Quelles compagnies aériennes polluent le moins ?

Alors que la crise climatique s’emballe, une nouvelle étude montre que les compagnies aériennes boudent les avions les plus efficaces qui pourraient leur permettre de réduire leurs émissions de dioxyde de carbone. Et leur classement n’est pas folichon…

Rédigé par Séverine Bascot, le 8 Dec 2018, à 13 h 30 min
Quelles compagnies aériennes polluent le moins ?
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Vous pouviez déjà calculer les émissions de CO2 de vos vols, vous allez désormais pouvoir choisir les compagnies aériennes les moins polluantes. L’ONG allemande Atmosfair a en effet déterminé un classement de ces dernières selon leurs émissions de CO2. On découvre ainsi qu’Air France aurait bien des progrès à faire…

Atmosfair Airline Index (AAI) 2018 – Les compagnies aériennes classées selon les émissions de CO2

Airbus A350-900 et A320 Neo, Boeing 787-9 … Il existe bel et bien des avions moins polluants, mais selon le dernier rapport d’Atmosfair Airline Index (AAI), une ONG allemande, aucune compagnie aérienne ne s’est suffisamment équipée de ces nouveaux modèles plus performants pour vraiment faire la différence(1). Pire, aucune n’atteint les plus niveaux d’efficacité énergétique (catégorie A sur l’étiquette) !

compagnies aériennes

© Andrzej Puchta

Les 125 plus grosses compagnies aériennes ont ainsi été classées, recevant 3 notes d’efficacité comprises entre 0 et 100 points, différenciées selon la distance de vol (court, moyen, ou long courrier).

  • La première place de cet Index est occupée par une compagnie charter : la Britannique TUI Airways.
  • La seconde place est tenue par la compagnie aérienne brésilienne LATAM Airlines Brasil.
  • Ce podium est complété par la compagnie régionale chinoise China West Air.

Air France arrive seulement en 73e position (classe énergétique D) et British Airways en 74e position, alors que KLM et Iberia occupent respectivement la 17e et 34e position du classement (classe énergétique C).

Classement des compagnies aériennes : pas de A à l’horizon !

Dans l’indice annuel des compagnies aériennes Atmosfair pour 2018, publié samedi 7 décembre, aucune compagnie aérienne n’a reçu un A pour avoir atteint les plus hauts niveaux d’efficacité énergétique, et seules deux compagnies ont été classées dans la classe d’efficacité B (TUI Airways et LATAM Airlines Brasil donc).

Selon le rapport, les émissions de dioxyde de carbone des compagnies aériennes ont augmenté d’environ 5 % l’année dernière, tandis que le nombre de kilomètres parcourus a augmenté de 6 %. Ceci montre qu’il reste encore beaucoup à faire pour que l’aviation arrête de prélever une quantité non durable de ce qui reste du budget carbone de la planète (s’il en reste ce qui est loin d’être sûr).

Thai Airways (67 points d’efficacité sur 100, classe d’efficacité C), Finnair (64 points, classe D), American Airlines (59 points, classe D) et All Nippon Airlines (58 points, classe D) font partie des rares compagnies aériennes de tailles et de continent d’origine variables à maintenir leurs émissions de CO2 constantes.

« Ces résultats montrent que les améliorations de l’efficacité de la grande majorité des compagnies aériennes dans le monde ne sont pas suffisantes, ni pour l’objectif de 1,5 degré ni pour l’objectif de 2 degrés de l’Accord de Paris », a déclaré Dietrich Brockhagen, DG d’Atmosfair.

Comment calculer les émissions de CO2 de ses vols

Calculs des émissions : les compagnies charters favorisées ?

L’index est basé sur les émissions de CO2 d’une compagnie aérienne par kilomètre et par passager sur des trajets donnés. Le calcul de ces émissions prend en compte la modernité des avions, la motorisation, l’entretien ainsi que leur taux d’occupation.

compagnies aériennes

© Matej Kastelic

Ce dernier critère favorise ainsi les compagnies aériennes avec des avions de grande capacité et / ou « remplis à ras bord » que sont les charters. En classe B, on trouve donc TUI Airways (Royaume-Uni), en classe C TUIfly (Royaume-Uni), Transavia.com (France), SunExpress (Turquie), Thomas Cook Airlines (Royaume-Uni), Condor Flugdienst (Allemagne), Jet2.com (Royaume-Uni), Air Transat (Canada) et en classe D, Corsair (France).

Les transporteurs Low-cost quant à eux entrent dans une classe distincte, pour la bonne raison qu’ils bénéficient très souvent de subventions leur permettant d’offrir des billets à des tarifs artificiellement très bas : ce sont des kilomètres de vols et des émissions qui n’auraient jamais été produites sans ces aides… Or seuls 9 transporteurs à bas prix se retrouvent dans la classe B (IndiGo Air, Indonesia AirAsia, Lion Air, Norwegian, Ryanair, Scoot, SpiceJet, Spring Airlines, Transavia.com) et la majorité se répartit entre les classes d’efficacité C (Aer Lingus, Air Arabia, AirAsia, China United Airlines, Citilink Indonesia, Easyjet, Eurowings, Frontier Airlines, germanwings, Go Air, Jeju Airlines, Jetstar Airways, Lucky Air, Nok Air, Pegasus Airlines, Southwest Airlines, Spirit Airlines, Thai AirAsia, Tigerair Taiwan, VietJet Air, Volaris, Vueling, Wizz Air) et D (Airasia X, Allegiant Air, Azul Airlines, Cebu Pacific Air, Flydubai, JetBlue Airways, Virgin America, Westje)…

Les biocarburants font actuellement l’objet d’essais comme alternative aux carburants fossiles pour l’aviation, mais ceux-ci comportent leurs propres difficultés, notamment la menace de déforestation. Virgin a récemment utilisé des déchets recyclés pour alimenter un vol, une alternative potentiellement plus respectueuse de l’environnement.

En conclusion

Selon les résultats du nouvel Atmosfair Airline Index (AAI) 2018, présenté hier :

  • Une compagnie aérienne sur dix dans le monde parvient à maintenir ses émissions de CO2 à peu près constantes, malgré la croissance économique.
  • En augmentant l’efficacité du CO2, ces compagnies aériennes ont presque compensé leur croissance en kilomètres parcourus. Il s’agit d’un premier pas vers la réalisation des objectifs de l’Accord de Paris sur le climat, appelant à des réductions rapides et profondes du CO2 dans le monde entier.
  • Cependant, l’efficacité carbone absolue de ces compagnies aériennes n’est que moyenne, ce qui montre que l’industrie a du mal à améliorer son efficacité de manière constante.

Mais retenez que moins vous avez de place pour les jambes, moins votre avion polluerait… Il faut souffrir pour être se déplacer écolo, ou mieux… renoncer à prendre l’avion !

Article mis à jour et republié
Illustration bannière : Avion en phase de décollage – © muratart
Références :
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1 commentaire Donnez votre avis
  1. Selon des analystes américains; il faudrait que les compagnies aeriennes européennes depensent environ 14 milliards € dans le cadre de l’application des directives européennes concernant les quotas de CO2. Les grandes compagnies comme Luft ou Air France vont avoir du mal…

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