Elle est dans le collimateur médiatique depuis plusieurs années déjà. L’huile de palme est accusée de tous les maux : mauvaise pour la santé, mauvaise pour l’environnement. Et si le discernement avait été oublié ? Les scientifiques s’accordent aujourd’hui pour ne plus diaboliser cette huile qui a fait l’objet de recherches approfondies.
Nous avons réalisé l’interview exclusive du Dr Jean-Michel Lecerf, chef du Service de nutrition de l’Institut Pasteur de Lille, qui a coécrit une note de synthèse sur le sujet pour le Fonds français pour l’alimentation et la santé (FFAS) en novembre 2012.
Affirmant avec force qu’il n’est pas un défenseur de l’huile de palme, il prône l’apaisement par la pédagogie, mesurant avec objectivité les avantages et les inconvénients de cette huile, afin que chacun puisse se faire un avis éclairé.
Rappelons tout d’abord que sans oublier les problèmes environnementaux posés par la culture des palmiers à huile, (dont on parle régulièrement depuis 2005), on ne considère avec le Pr Lecerf, que l’aspect nutritionnel de l’huile de palme. On n’oublie pas pour autant les enjeux écologiques et sociaux…
« Le beurre a plus d’acides gras saturés que l’huile de palme » !
– L’huile de palme est-elle réhabilitée ?
J-M. Lecerf : Par les scientifiques, oui. Comme une huile avec ses qualités et ses défauts. Mais pas par le grand public. Il continue à la diaboliser, à la considérer comme un poison, et à la rendre responsable de beaucoup de problèmes de santé comme celui de « boucher nos artères »… Il y a beaucoup de nuances à apporter à ce jugement.
L’huile de palme est moins nocive que les huiles hydrogénées.
– Quels sont les avantages de l’huile de palme ?
J-M. Lecerf : Son principal avantage, surtout utilisé par les industries agro-alimentaires, est de remplacer les huiles partiellement hydrogénées. Car ce sont elles qui produisent les acides gras trans. Pas l’huile de palme.
→ Le remplacement de ces graisses partiellement hydrogénées par l’huile de palme dans les années 1990 a été considéré – à juste titre – comme un progrès. Elle a des avantages technologiques inégalés : elle chauffe très bien.
Ce sont ces acides gras TRANS produits lors d’une transformation technologique à partir d’autres huiles que celle de la palme qui sont donc dangereux pour la santé, en augmentant les risques cardio-vasculaires, plus particulièrement en augmentant le « mauvais » cholestérol (HDL) et le abaissant le « bon » cholestérol (LDL).
Les études qui le montrent ont constaté qu’il fallait que la consommation de ces acides gras trans représentent plus d’1,5 % des apports énergétiques totaux (AET). Or les observations sur les consommations des Français montrent qu’elles ont diminué entre 2005 et 2008, et qu’elles sont loin d’atteindre le 1,5 % des AET, selon l’Afssa.
L’huile de palme contient des tocotriénols et des tocophénols au pouvoir vitaminique E plus important que les autres huiles végétales *
* Source : Huile de palme : aspects nutritionnels, sociaux et environnementaux. Rapport pour le Fonds français pour l’alimentation et la santé, nov. 2012
Quels sont les inconvénients de l’huile de palme ?
J-M. Lecerf : « L’huile de palme est l’une des huiles végétales les plus riches en acides gras saturés (AGS). Je parle bien des graisses végétales. Comparée aux graisses animales, elle en a moins. Le beurre, par exemple, contient plus d’acides gras saturés que l’huile de palme !
Tout le problème vient de la quantité consommée : elle ne doit pas être excessive. Mais c’est valable pour l’huile de palme comme pour le beurre ! ».
→ Parmi les acides gras saturés, ce sont les 3 acides laurique, myristique et palmitique qui sont les moins bons pour la santé, avec des conséquences athérogènes (ils favorisent le dépôt de plaques riches en cholestérol sur la paroi interne des artères) avérées.
Leurs apports dans la ration quotidienne a été quantifié à 8 % des AET. Il faut donc en consommer, mais en quantité limitée.
La consommation d’huile de palme en France est très faible.