Comprendre et traiter les maladies digestives
D’abord, on va pouvoir comprendre les causes et le développement de certaines maladies du tube digestif, comme la maladie de Crohn, la recto-colite hémorragique, ou le syndrome de l’intestin irritable (1).
La connaissance précise des bactéries a montré, sur les expériences animales qui ont pu être faites, qu’un déséquilibre entre les groupes de bactéries serait à l’origine de ces maladies. Par exemples :
– une personne souffrant de la maladie de Crohn a un rapport Firmicutes / Bactéroidètes de 1 à 3/5, contre 10/1 pour une personne bien portante de poids normal.
– une personne obèse a un rapport Firmicutes/Bactéroidètes de 100/1, contre 10/1 pour une personne bien portante de poids normal.
– les enfants et les personnes âgées ont un rapport Firmicutes/Bactéroidètes de 5/1, contre 10/1 pour une personne bien portante de poids normal.
Le traitement apparaît donc évident : il suffirait de moduler la flore intestinale, par l’ajout des bactéries en trop faibles proportions par exemple, pour traiter l’inflammation et la douleur, et pourquoi pas le surpoids (2). Les recherches sont en cours.
Évaluer les comportements
Deuxième révolution de cette avancée scientifique : l’identification des 3 groupes de bactéries du micobiote permet en fait de classer les êtres humains en fonction de leur composition bactérienne.
>> Chacun pourrait correspondre à un type, plus précisément un entérotype ( « entéro » signifie intestin, comme dans gastro-entérite).
A partir de là, on pourrait évaluer le risque de pathologies (cancers colorectaux, diabète, maladies cardiovasculaires…).
Enfin, certaines études (sur des modèles animaux pour l’instant) commencent à montrer un impact sur le psychisme : comportement de crainte, d’audace ou de stress lié à la composition du microbiote. Bref, les possibilités ouvertes par ces découvertes sont immenses !
Les chercheurs travaillent aussi sur les pré- et probiotiques. Les premiers sont la « nourriture » des bactéries existantes ( à bas de fibres), et les second sont eux-mêmes des bactéries vivantes qui peuvent interagir avec celle déjà existantes dans le tube digestif. Nous en reparlerons la semaine prochaine.
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(1) Pr Philippe Marteau : Le microbiote et les pathologies intestinales. Intervention aux JANBJ, 1er fév. 2013
(2) Pr Karine Clément : Quel lien entre microbiote et obésité ? Intervention aux JANBJ, 1er fév. 2013