São Paulo, la ville qui n’aime pas ses rivières

Le manque d’eau potable devient de plus en plus problématique à Sao Paulo, la plus grande ville d’Amérique du Sud. Mais comment cela est-il arrivé ? Décryptage pour mieux comprendre la situation.

Rédigé par Adriana Carvalho, le 14 Jan 2018, à 14 h 30 min
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Un éveil citoyen pour sensibiliser à l’eau à São Paulo

La constante menace de rester sans eau n’est pas suffisante pour changer les politiques publiques pour la sécurité hydrique ou le comportement de la population. C’est pour ça que les groupes écologistes de São Paulo luttent encore et toujours pour attirer l’attention sur l’importance de l’eau.

Occupe & Abrace

Un exemple est le collectif Occupe & Abrace (“Occuper et Enlacer” en traduction libre), fondé en 2013 pour s’occuper d’un espace public d’environ 12.000 m², baptisé Praça da Nascente (Place des Sources), laissé à l’abandon par la municipalité et les habitants du quartier.

sao paolo

© Didier Lavialle-17 Texto e Fotos

Les membres de l’association a ramassé les déchets, planté des arbres, organisé des festivals d’art et de musique gratuits. Mais elle a également identifié huit sources de la rivière Água PretaLes eaux noire ») sur la zone et a identifié et certifié cinq sources aux alentours. Le groupe a aussi creusé la terre pour construire deux petits lacs, à présent pleins de vie avec des plantes, des poissons, des crustacés, des batraciens et des insectes : environ 80 espèces végétales et animales y évoluent aujourd’hui.

Les services de la ville a d’ailleurs décerné un prix à l’association, reconnaissant ainsi l’importance de ses actions. Actuellement, Occupe & Abrace se mobilise contre la construction de deux tours de 22 étages et 3 sous-sol sur l’une des sources nouvellement identifiées, ce qui mettrait en danger les autres sources. D’autant plus que la société Exto Empreendimentos qui souhaite développer ce projet, est déjà responsable d’un problème similaire sur un autre terrain…

Rios e Ruas

Autre initiative : Rios e Ruas (pour Fleuves et Rues), une association fondée en 2010 par l’architecte et urbaniste José Bueno et l’éducateur Luiz Campos. Ils donnent des cours et organisent des visites guidées pour sensibiliser à la richesse hydrique de la ville, caché sous le béton. Ils ont aussi “découvert” des centaines de rivières non répertoriées sur les cartes hydrographiques officielles. Car oui, São Paulo a fait pire que d’enterrer ses rivières : la ville les a oubliées !

Secura Humana

Citons également le collectif Secura Humana (Sécheresse Humaine). Pour attirer l’attention du gouvernement et du public sur cette problématique, le groupe organise de surprenantes interventions sur les trottoirs.

Sao Paolo

© Didier Lavialle – 17 Texto e Fotos

Imaginer une scène de plage en plein centre-ville… Le groupe Secura Humana a réussi cette prouesse.

Comment ? D’abord ils identifient l’endroit où les grands édifices évacuent l’eau pompée de leurs sous-sols (généralement, prés d’un caniveau), puis ils procèdent à des analyses d’eau. Si elle est propre pour le bain, ils se servent d’une pompe à eau pour remplir des piscines en plastique disposées sur les trottoirs. Les invités en tenue de plage arrivent avec des chaises, des parasols et… la fête commence, sous le regard stupéfait des passants et automobiliste.

Sur les trottoirs de San paulo © Didier Lavialle-17 Texto e Fotos

Le but étant de montrer combien d’eau il y a sous les pieds de la ville, et l’énorme gaspillage.

Les irréductibles écologistes de São Paulo veulent aussi prouver qu’il n’existe qu’une potion magique dans notre vie et qu’elle s’appelle eau. Et qu’il ne tien qu’à nous de la sauver pour nous sauver aussi.

Illustration bannière : Praça da Nascente – © Didier Lavialle – 17 Texto e Fotos
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Journaliste et écologiste brésilienne, Adriana Carvalho a collaboré avec différentes revues et journaux au Brésil. Elle dirige actuellement, avec le...

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