Imaginez une flotte de voitures à chaque instant disponible, qui, d’un clic sur votre téléphone se présenteront devant chez vous, vous amèneront où vous voulez, en toute sécurité, sans que vous ayez à faire autre chose que lire, travailler, jouer à des jeux vidéos ou bavarder avec vos amis… Le futur n’est plus si éloigné : les prototypes de voitures sans conducteur se multiplient.
Celles-ci sont-elles vouées à remplacer les véhicules traditionnels ? A quelle échéance ? Avec quels conséquences sur le parc existant et la pollution urbaine ? ConsoGlobe se penche sur la question.
Les voitures sans conducteur : une réalité
Les voitures sans conducteur arrivent plus vite que prévu. Au-delà de la très médiatisée « Googlecar », les constructeurs s’y mettent tous. Mercedes, Audi, BMW, Volkswagen et Volvo y travaillent déjà. Malgré le flop d’une e-Golf auto-pilotée pour cause de panne de batterie, le Consumer Electronics Show (CES) de janvier 2015 à Las Vegas les a mises à l’honneur.
Y était notamment présentée une Audi 7 qui a fait le trajet entre la Silicon Valley et Las Vegas, soit presque 900 kilomètres, sans pilote. Soit aussi la distance la plus longue jamais parcourue par une voiture de ce type.
BWM et Volkswagen développent des systèmes par lesquels les voitures se garent elles-mêmes, sans que vous soyez dans la voiture. Valeo a aussi développé le système ValetPark4U qui vous permet de fermer votre véhicule et de le laisser se garer pendant que vous allez tranquillement vaquer à vos occupations.[1]
La firme suédoise Volvo mettra quant à elle pas moins de 100 voitures auto-pilotées sur les routes de Gothenburg en 2017.
Pas de généralisation tant que la loi ne les autorisera pas
« La conduite du futur sera électrique, automatisée et connectée » prédit le PDG de Bosch Volkmar Denner au CES. Son point de vue est largement partagé. Les constructeurs annoncent ainsi une mise sur le marché de ces voitures d’ici 2025. Selon le magazine spécialisé dans les technologies automobiles de pointe TU-Update, « la date est contestée mais leur arrivée est inéluctable ».
Mais la technologie est déjà bien avancée. Les voitures déjà sur le marché qui peuvent se garer seules sont nombreuses. Et les tests de véhicules autonomes sont déjà probants. Ce qui freine, sans mauvais jeu de mot, c’est la réglementation qui oblige à ce que les véhicules sur la chaussée publique soient pilotés par un être humain.
L’administration britannique s’est déjà attelée à la question. UK Autodrive, un consortium d’autorités locales, d’entreprises automobiles et d’établissements universitaires est ainsi le vainqueur d’un projet de £10.000.000 (… millions d’euros) d’un concours du gouvernement pour l’introduction de voitures sans conducteur. L’objectif du projet est d’établir le Royaume-Uni en tant que plaque tournante mondiale pour le développement des technologies de véhicules autonomes et d’intégrer les véhicules sans conducteur dans des environnements urbains en les testant dans deux grandes villes.
La Californie a elle aussi pris les devants en introduisant de nouvelles règles pour les essais de ces véhicules automobiles, exigeant que les conducteurs soient en mesure de prendre le « contrôle physique immédiat » d’un véhicule en cas d’urgence. Des normes fédérales sont à l’étude pour l’utilisation de ces engins dans différentes conditions en fonction du climat, du terrain, de la densité de population ou d’autres facteurs.
Ces efforts publics préfigurent la compétition qu’anticipent entre Etats pour être en pointe sur ce marché émergent.
L’acception par les usagers sera décisive
D’autres questions pourraient toutefois freiner l’adoption par les consommateurs, notamment bien sûr la confiance en la fiabilité de la technologie, les questions d’assurance et de responsabilité associées, mais aussi la protection des données privées quant au déplacement des particuliers. Ceci étant dit, l’expérience des « Smartphones » montre que les bénéfices du service innovant sont parfois tels que les usagers sont prêts à « payer », d’une certaine manière, par un partage accru de leurs données.
Par ailleurs, comme pour d’autres innovations, telles que la voiture électrique ou la voiture à hydrogène, ce sont probablement d’abord des flottes captives, le cas échéant sur des voies privées, qui permettront de tester et développer la technologie à plus grande échelle tout en faisant baisser les coûts et en accélérant la publicité, donc la demande, donc l’approbation réglementaire. Les services pouvant être utilisés sur les parkings – souvent voies privées – pour garer votre voiture automatiquement accéléreront aussi cette acceptation et donc attente du public.
Les voitures auto-pilotées : probablement une très bonne nouvelle pour l’environnement
Si les constructeurs y voient un nouveau potentiel de croissance, ce nouveau mode de déplacement aura-t-il un impact positif ou négatif pour l’environnement ? Ces voitures viendront-elles s’ajouter à un parc automobile déjà de plus d’un milliards dans le monde et croissant rapidement, ou permettra-t-il une réduction du nombre de véhicules en circulation ?
Sachant qu’une voiture personnelle classique reste immobilisée environ 90 % du temps, et du fait de la facilité d’utilisation de ces véhicules, on peut anticiper que la possession d’une voiture pour les usagers urbains deviendra largement moins attractive qu’aujourd’hui. Avec une voiture de ce type louée pour chaque usage ponctuel, plus de problème de parking en effet, plus d’attente oisive et frustrante dans la circulation… De même que les téléphones portables remplacent progressivement nos lignes fixes à la maison, on peut ainsi imaginer que la supériorité pratique des voitures auto-pilotées nous fera abandonner l’envie de posséder notre propre véhicule.
Ceci pourrait entraîner une diminution conséquente du nombre de voitures stationnées en ville. Cela pourrait aussi conduire à des formes de compétition avec les taxis et transports publics inattendues. Puisque sur votre parcours, le logiciel de la voiture pourrait vous proposer de partager la course avec l’un ou l’autre passager.
Ces véhicules, connectés, pourraient aussi aider à fluidifier la circulation automobile en ville par leur connexion aux données de circulation. Electriques, leur usage pourrait aussi diminuer les émissions polluantes en ville et optimiser la consommation d’énergie. Klas Bendrik, vice-président de Volvo, prédisait ainsi récemment que les voitures sans conducteurs conduiraient à une amélioration de la consommation d’énergie et de la congestion de 10 % à 20 %.
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Lisez également sur la voiture sans conducteur et les transports du futur :
[1] http://www.gizmag.com/valeo-park4u-automated-parking-system/29315/