Cétacés : un rideau de bulles pour pallier aux effets de la pollution sonore

La pollution sonore générée par la construction de la route du littoral sur l’île de la Réunion inquiète, au point que les acteurs ont développé un procédé pour protéger les cétacés qui évoluent dans les eaux de l’océan Indien : un rideau de bulles…

Rédigé par Marie Mourot, le 12 Mar 2018, à 7 h 50 min
Cétacés : un rideau de bulles pour pallier aux effets de la pollution sonore
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La pollution sonore sous-marine due à l’activité humaine désoriente les mammifères marins. Lors de la construction d’un route sur l’île de la Réunion, une entreprise de travaux publique a décidé d’utiliser un principe simple et écologique : des bulles d’air pour former un rideau protecteur.

Un rideau de bulles pour protéger les cétacés, victimes du trafic maritime et de la pollution sonore

Chasse, pêche industrielle, pollutions chimiques, changements climatiques, les causes de la diminution des populations de baleines sont nombreuses. La pollution sonore a également un impact négatif sur les cétacés. En effet, le bruit des bateaux ne leur laisse aucun répit et nuit complètement à leur système d’orientation. Les baleines, dauphins et autres mammifères marins perdent leurs repères, ce qui entraîne échouages ou remontées en surface sans respect des paliers de décompression. Et donc la mort de ces animaux majestueux !

Pour aider les cétacés à supporter ce vacarme maritime, des chercheurs ont imaginé un mécanisme simple et surtout écologique : un rideau de bulles !

Une bonne nouvelle pour les cétacés © Chase Dekker

Un rideau de bulles pour protéger les oreilles des baleines

Les baleines qui évoluent dans des zones très bruyantes (transport maritime dense, forage ou pilonnage en mer…) ont beaucoup de mal à s’orienter. Elles peuvent en perdre leurs moyens et parfois finir par s’échouer sur les plages.

Pour les protéger, l’entreprise réunionnaise Grands Travaux de l’Océan Indien (GTOI), qui a reçu le prix spécial par le Ministère de la Transition écologique lors du concours Entreprise et Environnement en décembre 2017, a choisi de remettre au goût du jour la tactique du rideau de bulles d’air imaginée en 1910.
Son objectif ? Atténuer le bruit occasionné par les travaux de construction de la route du littoral. Le dispositif du rideau à bulles – qui n’est pas nouveau, simple et écologique, a été amélioré par des chercheurs de l’école d’ingénieur de Brest (Ensta Bretagne) qui en a fait une de ses spécialités (aussi pour la lutte contre la pollution plastique).

Le rideau de bulles, un outil pour la conservation des océans

Grâce aux techniques numériques disponibles aujourd’hui, ils ont pu rendre beaucoup plus précise et efficace cette technique ancienne. En effet, d’après Michel Arrigoni, enseignant chercheur, « si on envoie une onde dans l’eau, elle va rencontrer les bulles et on va avoir une multitude de phénomènes physiques qui vont faire qu’on va absorber l’énergie du choc. Lorsque l’onde va traverser ce rideau de bulles, elle va être fortement atténuée ». Ainsi, ce procédé permet de réduire le bruit jusqu’à 25 décibels, ce qui est considérable, l’équivalent de l’effet d’un casque antibruit sur un chantier.

Comme l’indique un communiqué de la Région Réunion, le rideau à bulles a pu être utilisé efficacement en 2019 pour les travaux de la grande route du littoral, et notamment pour permettre la construction d’un grand viaduc. Les travaux ont été limités pendant la grande saison des baleines. Le rideau de bulles a même été sélectionné  pour les « European Business Awards for the Environment 2018/2019 ».

Avec un gain acoustique de -15 dB à -25 dB sur les niveaux de bruit en crête (P2P), le rideau de bulles pourrait bientôt être utilisé par les cargos afin de mettre enfin un terme à ce vacarme maritime. Une excellente nouvelle pour les baleines (pour une fois !) mais aussi pour les océans et les cours d’eau que l’on pourrait dépolluer « plus facilement ».

Illustration bannière : La pollution sonore des cargos, un problème pour les cétacés – © jasomtomo

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Rédactrice web freelance et maman de trois enfants, je me suis toujours sentie très concernée par l'écologie et le développement durable. Constamment en...

1 commentaire Donnez votre avis
  1. Bonjour,

    Super article.
    Je me permets une petite précision grammaticale :
    « Le verbe est transitif direct et l’on doit dire pallier qqch (et non *pallier à) »
    Il serait juste de titrer, pallier les effets.

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