À Tchernobyl, les chiens errants ont changé de gènes, et survécu

Une nouvelle étude pourrait permettre de comprendre quelles modifications génétiques permettent de survivre en zone irradiée.

Rédigé par Paul Malo, le 12 Mar 2023, à 18 h 10 min
À Tchernobyl, les chiens errants ont changé de gènes, et survécu
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Comment survivre à une irradiation massive ? L’étude de l’ADN des chiens errants autour du site de Tchernobyl permet de commencer à le savoir.

Tchernobyl : des centaines de chiens errants

Ils sont des centaines à errer et à vivre dans le vaste no man’s land autour de la tristement célèbre centrale de Tchernobyl. Des centaines de chiens qui descendent directement de ceux restés là après le départ soudain des 120.000 habitants au lendemain de la catastrophe nucléaire de Tchernobyl, le 26 avril 1986.

Étonnamment, ces chiens ne sont pas morts, du moins pas tous. Ils ont même eu une descendance. Ceux qui ont survécu aux radiations vivent toujours au quotidien et se sont reproduits dans les vastes zones contaminées rendues à la nature, hors de toute présence humaine. Mais sont-ils vraiment comme les autres, après tant d’années à vivre sur des terres contaminées ? C’est ce qu’a voulu savoir une équipe de chercheurs.

chien de Tchernobyl mutation génétique

Une chienne et son petit chiens près de maisons en ruines à Tchernobyl

Un patrimoine génétique différent de tout autre

Ces chercheurs sont donc parvenus à effectuer des prélèvements de sang sur un peu plus de 300 chiens errants des environs de Tchernobyl entre 2017 et 2019. Ce sont sans doute les descendants des animaux de compagnie abandonnés sur place et retournés à l’état semi-sauvage. Au total, dans le cadre de cette étude, les chercheurs ont repéré une quinzaine de groupes familiaux distincts. Ces animaux vivent dans un rayon de 15 à 45 km autour de Tchernobyl, voire au sein même de la centrale.

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Il suffit en fait de regarder leur ADN pour savoir qu’ils vivent et sont nés aux abords du site de la catastrophe. Leur exposition constante aux rayonnements ionisants, et ce sur plusieurs générations, a en effet entraîné des modifications claires de leur ADN. Selon les chercheurs, « les profils à l’échelle du génome de Tchernobyl, de chiens de race pure et de chiens de race libre, dans le monde entier, révèlent que les individus de la centrale électrique et de la ville de Tchernobyl sont génétiquement distincts, les premiers affichant une similitude et une différenciation génétique intrapopulation accrues. »

 

chien de Tchernobyl mutation génétique

Signal d’avertissement de radiation. Un chien errant ​vivant dans la zone de Tchernobyl.

 

Déterminer les variantes de l’ADN pour survivre à l’irradiation

« Cette étude présente la première caractérisation d’une espèce domestique à Tchernobyl, établissant son importance pour les études génétiques sur les effets de l’exposition à long terme aux rayonnements ionisants à faible dose », expliquent les auteurs de l’étude. Elle aidera notamment à comprendre comment des espèces animales parviennent à survivre à des niveaux élevés de radiations ionisantes.

En effet, le fait d’étudier les mutations génétiques ayant eu lieu chez ces chiens permettront de mieux saisir les mécanismes de survie des espèces animales dans de tels environnements dangereux. Il serait ainsi possible de déterminer quelles variantes de l’ADN acquises au cours des 15 générations depuis l’accident ont permis la survie de ces chiens dans cette environnement à forte exposition aux rayonnements.

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