– Consomme-t-on trop d’huile de palme ?
J-M. Lecerf : « Non, la consommation d’huile de palme reste très modeste en France, contrairement à ce qu’on peut croire ». (1)
→ La consommation d’huile de palme est très faible par rapport aux pays asiatiques où elle est produite et utilisée comme produit culinaire domestique (comme l’huile d’olive chez nous). Chez nous, ce sont seulement les industriels qui l’utilisent dans leurs produits.
La consommation est estimée entre 1 à 2 kg/pers/an. En 2009, à partir des quantités d’huile de palme incorporée dans les produits alimentaires, on estime sa consommation à 5,5 g/j/pers, soit 6 % de la consommation totale de lipide chez l’adulte*. (1) On est bien en-dessous des recommandations de l’Afssa.
– Quel est est le problème avec l’huile de palme alors ?
J-M. Lecerf : « Le discours à tenir est compliqué, car il n’est pas tranché, ni noir, ni blanc. Il faut faire preuve de pédagogie et réexpliquer que la nutrition est un TOUT. On ne mange pas un aliment ou un corps gras tout, mais avec autre chose. Si on diminue quelque chose, c’est pour en augmenter une autre. La modération est la clef d’une alimentation équilibrée, avec la variété ».
– Quel conseil donnez-vous aux industries agro-alimentaires ?
J-M. Lecerf : « Même si elles ont beaucoup baissé leur niveaux d’utilisation de l’huile de palme, elles doivent appliquer le principe de subsidiarité. Peut-on faire mieux autrement qu’avec l’huile de palme ? Si oui, il faut le faire. Si non, ce n’est pas la peine de faire pire ».
Les consommateurs sont abreuvés d’informations nutritionnelles négatives.
– Que pensez-vous des campagnes de publicité avec le slogan « pas d’huile de palme » comme argument de vente ?
J-M. Lecerf : « C’est dramatique ! Cela devrait être interdit du point de vue réglementaire. On met l’huile de palme au niveau des aliments qui présentent un danger pour la santé publique comme ceux qui peuvent déclencher des allergies, par exemple.
Pour ces aliments là, la mention « Ne contient pas de… » est VRAIMENT nécessaire (c’est le cas des aliments qui contiennent du gluten pour les malades coeliaques, ou du lactose pour ceux qui souffrent d’allergies aux protéines de lait, par exemple).
Il y a une distorsion de concurrence entre l’huile de palme et les produits potentiellement allergènes. Sous cette forme, l’information nutritionnelle est fausse ; elle sous-entend que l’huile de palme est aussi toxique qu’un produit allergène. Cela crée une confusion chez le consommateur et renforce le cercle vicieux d’incompréhension entre lui et les industries agro-alimentaires.
Et cela va loin : on voit même des mentions « Sans huile de palme » sur des produits qui n’en ont jamais contenu (comme la margarine à l’huile de tournesol, par exemple) ! ».
– Que conseillez-vous au consommateur concernant l’huile de palme ?
J-M. Lecerf : « En nutrition, comme je le disais, la modération et la variété sont les clés d’une bonne alimentation. Mais il faut aussi savoir bien choisir les aliments : ceux qui sont nutritionnellement intéressants, plutôt que les produits gras sucrés et gras salés. C’est là que l’éducation alimentaire rentre en jeu et que se trouve le vrai problème posé par l’huile de palme ».
Huile de palme – l’avis de la diététicienne
L’huile de palme n’est donc pas si mauvaise qu’on a pu le faire croire.
Mais elle n’est nutritionnellement pas très intéressante non plus, comme le dit bien le Dr Lecerf.
Pour elle, comme pour tout aliment d’ailleurs, tout dépend des quantités qu’on consomme. Les produits contenants de l’huile de palme appartiennent surtout aux produits gras sucrés et gras salés considérés comme des aliments « plaisir », loin d’être essentiels. A chacun d’en avoir une consommation limitée.
La France est le seul pays au monde à avoir autant fait polémique sur l’huile de palme. Pour un bien : la production est aujourd’hui très réglementée et plus respectueuse de l’environnement. Mais pour un mal aussi : la confusion est de mise chez le consommateur. Il est temps de revoir notre opinion sur cette huile !
Sans huile de palme – Un nouveau label inutile ?
L’indication de la présence de l’huile de palme dans un produit devra obligatoirement figurer sur les produits concernés, à partir du 13 décembre 2014.(2)
Ce label est-il utile ou inutile ?
Qu’en pensez-vous ?
*
Sur l’huile de palme :
Les statistiques du Planetoscope sur l’huile de palme :
(1) En 2008, chaque Français aurait consommé près de 2kg d’huile de palme selon le Ministère de l’alimentation. Chaque consommateur absorberait sans s’en rendre compte 57g d’huile de palme par mois !
(2) Rien n’oblige non plus les fabricants à mentionner la présence d’acides gras trans dans les produits. Certains se contentent seulement de mentionner la présence d' »huile » ou de « graisse végétale », notion qui regroupe aussi bien les huiles de colza ou de tournesol que de palme.