Ils sont associés à la pollution des sols et aux pesticides. Leur présence est strictement réglementée dans l’eau potable. Mais de nouvelles études montrent qu’ils peuvent être bénéfiques pour la santé. Et la communauté médicale semble en passe de complètement réhabiliter ces substances pourtant bien décriées. Comment cet incroyable retournement de situation est-il possible ?
De quoi les nitrates sont-ils accusés ?
1. C’est surtout l’environnement qui trinque avec les nitrates.
image : tpengrais.e-monsite.com
Les taux élevés de nitrates dans l’eau sont un indicateur de pollution agricole ou industrielle. Mais c’est surtout l’agriculture (à 66 %) qui est la grande responsable, avec l’épandage de doses massives d’engrais azotés pour l’agriculture intensive, et de lisier pour l’élevage. Le reste est issu des rejets des collectivités locales (22 %) et de l’industrie (12 %) (1).
Les algues vertes qui envahissent les côtes bretonnes sont les manifestations les plus visibles de la pollution par les rejets agricoles.
Le nitrate est formé de 1 atome d’azote, lié à 3 atomes d’oxygène. Formule chimique : NO3.
L’azote est partout
> dans les plantes et la viande
> il représente 3 % de notre masse corporel
> dans l’air qu’on respire, fait à 78 % d’azote.
Elles démontrent que les apports en nitrates par l’homme pour l’agriculture sont trop élevés par rapport aux besoins des plantes : ils sont donc rejetés dans les eaux. Selon un bilan du Ministère de l’agriculture, cet excédent était déjà passé de 320 000 tonnes en 1995, à 400 000 tonnes en 1997. La Commission européenne a d’ailleurs condamné la France en février 2012 pour ne pas réussir à lutter contre la pollution des eaux par les nitrates.
L’autre risque, moins visible, est la modification de l’équilibre biologique des milieux aquatiques en provoquant des phénomènes d’eutrophisation.
Les régions les plus polluées par les nitrates :
La Champagne-Ardenne, le Centre et le Poitou-Charentes et l’Île-de-France. La pollution aux nitrates est particulièrement aiguë en Bretagne où les l’élevage et les cultures sont intensifs. La région représente 7 % de la surface agricole française mais rassemble 50 % des élevages de porcs, 50 % des élevages de volailles et 30 % des bovins.
2. Pour la santé, les nitrates sont accusés, au-delà d’un certain seuil (élevé) :
- d’empoisonner les bébés (empoisonnement du sang appelé une méthémoglobinémie, ou encore maladie bleue),
- d’augmenter les risques de cancer, quand ils sont associés à des pesticides.
- de favoriser la maladie d’Alzheimer (3).
En conséquence, des seuils de nitrates autorisés ont été mis en place par les autorités sanitaires :
- dans l’eau : 50 mg/L. Ce seuil date de 1980 en Europe. Il s’appuie sur des études qui datent des années 1960, voire même 1945…. Or depuis, les recherches ont beaucoup progressé et montré que ce seuil ne tient pas compte de la réalité des nitrates « naturels ».
- dans l’alimentation : apport de 3,7 g/jour/kg. Soit 259 g/ jour pour un adulte de 70 kg), par exemple.
Or, en 1962, l’OMS avait fixé pour le nitrate une D.J.A., Dose Journalière Admissible, d’ingestion de moins de 250 mg de nitrate par jour, pour un adulte. Soit encore moins que ce que devrait consommer un adulte de 60 kg par jour… Il y a un visiblement un problème ! Là encore, ce chiffre ne tient pas compte des apports « naturels » qui sont nombreux.
« Le nitrate en soi a une toxicité aiguë très faible «
« Comité scientifique de l’alimentation humaine sur les nitrates et les nitrites » de la Commission des Communautés européennes (Avis du 19 octobre 1990)
Car notre environnement mais aussi notre corps contiennent naturellement des nitrates ! Ils ont donc forcément une utilité physiologique.
Laquelle ?