un point de vue règlementaire, la première référence à l’agriculture raisonnée figure dans la loi NRE de mai 2001. Mais, on reste loin de la rigueur appliquée à la définition des produits bio.
Il est attribué sur demande aux produits alimentaires qui respectent le cahier des charges de l’agriculture biologique correspondant à leur catégorie (fruits, légumes, lait, viande, poisson, etc), ainsi qu’aux préparations alimentaires utilisant ces produits. Le label AB est la propriété du Ministère de l’agriculture français, et les producteurs labellisés sont régulièrement contrôlés par des certificateurs indépendants agréés par l’État.
Acheter des aliments BIO, et des produits bio en général, permet de ne pas s’exposer aux multiples effets toxiques des milliers de produits chimiques ou non naturels (aluminium, zinc, etc.) que contiennent les aliments.
L’agriculture raisonnée est donc un mélange de techniques modernes, voire de pointe, et de savoir-faire traditionnels « à l’ancienne ». Un agriculteur raisonné utilisera par exemple un peu d’engrais chimique à certaines périodes de l’année alors que l’agriculteur biologique, lui, se l’interdit complètement. Autre exemple, l’agriculture raisonnée n’exclut pas complètement les OGM.
Selon ses partisans, l’agriculture raisonnée est une meilleure réponse aux attentes et aux contraintes de la consommation moderne, avec ses exigences croissantes de qualité et de volume. Ainsi, la production de produits Bio ne suffit pas en volume et face à l’expansion de la demande de 10 % par an, il faut maintenant importer de plus en plus de produits biologiques de pays étrangers ; ceci étant peu bénéfique au bilan écologique desdits produits.
L’agriculture raisonnée, une étape raisonnable vers la bio ?
La conclusion naturelle de certains est que l’agriculture raisonnée est pour des agriculteurs, longtemps habitués aux méthodes productivistes peu soucieuses de la préservation de la nature, un mode de production auquel ils peuvent se référer sans tout bouleverser. Pour certains, passer par l’agriculture raisonnée permet, quelques années plus tard, d’envisager une évolution vers l’agriculture bio, alors plus aisée. Notons d’ailleurs que certains agriculteurs BIO entretiennent parallèlement des cultures « raisonnées ».
Force est de constater pourtant que le sujet est très polémique et que certains puristes contestent fortement la pertinence de l’agriculture raisonnée, qui à certains égards, est considérée comme aussi négative que l’agriculture intensive classique.