Le bambou est une plante étonnante à bien des égards et on en découvre chaque jour de nouvelles utilisations. Bien qu’on parle souvent de « forêts de bambou », ce n’est pas un arbre mais une graminée, comme l’herbe ou le maïs. Plus que jamais, il reste promis à un bel avenir. Attention toutefois, tout bambou n’est pas durable jusqu’au bout.
Bambou : qui va rapido, va pas sano ?
Dans le commerce traditionnel du bambou, un intermédiaire achète le bambou à un prix très bas aux petits producteurs, qui n’ont pas de pouvoir de négociation. Résultats : de faibles revenus, des conditions de vie difficiles, et des cultures de bambou loin d’être durables, surtout avec une demande qui va crescendo :
- Des forêts entières en Asie sont rasées pour laisser place à des plantations de bambous en monoculture qui ont tendance à envahir les peuplements forestiers restants, la plupart des espèces de bambous étant dites « traçantes », avec des racines (rhizomes) parcourant plusieurs mètres sous terre et perturbant les écosystèmes.
- Les coupes s’effectuent parfois sans attendre que les bambous soient arrivés à maturité, donnant des produits de mauvaise qualité
- Sans compter les effets connus de la monoculture sur l’environnement : épuisement des sols, maladies, invasions de ravageurs…
Avant d’acheter des produits en bambou, vérifiez donc leur provenance et s’ils ont été fabriqués dans une démarche durable et de commerce équitable initiée par la marque distributrice.
Du bambou labellisé FSC
Le bambou certifié FSC a fait son apparition sur le marché. Ce label garantit que le bambou coupé a minimum 5 ans, qu’il provient d’une bambouseraie gérée durablement et dont seulement 20 % de la plantation sont récoltés annuellement.
Point noir : le bambou FSC se fait encore rare. On en trouve essentiellement dans le textile et les revêtements : planchers, contreplaqués, placages.
Bambou : des produits dérivés pas toujours verts
Méfiez-vous aussi du bambou lamellé et collé pour en faire des parquets, pré-verni, émettant des COV et contenant de l’acide acétique. Privilégiez les bambous utilisant des colles sans solvant et des vernis à base d’eau.
Idem pour les vêtements en fibres de bambou : ils sont doux comme la soie, antibactériens… mais traités avec un tas de produits chimiques polluants pour 98 % d’entre-eux. Ces derniers sont en effet fabriqués à partir de la viscose du bambou, transformée en fibres après maintes opérations utilisant soude, disulfure de carbone, acétone, sel d’ammonium…. Bref, une fibre naturelle très « artificialisée ».
Heureusement, les 2 % restants sont confectionnés à partir de fibres véritablement naturelles, mais dont la production est plus complexe et très coûteuse.
Alors bambou ou pas bambou ?
On vote sans hésiter pour cette herbe qui reste une bonne alternative au bois, au coton ou plastiques, mais il faut prendre en considération le cycle de vie du produit entier, qui doit s’appuyer sur une démarche durable et éthique, avec une transparence sur les conditions de récolte, de production et de transformation.
Le bambou a sans doute un bel avenir devant lui mais il nous appartient aussi à nous consommateurs d’être attentifs aux produits choisis pour que cette matière première ne soit pas seulement synonyme de surexploitation et de greenwashing dans les années à venir…
Illustration bannière : Forêt de bambous © Subbotina Anna