C’est une histoire édifiante ! Celle d’un préfet qui décide que les viticulteurs doivent épandre un pesticide pour une hypothétique épidémie de cicadelle, celle d’un viticulteur bio qui refuse de le faire et celle d’un tribunal correctionnel qui doit juger celui-ci pour complaire à celui-là. Une affaire édifiante qui risque d’instaurer un fâcheux précédent.
Épandage obligatoire … même sur les cultures bio
Emmanuel Giboulot, viticulteur qui va comparaître le 24 février devant le tribunal correctionnel de Dijon (il risque jusqu’à 6 mois d’emprisonnement et 30 000 € d’amende) est à l’origine d’une pétition visant à le soutenir qui tourne un peu partout. Un collectif de soutien d’une vingtaine d’organismes a été créé fin janvier pour mobiliser la toile. Ce viticulteur a refusé de traiter ses vignes dans le cadre de la lutte obligatoire contre la flavescence dorée. Des fonctionnaires qui l’ont contrôlé l’ont donc assigné en justice.
- Les vignes d’Emmanuel Giboulot ne sont pas traités avec des pesticides comme exigé par l’arrêté préfectoral visant à lutter contre la flavescence dorée.
Emmanuel Giboulot explique sa position : « Je ne suis pas un frondeur mais un lanceur d’alerte. Je souhaite assumer mes actes en conscience. Je n’ai jamais dit qu’il ne fallait rien faire concernant la flavescence dorée. Mais il faut raison garder. On ne va pas sortir la bombe nucléaire parce qu’on a trouvé trois cicadelles dans le vignoble« .
Selon la préfecture de Bourgogne, « une seule parcelle de 0,20 hectare a été fortement touchée » par la flavescence dorée en 2013 et a du être arrachée. En 2012, la flavescence dorée a ravagé 11,3 hectares de vignes.
L’enjeu ? La destruction de la faune auxiliaire engendrée par le traitement insecticide imposé par le préfet.
Les épandages de pesticides sont bien interdits depuis 2009. Mais ils se poursuivent grâce à des dérogations préfectorales, notamment dans les Antilles, en Aquitaine et en Champagne. 800 opérations d’épandage aérien en France en 2012 (2).
Rappelons qu’en octobre 2013, une enquête de Que Choisir révèle des taux de pesticides dans les vins jusqu’à 3 500 fois supérieurs à la norme de potabilité de l’eau : Vin bio et pesticides : sommes-nous protégés ?
E. Giboulot explique qu’il a toujours lutté contre les maladies des vignes, notamment la cicadelle, par une culture en biodynamie. Il refuse « catégoriquement l’épandage préventif de pesticides (…) très dangereux pour l’environnement et dont l’efficacité n’est pas avérée« . Il réclame un changement de la réglementation actuelle car elle est, selon lui contradictoire avec l’engagement de la France à réduire sa consommation de pesticides de 50 % en 2018 ».
La cicadelle, fléau des vignobles
Différentes cicadelles sont nuisibles à la viticulture. Trois sont particulièrement néfastes : la cicadelle de la flavescence dorée, la cicadelle des grillures et la cicadelle pruineuse.
Les représentants officiels des viticulteurs ont pris la parole pour démentir certaines affirmation du viticulteur poursuivi par la justice. En l’occurrence, le Bureau interprofessionnel des vins de Bourgogne (BIVB), la Confédération des appellations et des vignerons de Bourgogne (CAVB) et le Service d’éco-développement agrobiologique et rural de Bourgogne (Sedarb) ont donné une conférence de presse, très remontée !