Grossesses en péril : le coût humain du dérèglement climatique
Des tempêtes aux vagues de chaleur, en passant par les inondations, les catastrophes naturelles s’intensifient et bouleversent des vies entières. Mais au coeur de ces bouleversements, une réalité demeure souvent ignorée : les femmes enceintes et leurs bébés à naître paient un lourd tribut.

C’est une vérité alarmante : le dérèglement climatique n’épargne pas les grossesses. Les catastrophes naturelles, exacerbées par le changement climatique, ont des conséquences dévastatrices sur la santé des femmes enceintes et de leurs enfants à naître. Cette réalité, bien que cruciale, reste largement sous-estimée dans les politiques climatiques actuelles.
Les catastrophes naturelles rendent les femmes enceintes particulièrement vulnérables
Ce sont des histoires personnelles bouleversantes que racontent aux États-Unis le média The Daily Yonder l’ONG Climat Central. Jelessica Monard, enceinte de huit mois, a vu sa maison détruite par l’ouragan Helene en Caroline du Nord. Sans abri, sans nourriture et sans moyen de communication, elle a dû marcher plusieurs kilomètres pour trouver de l’aide. « Le manque de nourriture a exacerbé les nausées de grossesse de Monard. Et sans téléphone, elle ne pouvait pas appeler à l’aide », raconte The Daily Yonder.
Allyson Byrd, une autre future mère, a survécu à l’ouragan Helene avec son bébé de trois mois et ses trois autres enfants âgés de 6 à 9 ans. Outre l’impact psychologique induit par la tempête, le plus dur était d’éviter que le lait ne pourrisse, l’absence de courant ayant rendu l’utilisation d’un frigo impossible. Ces témoignages illustrent d’une vraie vulnérabilité des femmes enceintes lorsque des catastrophes naturelles surviennent.
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Un risque accru de naissances prématurées et de perte de grossesse
Entre 2020 et 2024, Climate Central a constaté que dans 222 pays, le nombre de jours de chaleur extrême, associés à un risque accru de naissances prématurées, a au moins doublé en raison du changement climatique. Dans près d’un tiers des pays analysés, le changement climatique a ajouté en moyenne un mois supplémentaire de jours de chaleur extrême chaque année. La pollution de l’air, quant à elle, apparaît un facteur aggravant puisqu’elle induit des complications telles que les naissances prématurées et le faible poids à la naissance. Une étude a montré que l’exposition aux particules fines (PM2.5) pendant la grossesse augmente le risque de complications obstétricales.
Une autre étude, publiée dans la revue Nature Communications, a révélé que l’exposition aux inondations pendant la grossesse est associée à une augmentation de 8 % du risque de perte de grossesse. Ce risque est particulièrement élevé pour les femmes vivant dans des pays en développement, où l’accès aux soins de santé est limité.
Des politiques publiques insuffisantes
Malgré ces données alarmantes, les politiques climatiques actuelles ne prennent pas suffisamment en compte les risques pour la santé maternelle. Un rapport destiné aux décideurs de la COP29 a souligné que les impacts du changement climatique sur les fausses couches, les naissances prématurées et la santé maternelle sont une « zone aveugle » dans les plans d’action actuels. Sur 119 plans climatiques nationaux, seuls 27 mentionnent des actions liées à la santé maternelle et néonatale.
Le dérèglement climatique a donc des conséquences profondes et souvent négligées sur les grossesses. Les femmes enceintes, en particulier celles vivant dans des zones vulnérables, sont confrontées à des risques accrus en raison des catastrophes naturelles, des vagues de chaleur et de la pollution. Il est impératif que les politiques climatiques intègrent des mesures spécifiques pour protéger la santé maternelle et néonatale.
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