Alors que le gouvernement ne propose qu’une zone d’exclusion de 5 à 10 mètres autour des zones d’épandage des produits phytosanitaires, une vaste consultation est lancée ce lundi 9 septembre.
Les produits phytosanitaires font l’objet de nombreux débats. On peut mentionner le glyphosate, le rôle de grosses entreprises comme Monsanto ou le traitement des champs. La distance entre les zones d’épandage et les habitations pourrait ainsi être réduite.
Une décision gouvernementale en octobre-novembre
Pensez-vous que cinq ou dix mètres suffisent pour protéger les habitants des zones d’épandage de produits phytosanitaires ? Les ONG environnementales, elles, jugent la distance proposée par le gouvernement « très insuffisante ». Elle est d’ailleurs nettement inférieure à ce qu’ont proposé différents maires ayant pris des arrêtés anti-pesticides à travers l’Hexagone, dont Daniel Cueff, celui de Langouët (35).
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La distance minimale à respecter proposée par le gouvernement serait de 10 mètres pour les « substances les plus dangereuses ». Selon un porte-parole du ministère de l’Agriculture, ce lundi, « le gouvernement va soumettre à consultation un projet de décret qui part des recommandations scientifiques de l’Agence nationale de sécurité sanitaire »(1). Une consultation qui durera trois semaines. Le gouvernement devrait in fine trancher en octobre-novembre. Des dispositions spécifiques pour la protection des riverains doivent ainsi être prises dans le cadre de la loi Egalim.
Mobilisation citoyenne contre les pesticides
La distance épandage pesticide et habitation fait débat – Vignobles de champagne en Côte des Bar près de Baroville en Champagne-Ardennes – © FreeProd33
Les organisations écologistes, dont France Nature Environnement (FNE), jugent le projet gouvernemental nettement insuffisant, tant au vu de l’avis de l’Anses que des études scientifiques. Nicolas Hulot, ancien ministre de l’Écologie, a également jugé cette décision insuffisante.
France Nature Environnement appelle tous les citoyens à se mobiliser pour que cette décision soit modifiée. Du côté d’Europe Écologie Les Verts (EELV), si l’on reconnaît le caractère historique dans le fait que l’État admette qu’il y ait un grave danger pour la population, la décision semble pour autant anecdotique.
Le gouvernement est pour sa part strictement opposé à une interdiction générale. La raison ? Une zone de non traitement de 150 mètres réduirait de façon drastique les surfaces cultivables en France.
Pour autant, le maire de Langouët avait pour sa part pris un arrêté interdisant les pesticides à moins de 150 m des habitations. Selon lui, le gouvernement n’a pas pris la mesure de la pollution engendrée par l’utilisation de produits phytosanitaires, à une distance inférieure à 150 mètres de toute parcelle cadastrale comprenant un bâtiment à usage d’habitation ou professionnel.
De son côté, la FNSEA, principal syndicat agricole, dénonce la position des écologistes à propos de la consultation sur les pesticides et aimerait « Que ces gens-là arrêtent de délirer », préfèrant des solutions locales pour protéger les riverains des épandages de pesticides, plutôt qu’une délimitation stricte par la loi… Interrogée par Europe 1, Christiane Lambert, présidente de la FNSEA a déclaré : « Cette zone de non-culture va représenter jusqu’à 15 % des surfaces pour certains agriculteurs. Qui va la payer ? La perte de revenus, qui la prend en charge ? Il faut aussi poser cette question-là, on raisonne économiquement ».
Pour participer à la consultation jusqu’au 1er octobre 2019, rdv ici
Et ici pour répondre à notre sondage !
Illustration bannière : La distance d’épandage pesticide habitation pourrait être modifiée prochainement – © Photoagriculture / Shutterstock.com