Après le changement climatique, les espèces invasives représentent le principal danger pour les plus grands sites naturels du patrimoine mondial.
L’état des lieux du patrimoine mondial
Près d’un tiers des sites du patrimoine mondial naturel en péril le sont du fait d’espèces exotiques envahissantes. Elles restent la deuxième menace la plus fréquente, touchant 30 % d’entre eux. C’est là l’un des constats dressés lors du dernier Congrès mondial de l’UICN (Union Internationale pour la Conservation de la Nature) sur les aires protégées et conservées.
On connaît notamment l’UICN pour sa liste rouge des espèces en voie d’extinction. Certes, comme l’ont rappelé ses 1400 membres issus de gouvernements, de la société civile et d’organisations de peuples autochtones, le changement climatique demeure la plus grande menace qui soit pour 43 % des sites naturels, contre 33 % il y a cinq ans de cela.
Le danger des espèces invasives
Plus largement, les sites naturels les plus précieux de la planète sont à la fois menacés par la crise climatique, les espèces invasives et le surtourisme. Ainsi, plantes et insectes envahissants représentent désormais la deuxième menace la plus répandue après le changement climatique. Au point d’avoir d’ores et déjà provoqué l’extinction de 1.200 espèces locales. Ainsi, dans certaines aires protégées, telle la Région Florale du Cap, en Afrique du Sud, le changement climatique a accéléré la prolifération des espèces envahissantes.
Au total, selon l’UICN, on recense à l’heure actuelle 46 sites naturels en bon état, 119 préoccupants, 88 fortement préoccupants et 17 dans un état critique, tels la réserve du Ténéré, au Niger et les Everglades, aux États-Unis. Son dernier Congrès mondial de la nature 2025 s’est d’ailleurs clos à Abu Dhabi avec un « avertissement » clair sur la perte rapide de la « biodiversité ».
Renouée du Japon (Fallopia japonica) qui envahit les berges et talus
« Protéger le patrimoine mondial ne consiste pas seulement à sauvegarder des lieux emblématiques, mais aussi à protéger les fondements mêmes de la vie, de la culture et de l’identité des peuples du monde entier, a rappelé Grethel Aguilar, directrice générale de l’UICN. Nous devons nous unir autour d’une action plus engagée sur le terrain et d’investissements plus importants pour garantir la pérennité de ces trésors irremplaçables – pour la nature, pour les populations et pour les générations à venir.»
Lors de son précédent congrès, à Marseille en 2021, l’UICN avait publié un manifeste appelant à des « changements fondamentaux ». La communauté internationale s’est par ailleurs engagée, dans le cadre du traité de Kunming-Montréal, à protéger 30 % des surfaces terrestres et marines d’ici 2030, à restaurer 30 % des écosystèmes dégradés. Alors qu’un million d’espèces végétales et animales sont menacées de disparition à moyen terme, l’UICN a appelé à Abu Dhabi à « étendre le petit nombre de succès au grand nombre de sites qui en ont besoin ».
Les écrevisses de Louisiane étouffent la faune et la flore aquatique
Les espèces invasives en France
En France, on en compte plusieurs centaines : la renouée du Japon, le frelon asiatique ou encore le ragondin font partie des plus connues. Ces envahisseurs bouleversent les écosystèmes, nuisent à l’agriculture, à la santé et même aux infrastructures. Dans les rivières, l’écrevisse de Louisiane et la jussie étouffent la faune et la flore aquatique. Sur terre, la berce du Caucase ou la coccinelle asiatique posent des problèmes sanitaires. Leur prolifération s’accélère avec le réchauffement climatique, facilitant leur adaptation. Pour limiter leur impact, la prévention est essentielle : éviter les introductions, surveiller les milieux naturels et informer le public. La lutte contre les espèces invasives est un enjeu collectif pour préserver notre patrimoine vivant.