Le britannique Mark Boyle pense qu’il est possible de vivre sans argent. Y compris dans notre monde moderne. Il l’a démontré pendant un an ; une expérience qu’il raconte dans le « Moneyless manifesto », un ouvrage dans lequel on peut puiser des conseils pour se libérer de la tyrannie de ce dieu dévorant qu’est l’argent.
La fin d’une illusion
Ne plus croire en l’argent, c’est perdre une illusion.
Une expérience forte, un cap. Mark Boyle, lui, évoque la similitude avec un autre cap qu’il a passé quand sa mère lui a révélé que le Père Noël n’est qu’une fable pour enfant crédule. De ce choc, il a retenu que l’argent, comme le Père Noël n’est rien si on n’y croie pas. Son point de vue va certes à l’encontre de tous ceux qui considèrent que l’argent a été un moyen de pacifier les relations entre les hommes (en permettant d’acheter des biens plutôt que les prendre de force) et qu’il a permis l’éclosion des sociétés modernes, et donc de la science et donc du progrès, de la santé…
Pourtant, Boyle voit plutôt le verre à moitié plein de l’argent qui corrompt, de l’argent en folie manipulés par une sphère financière de plus en plus déconnectée du monde réel, de l’argent qui aliène le quotidien de chacun. Bref, partant du constat que l’argent ne fait ni son bonheur ni ne reflète la richesse réelle des nations et des hommes, Boyle se pose la question : et que se passerait-il si on se passait d’argent ? Pour y répondre, il passe à l’acte.
Un réseau international
Premiers pas en 2007 avec la fondation d’un réseau international de personnes désireuses de revenir à un mode de vie basée sur le troc des objets, des outils, des lieux ou des compétences que l’on possède : The Freeeconomy Community adepte d’économie circulaire, de don, de troc, de partage. Au retour d’un voyage en Inde sous l’égide de la figure tutélaire du Mahatma Ghandi, sa vision des choses se précise : il considère qu’un humain, simple assemblage de carbone et d’eau destiné à retourner à la matière après son passage dans la biosphère, n’a pas à se faire rétribuer sous le prétexte d’être propriétaire de biens ou de compétences. Premier essai appliqué, sac au dos en débarquant à Calais sans un centime.
L’expérience tourne court au bout d’un mois. Retour à la case départ en Angleterre où il prépare minutieusement sa seconde tentative. Cette fois, il s’équipe (caravane, panneaux solaires, semences, toilettes sèches…). Il n’achète rien : il troque, il cultive, il répare un vieux vélo, … et met le cap sur la ville de Bristol, bien décidé cette fois à rester durablement hors des circuits économiques de l’économie ultra moderne de l’Angleterre contemporaine.
Mark, Thoreau moderne, s’installe en plein nature et vit en symbiose avec elle : il cultive, se lave et lave ses vêtements dans la rivière, ramasse champignons et baies dans la forêt, ramasse et coupe du bois pour se chauffer. Peu à peu, il se sent sortir du monde et il adore. Il vit de plus en plus au rythme de ce qui l’entoure, du soleil, de la lune, des saisons.
Un an plus tard, il veut partager et contacte les freeconomistes locaux pour leur proposer un festival gratuit d’une journée, qui sera la vitrine de son expérience ; des milliers de visiteurs découvre le projet et sa capacité à oublier les notions de crédit, de dette, de revenus. Mark Boyle veut aller plus loin : il met en ligne son expérience sous la forme d’un livre accessible gratuitement bien sûr (www.moneylessmanifesto.org) : un ouvrage qui mélange réflexions su l’argent, conseils pratiques, adresses, …permettant de se détacher peu à peu de l’emprise de l’argent.