Le département de Gironde expérimentera prochainement le revenu universel, en ciblant en particulier deux populations qui font face à une grande précarité : les jeunes et les agriculteurs.
Pendant deux à trois ans, la Gironde expérimentera le revenu universel, déjà testé ailleurs dans le monde, notamment en Finlande. Deux populations seront ciblées : les jeunes et les agriculteurs.
Le revenu universel : une idée qui prend forme
Au-delà des appartenances partisanes, le revenu universel d’existence a alimenté de nombreuses réflexions ces dernières années, en France et à l’étranger. Dans le cadre de la campagne présidentielle française, la mesure a été défendue par le candidat socialiste Benoît Hamon et par Jacques Cheminade. Il a plus généralement fait l’objet d’un débat intense, certains, comme Jean-Luc Mélenchon, le qualifiant de « trappe à pauvreté« . D’autres, tel Emmanuel Macron, insistant sur la nécessité de privilégier « l’emploi universel » et de remédier aux causes actuelles du sous-emploi.
Mais la fin de la campagne présidentielle n’a pas signé la fin du débat sur le revenu de base, au contraire : la mesure commence à prendre forme. En effet, pendant au moins deux ans, le département de Gironde fera l’expérimentation du revenu de base.
Une motion appelant le gouvernement à autoriser une expérimentation sur le revenu de base en Gironde a en effet été approuvée, au cours d’une séance plénière extraordinaire du conseil départemental.
Vidéo du département de Gironde expliquant ses motivations pour lancer l’étude et la consultation citoyenne qui ont présidé à l’expérimentation du revenu de base
Deux populations ciblées : les jeunes et les agriculteurs
Pour dessiner les contours de la mesure, de nombreuses consultations ont été menées. Dans un premier temps, le département a noué un partenariat avec la Fondation Jean Jaurès, le Centre pour la recherche économique et ses applications et l’Institut des politiques publiques.
Pendant un an, les spécialistes ont défini les différents déploiements possibles du revenu de base : fusion du RSA et des aides au logement, fusion de 10 minima sociaux, revenu de base de 750 euros par mois et revenu de base de 1.000 euros par mois.
Puis, pendant trois mois, plusieurs séances de travail ont réuni des personnes issues d’horizons divers : acteurs de l’économie sociale et solidaire, entrepreneurs, travailleurs sociaux, associations, services du départements…
Ces consultations ont permis à un jury citoyen de rédiger un avis global sur l’instauration d’un revenu de base en Gironde.
Dans le cadre de cette expérimentation, deux populations, au minimum, devraient être ciblées : les jeunes et les agriculteurs. Dans son verdict, le jury citoyen a choisi un revenu universel de 1.000 euros par mois. Plusieurs questions doivent encore être tranchées, notamment concernant les modalités de financement.
Les enjeux du revenu universel
Le revenu universel d’existence est devenu un véritable enjeu de société, malgré l’opposition d’une majorité de Français au concept, selon une récente enquête. Son objectif est de lutter contre la pauvreté et de réduire les inégalités, qui se sont creusées ces dernières années, sous l’effet de la mondialisation notamment. Offrir à chaque citoyen, en commençant par les plus précaires et marginalisés, un revenu de base, favoriserait l’inclusion économique et sociale, mais aussi l’épanouissement personnel, selon ses promoteurs.
Denise Greslard-Nedelec, vice-présidente du Conseil départemental de Gironde en charge des questions de lutte contre la pauvreté, estime qu’il en va même de l’avenir de la démocratie : « C’est notre responsabilité de politique d’agir si on ne veut pas se retrouver avec un monde coupé en deux, avec d’un côté ceux qui sont en dedans et de l’autre ceux qui sont en dehors et qui vont finir par se révolter. C’est un enjeu de démocratie ».
Illustration bannière Une des vues les plus prestigieuses de Gironde © saranya33