Un remède pire que le mal
Le starter qu’est le régime, pour beaucoup dans une énième résolution d’adopter des règles de vie plus équilibrée, est envisagé comme un mal nécessaire. Les pathologies de l’excès s’entendent bien dans les deux sens : se priver, c’est pareil que laisser faire… C’est le passage du tout et du rien, du tout au rien. C’est le même principe qui guide les deux temps.
Le régime est préféré à un mode de vie stable et modéré. Il est toujours conçu comme temporaire, plus ou moins long, mais il n’est pas définitif. Ce qui est à vie, c’est l’hygiène de vie, raisonnable, renoncer aux excès et s’accorder d’éventuels rares écarts, mesurés et rééquilibrés rapidement. Ce qui parait insurmontable. Le principe de réalité est désarticulé d’avec le principe de plaisir.
La solution devient le problème
Cela pourrait être une définition du symptôme, d’ailleurs ; ce qui a été mis en place pour se protéger cause à son tour le danger.
Prenons un exemple. Une petite douceur, un gâteau, du chocolat, quelque chose pour compenser une sale journée, une contrariété, c’est la solution pour se faire du bien, se protéger. La satisfaction immédiate récompense un sujet mis à mal. La répétition intervient et les kilos s’accumulent. Voilà comment une solution simple devient un problème.
La vulnérabilité de fond sous-jacente est ignorée et s’aggrave à chaque « mise au régime ». Aucun régime ne pose d’emblée des questions psychiques.
Il apporte un mode d’emploi à suivre.
Il y a une sorte de « mise sous tutelle » qui infantilise et aggrave un narcissisme fragile. C’est une régression où il est question de suivre quelqu’un d’autre et non de se fier à ses sensations de faim personnelle, interne. La personne ne s’accorde plus confiance, en ce domaine.
Et elle ne s’interroge pas, pas assez, pas encore… sur les raisons bien enfouies sur lesquelles son rapport à la nourriture, à son corps,… raisons sur lesquelles, elle bâtit les recours à ses régimes, parfois draconiens.
Puisqu’on ne peut pas arrêter de se nourrir, comment dominer l’intensité de l’exigence pulsionnelle ? Il est compliqué de doser un recours pour qui a un problème de mesure ! Comme une pensée magique, règne l’envie que ce soit simple. Comme tout régime le suggère : il suffit de faire ceci, de supprimer cela, il suffit de le suivre à la règle, de s’y plier, … et le tour est joué.