Ikea, le visage ambigu d’un modèle mondial. Le célèbre fabricant suédois est une entreprise au succès planétaire dont consoGlobe a souvent mis en avant les initiatives vertueuses en termes de développement durable.
Qu’il s’agisse de ses efforts pour les sapins de Noël, les emballages et le bois, la consommation électrique, …, il faut reconnaître qu’Ikea sait valoriser de réels efforts*. Cependant, le géant scandinave peut-il, malgré ces initiatives, être réellement considéré comme une entreprise « verte » ou « éthique » alors même qu’il est un modèle d’optimisation économique multi-nationale ?
De récentes révélations jettent le doute sur la façade jaune et bleue.
Ikea, vertueux pour votre porte-monnaie, mais pour le reste …
Ikea, en poussant à bout la logique de la commercialisation mondiale de produits standardisés, est un parfait exemple de l’économie mondialisée :
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– conception des produits centralisée (surtout en Suède où sont ses designers) ;
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– fabrication délocalisée dans les pays à bas coût de main d’oeuvre ;
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– standardisation des goûts et des collections ;
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– produits de basse qualité (en moyenne) et à la durée de vie inférieure à leurs équivalents traditionnels (3) ;
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– transports en flux tendus et logistique au long cours d’un bout à l’autre de la planète (1).
L’avantage de ce modèle est de rendre les prix des meubles d’Ikea très accessibles et d’en faire un rouleau compresseur commercial.
- Quel menuisier ou fabricant de meubles traditionnel peut offrir une bibliothèque élégante à 99 € (la célèbre étagère Billy, la plus vendue au monde) ?
- Quel fabricant en Europe peut tirer les prix aussi bas en rognant aussi impitoyablement sur la moindre des composantes de ce prix ?
La moralité fiscale douteuse du fondateur d’Ikea
Le 26 janvier 2011, la télévision suédoise STV a diffusé un reportage qui a mis Ingvar Kamprad, le fondateur de 84 ans d’Ikea, en difficulté. La chaîne a décrypté le montage fiscal mis en place par Kamprad il y a une vingtaine d’années au Lichtenstein pour échapper au fisc de son pays.
Le Lichtenstein étant un des paradis fiscaux les plus opaques du monde (en plein coeur de l’Europe !) le fondateur d’Ikea a pu y accumuler sans bruit des sommes énormes soustraites au fisc suédois. Comment ?
Via une fondation, Interogo Foundation, dont la vocation est de prélever 3 % de chaque vente réalisée par Ikea. Cet argent circule via un labyrinthe complexe de sociétés aux Pays-Bas, au Luxembourg, en Belgique, en Suisse, aux Iles Vierges…
Ainsi, chers clients d’Ikea, vous avez permis, grâce à vos achats, de constituer un pécule de 11,2 milliards d’euros. L’estimation des journalistes de STV fait douter de la bonne foi du conseil d’administration de la fondation qui affirme agir pour « la subsistance durable d’Ikea ». Rien d’illégal donc mais si cela était sans reproche, pourquoi le cacher ?
* Exemple d’une des dernières initiatives en date, l’érection d’éoliennes en Suède. Le parc éolien, opérationnel début 2010, alimente l’équivalent de 17 magasins Ikea.
Durant le mois de février 2011, les clients détenteurs de la carte IKEA Family ont versé 20 centimes d’euros à la Fondation Abbé Pierre (ci-dessous) lors de leur passage en caisse.
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