Avion : Les jeunes volent plus que jamais, malgré la crise climatique

Les jeunes détestent-ils vraiment autant l’avion que ce que l’on croit ? Les chiffres montrent que non…

Rédigé par , le 11 Jun 2025, à 9 h 38 min
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Ils se disent inquiets pour le climat, critiquent les émissions de CO₂… et volent plus que jamais. En 2024, près d’un passager aérien sur deux en France a moins de 35 ans. Que s’est-il passé ? Une génération pourtant sensibilisée au dérèglement climatique s’arrache les billets d’avion low cost. Volonté d’ouverture, liens familiaux, arbitrages économiques : le décalage entre discours et pratiques est aussi net qu’inconfortable.

À l’occasion d’une conférence de presse le 10 juin 2025, la FNAM (Fédération nationale de l’aviation et de ses métiers) et l’UAF (Union des aéroports français) ont révélé les résultats d’une vaste enquête sur l’usage de l’avion en France, croisant les données de la DGAC, de l’enquête ENPA et d’un sondage IFOP auprès de 3 995 Français. Un éclairage cru sur un secteur sous tension, et sur les ambivalences profondes qui traversent les citoyens, notamment les plus jeunes.

Avion : les jeunes aux commandes… malgré eux ?

Ils dénoncent les avions, signent des pétitions, promeuvent les alternatives douces. Et pourtant : en 2024, les moins de 35 ans représentent 46 % des passagers aériens français, contre 37 % en 2016. Une envolée spectaculaire de +9 points. Mieux (ou pire) : sur les vols pour rejoindre amis et famille, dits VFR (visiting friends and relatives), cette tranche d’âge pèse 48 % du trafic. Autrement dit, cette jeunesse si critique de l’empreinte carbone de l’aviationvole plus que toutes les autres catégories.

Ce paradoxe est renforcé par la sociologie du déplacement : près de la moitié des jeunes interrogés affirment que les discours publics sur l’impact environnemental influencent leur intention de voyager. Mais cette intention ne se traduit que marginalement dans les faits.

L’urgence climatique, oui… mais après la promo Ryanair

Cette contradiction entre conscience écologique et comportement est nourrie par un argument implacable : le prix. L’avion est devenu un objet de consommation contraint, codifié, millimétré. Selon le sondage IFOP, 83 % des Français estiment qu’un billet représente un effort financier, et 80 % affirment avoir recours à au moins une stratégie d’optimisation (promotions, anticipation, renoncements).

Pour les jeunes, souvent en début de carrière ou en situation précaire, ces arbitrages prennent une dimension centrale. Quitte à voler plus, mais « mieux » ? Pas vraiment. Les intentions sont là : 79 % des jeunes interrogés souhaitent limiter leurs vols aux longues distances, 75 % choisiraient des compagnies réputées plus vertueuses… mais seuls 32 % reconnaissent avoir modifié leur comportement réel.

Avion et écologie : une fracture générationnelle déguisée

Les jeunes ne sont pas les seuls à entretenir une relation ambivalente avec l’avion. Mais chez eux, cette dissonance cognitive est flagrante. Contrairement aux clichés, le regard social n’est pas si accusateur : 65 % des Français estiment que prendre l’avion n’est ni bien ni mal vu. Et seuls 20 % affirment avoir déjà été jugés pour l’avoir pris.

Si l’éco-anxiété s’exprime souvent chez les moins de 35 ans, elle se heurte à d’autres impératifs : rejoindre des proches éloignés, vivre des expériences internationales, trouver un emploi à l’autre bout de la France. L’avion devient un révélateur des tensions internes entre idéaux et réalités.

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