Les vêtements en bambou sont généralement présentés comme des textiles écologiques. Or ils sont souvent fabriqués en viscose de bambou, dont la fabrication est polluante.
Le bambou est une plante extraordinaire : elle pousse très rapidement, légère et solide, elle possède de nombreuses qualités. On pourrait donc imaginer que le textile en bambou permette de fabriquer des vêtements vraiment écologiques. Pourtant, ce n’est pas tout à fait le cas.
Les qualités des vêtements en bambou
Les vêtements en bambou sont très agréables à porter. Les chaussettes, t-shirts, caleçons et chemises fabriqués avec cette matière sont en effet très doux et très confortables.
Les textiles bambou, souvent en 100 % bambou ou en fibres mélangées, sont censés bénéficier des qualités intrinsèques du bambou qui est une plante poussant sans pesticides, sans engrais et très vite.
Une plante chameau attirante donc. Le bambou est d’autre part imputrescible, ce qui permet de proposer des vêtements « anti-odeurs » qui régulent la transpiration.
« La fibre de bambou est naturellement antibactérienne, douce et a un fort pouvoir absorbant« , explique un site marchand de matelas qui utilise de la fibre de bambou mélangée à de la soie et du coton. Des vêtements qui sont souvent vendus comme des textiles écologiques.
Un processus de fabrication peu vertueux
Mais voilà, à y regarder le plus près, le textile bambou n’est pas si vertueux qu’on le croit pour l’environnement. En effet, pour obtenir une fibre de bambou très souple, très douce et aussi soyeuse, les marques de textile proposent des vêtements qui contiennent en fait de la viscose de bambou.
Pourquoi les industriels préfèrent la viscose de bambou à la fibre de bambou ? Tout d’abord, cette viscose est plus souple et plus douce que la vraie fibre de bambou naturelle, plus cassante, plus rêche et donc moins agréable au toucher.
Et sans doute aussi, parce que la fibre de bambou naturelle est bien plus coûteuse à obtenir que la viscose de bambou.
Bambou, le saviez-vous ? Avec 1 kilo de fibres de bambou, on fait 400 grammes de fil.
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Les vêtements en bambou, doux, mais polluants
La majorité des vêtements en bambou sont donc en viscose de bambou. Or, pour fabriquer cette matière textile, il faut faire appel à une transformation chimique qui peut être très polluante.
La viscose de bambou : une fabrication qui n’est pas sans impact
La viscose de bambou est en effet une fibre artificielle, pas tout à fait synthétique, mais pas naturelle non plus, issue d’une matière première (le bambou) chimiquement transformée, tout comme pour la viscose de bois.
- .Le bambou est tout d’abord réduit en poudre pour être reconditionné en fibres via un processus qui est lourd et pas du tout écolo.
- Il faut alors extraire de la viscose de la cellulose du bambou pour ensuite la dissoudre dans de la soude caustique.
- Elle sera ensuite extrudée dans une solution de sulfate de soude et d’acide sulfurique, après avoir été dissoute dans de la soude caustique.
Moralité, à partir d’un matériau écologique, le bambou, on obtient un produit « vert », mais dont le bilan écologique n’est pas très bon du fait de son processus de production.
Par ailleurs, la viscose de bambou n’a pas forcément les mêmes propriétés que le bambou naturel non transformé : un fabricant ou un vendeur doit démontrer les propriétés anti-bactériennes, anti-odeurs ou anti-UV de sa viscose, par des tests prouvant que les propriétés du bambou sont intactes, car cela n’est pas inhérent à tous les textiles.
Conseil pratique :
Vérifiez donc les étiquettes des textiles en bambou « bio » ou « écologique » : il y a des chances d’y trouver de la viscose de bambou.
Fibres de bambou : que disent les étiquettes ?
En ce qui concerne le bambou, il n’y a pas dénomination officielle, mais l’AFNOR a publié des recommandations (1) : il peut y avoir deux sortes d’étiquetage selon le mode d’exploitation du bambou :
– Soit les fibres sont issues du liber de la plante ou de parties séchées et découpées de la plante, on obtient alors une fibre naturelle que l’on peut étiqueter « fibres de bambou ». Ce cas est relativement rare et il n’y a en fait que très peu de fibres de bambou sur le marché.
– Soit les fibres de bambou sont fabriquées à partir de la cellulose régénérée du bambou et transformées par les procédés « viscose » ou « lyocell », on obtient alors une fibre artificielle que l’on doit étiqueter comme tel. Il s’agit du cas de loin le plus fréquent.
Illustration bannière : une Coréenne dans une forêt de bambous – © Savvapanf